Les « prêts rapides » explosent au Québec

Par La rédaction | 10 octobre 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Le nombre de courtiers prêtant de l’argent en moins de 24 heures a « explosé au Québec depuis cinq ans ».

Faute de « réglementation trop contraignante », ceux-ci proposent du crédit à des taux annuels dépassant parfois les 300 %, affirme le Journal de Québec dans son édition de dimanche, qui ajoute que « certains garantissent même une réponse en moins de 30 minutes ».

Le journal relève aussi qu’« une simple visite sur le Web permet de constater que l’industrie du crédit personnel est en plein essor au Québec, alors que plus du tiers des Québécois vivent d’une paye à l’autre ». Résultat : la province compterait aujourd’hui « plus de 185 prêteurs d’argent », soit une hausse de près de 50 % en cinq ans.

350 $ DE FRAIS POUR UN PRÊT DE… 750 $

Le problème, souligne le JdeQ, c’est que, dans leurs annonces pour appâter les clients, ces sociétés « oublient » de leur donner certaines informations, comme les frais de courtage qu’elles perçoivent, qui peuvent atteindre jusqu’à 350 dollars pour un prêt de… 750 dollars! Incroyable quand on sait que « le taux d’intérêt acceptable limite pour un prêt personnel au Québec est de 35% », tandis que le taux « jugé usuraire » y est de 60 %, poursuit le quotidien.

« C’est incroyable de voir le nombre de gens qui se font avoir avec ce type de prêts. Avant, on n’en voyait jamais. Mais là, au moins 10 % des cas de faillite que l’on traite en contiennent. C’est beaucoup trop », s’indigne Pierre Fortin, président du bureau de syndic Jean Fortin et Associés, dans les colonnes du Journal.

Ce dernier rappelle qu’au Québec, les permis de prêteurs d’argent sont délivrés par l’Office de la protection du consommateur (OPC), également chargé d’encadrer cette lucrative industrie. Aussi interrogé par le quotidien, son porte-parole se défend de rester les bras croisés. « Depuis l’automne 2015, l’Office a procédé à des vérifications auprès de 75 détenteurs de permis et 22 avis d’infraction ont été émis », soutient Charles Tanguay.

UNE NOUVELLE LOI POUR ENCADRER LE SECTEUR?

« Ni l’Autorité des marchés financiers ni le Bureau du surintendant des institutions financières n’ont le mandat de faire respecter les lois et de surveiller la pratique de prêts d’argent », s’étonne le JdeQ, qui note que l’Union des consommateurs (UC) « soupçonne que de nombreux prêteurs n’ont pas leur permis de l’OPC pour opérer au Québec ». « Il est très difficile de savoir qui a son permis et qui ne l’a pas. C’est très inquiétant. Il y a un changement de clientèle. On voit des gens avec des emplois et de très bons revenus avoir maintenant recours à ces types de prêts pour arriver à la fin de chaque mois », explique au Journal l’analyste Yannick Labelle, de l’UC.

Plusieurs entreprises présentes sur le Web offrent des prêts rapides en moins de 24 heures, et leurs montants varient le plus souvent entre 500 et 1 250 dollars sans enquête de crédit, détaille le quotidien. Pour y avoir accès, il suffit de fournir « son numéro d’assurance sociale, des talons de chèque et un numéro de compte bancaire », ajoute-t-il. Quant aux délais de remboursement, ils sont très courts, « souvent entre deux et quatre mois ».

Pour mettre de l’ordre dans ce secteur, le gouvernement québécois a cependant déposé son projet de loi 134 au printemps dernier, note le JdeQ, qui précise que s’il est adopté, les prêteurs devront observer des « règles plus strictes », notamment mener une enquête de crédit sur leurs clients et accorder des prêts qui respectent leur ratio d’endettement. De plus, le consommateur « pourra faire annuler son contrat si le prêt émis dépasse sa capacité de payer » et le prêteur « ne pourra plus facturer des frais de courtage (honoraires) en dehors des frais courants d’intérêt sur un prêt ».

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