Les incendies de Fort McMurray pourraient freiner la reprise

Par La rédaction | 6 mai 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Les flammes ont forcé près de 100 000 habitants à fuir la ville pétrolière de Fort McMurray, au nord de l’Alberta. Quatre sociétés exploitant des sables bitumineux ont indiqué que leur production est affectée. Une situation qui pourrait bien freiner la reprise économique au pays.

Le cours du brut a ouvert en forte hausse hier à la Bourse de New York, porté par les craintes liées aux feux de forêt dans la province pétrolifère de l’Alberta, indique l’Agence France-Presse.

« Une production de quelque 800 000 barils par jour pourrait être perturbée» par les incendies qui ont ravagé la ville de Fort McMurray et menaçaient aussi deux autres localités en Alberta, explique Oliver Sloup, de iiTrader.com.

Shell Canada, qui peut exploiter jusqu’à 250 000 barils de brut par jour, a notamment interrompu mercredi toutes ses activités sur son site d’Albian Sands, à environ 70 km au nord de Fort McMurray, relate Radio-Canada. La pétrolière voulait d’abord se concentrer sur l’évacuation de ses employés et de leur famille, mais souhaitait aussi libérer des chambres dans son camp industriel, qui peut accueillir 2000 travailleurs, indique son porte-parole Cameron Yost.

PLUS COÛTEUX QUE LA CRISE DU VERGLAS

Les sables bitumineux du Canada représentent la troisième réserve de brut du monde, avec 166 milliards de barils d’« huile récupérable », sur 142 000 kilomètres carrés. Au plus fort du boom pétrolier, 120 000 personnes habitaient Fort McMurray. Un tiers d’entre elles sont parties après que l’effondrement des cours du pétrole eut conduit à la fermeture de plusieurs sites d’extraction. Toute l’économie de l’Alberta, qui était déjà en récession avec un chômage de 7 %, devrait ressentir les effets de cette nouvelle épreuve durablement. Or, depuis que le prix du brut a entamé sa chute en 2014, la province a déjà perdu 40 000 emplois.

Certains analystes estiment même que toute l’économie du Canada devrait pâtir de cette catastrophe, qui pourrait bien par ailleurs devenir, selon le Bureau canadien de l’assurance, la catastrophe naturelle la plus coûteuse de son histoire pour les assureurs, devançant la crise du verglas survenue au Québec en 1998.

En entrevue sur les ondes du diffuseur public, le syndicaliste Ken Pereira a dit craindre que certains travailleurs en provenance des autres provinces se retrouvent dans la rue.

« Comme la baisse du prix du pétrole a eu un impact sur toute l’économie canadienne, les analystes se demandent maintenant si cette catastrophe en Alberta ne va pas freiner la reprise économique au pays », avance-t-il.

Quant au politologue de l’Université de l’Alberta Frédéric Boily, il estime que la reconstruction risque d’être difficile et que Fort McMurray aura de la difficulté à trouver des gens qui voudront s’y installer.

BAISSE DES TITRES

Même si l’incendie est maîtrisé rapidement, les dommages aux maisons, aux routes et aux autres infrastructures pourraient tout de même ralentir le rythme de production des pétrolières pendant un certain temps, peut-on lire dans La Presse.

L’Alberta produisait jusque-là trois millions de barils de pétrole par jour. Si la production canadienne diminue de façon importante, le prix du brut pourrait augmenter sur le marché mondial. Mais comme l’offre de pétrole est actuellement supérieure à la demande, cette hausse risque d’être limitée.

Les actions des entreprises actives dans l’industrie canadienne des sables bitumineux accusent en tout cas le coup. Suncor, le principal producteur de ce type de pétrole, a vu son titre baisser de 2,2 % mercredi, à 34,18 $. L’action de Suncor avait par ailleurs déjà atteint un creux annuel plus tôt en 2016 en raison de la faiblesse chronique des prix du pétrole.

Le gouvernement de Justin Trudeau vient d’annoncer que le gouvernement fédéral donnera une somme équivalente aux dons faits par les Canadiens à la Croix-Rouge pour aider les évacués de Fort McMurray. L’organisme dit avoir déjà reçu plusieurs millions de dollars en promesses de dons. Les grandes banques et compagnies d’assurance canadiennes ont d’ailleurs offert des sommes allant de 75 000 à 150 000 dollars chacune.

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