Les fonds spéculatifs dans la tourmente

Par La rédaction | 14 juillet 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Performances médiocres, environnement volatil, pressions pour une baisse des frais… L’industrie des fonds d‘investissement spéculatifs vit une période difficile, rapporte Le Temps.

Par exemple, des gestionnaires renommés, comme David Einhorn, de Greenlight Capital, ont connu une année 2015 « catastrophique » avec des pertes de 20 %, tandis que Bill Ackmann, le patron de Pershing Square, a perdu « des milliards de dollars » en une seule opération avec Valeant Pharmaceuticals.

Au total, quelque 300 hedge funds ont ainsi disparu durant le seul premier trimestre 2016.

« LE DÉBUT D’UN GRAND NETTOYAGE »

Autant de mauvaises nouvelles qui viennent s’ajouter à « des chiffres inquiétants pour la gestion alternative », juge le quotidien suisse. Selon un rapport de la firme Hedge Fund Research, le premier trimestre de cette année a été « le pire que l’industrie ait connu depuis 2009, avec des sorties nettes de fonds de 15,1 milliards de dollars », ajoute-t-il.

« Pour la première fois depuis la fin de la crise financière, davantage de hedge funds ont disparu en 2015 qu’il n’en a été créé », souligne Le Temps. L’agence Bloomberg évoque « la fin de la fanfaronnade » pour les patrons de fonds spéculatifs, tandis que le Financial Times appelle à un renouveau de l’industrie.

Enfin, Le Temps cite David Loeb, « patron charismatique de Third Point », qui considère qu’il ne s’agit là que « des prémisses d’un grand nettoyage », ainsi que « l’emblématique investisseur Warren Buffet, qui conseille à ses pairs de garder leur argent bien loin des hedge funds ».

TROP LIÉS AUX INDICES BOURSIERS

Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond au royaume de l’alternatif, à commencer par certaines stratégies de placement qui, trop liées aux indices boursiers, ont souffert ces derniers mois au même titre que les marchés financiers, indique le journal.

Si l’on en croit Michel Dominicé, l’un des problèmes vient du fait que ces stratégies ont pris trop d’importance au fil des ans. « Les gérants ont trop souvent oublié la philosophie de base des hedge funds qui consiste à prendre d’autres risques que ceux des indices boursiers », juge le fondateur de la société genevoise de gestion alternative Dominicé & Co.

Dès lors, celui-ci ne voit rien d’étonnant à ce que ces approches, qui ont capté énormément de fonds ces dernières années, entraînent aujourd’hui des sorties tout aussi importantes.

« LES FONDS SOUFFRENT DES CONDITIONS ACTUELLES »

Selon le banquier suisse, d’autres stratégies davantage en lien avec la philosophie originale des hedge funds (qui consiste à générer de l’alpha en tout temps) ont affiché dernièrement de meilleures performances.

« À commencer par celles qui ont pour objectif de profiter de la volatilité des marchés ou qui ne sont que très faiblement exposées à la direction des indices boursiers », souligne Le Temps.

Directeur des investissements alternatifs à UBP, Yves Guntern confirme qu’un nombre croissant d’investisseurs s’intéressent à ce type de stratégies déconnectées des marchés. « Nous l’observons depuis une année, depuis que les indices actions ont cessé leur progression en ligne droite qui prévalait depuis la fin de la crise financière. »

Malgré tout, mieux vaut rester prudent, avertit Michel Dominicé, qui rappelle qu’à l’instar du reste de l’industrie de placement, « la gestion alternative souffre des conditions actuelles, que ce soit les marchés difficiles, les taux d’intérêt au plancher ou les coûts opérationnels qui n’ont cessé d’augmenter ».

PRÈS DE 8 500 FONDS DANS LE MONDE

Autant d’éléments qui expliquent pourquoi de plus en plus de gestionnaires de hedge funds se retrouvent sur la sellette par rapport à leur rémunération. « Car si les performances ne sont pas toujours au rendez-vous, les frais pratiqués par le monde de l’alternatif, eux, restent toujours élevés », relève Le Temps.

Yves Guntern juge pourtant que la situation actuelle, notamment la disparition de plusieurs fonds, est plutôt favorable aux investisseurs, puisque cela « fait office de sélection naturelle ». Et puis, comme le rappelle le quotidien suisse, « à l’échelle de la planète, il reste toujours quelque 8 430 hedge funds pour une masse sous gestion avoisinant les 3 000 milliards de dollars ». Soit trois fois plus qu’en 2007…

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