L’OCDE s’alarme de la hausse des inégalités

Par Rémi Maillard | 28 mai 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Les inégalités de revenu ont atteint des niveaux record dans la plupart des pays industrialisés et sont à des niveaux plus élevés encore dans de nombreuses économies émergentes, selon le dernier rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Intitulé In it together: Why Less Inequality Benefits Alls (Tous concernés : pourquoi moins d’inégalité profite à tous), ce document de plus de 300 pages montre que les écarts de revenus et de richesses se sont creusés depuis le milieu des années 1980 dans les pays développés.

« Point critique »

Résultat, les 10 % les plus riches gagnent aujourd’hui près de 10 fois plus que les 10 % les plus pauvres. Dans les années 1980, ce rapport n’était « que » de un à sept, puis il est passé de un à huit dans les années 1990, et enfin de un à neuf dans les années 2000.

« Les inégalités dans les pays de l’OCDE n’ont jamais été aussi élevées depuis que nous les mesurons. Nous avons atteint un point critique », a déclaré la semaine dernière le secrétaire général de l’institution, Angel Gurría, lors d’une conférence de presse tenue à Paris.

Selon le rapport, les inégalités ne nuisent pas seulement à la cohésion sociale et politique, mais sont également dommageables en termes de croissance. Ainsi, leur explosion entre 1985 et 2005 aurait coûté en moyenne près de 4,7 points de croissance cumulée dans les pays développés pour la période 1990-2010.

Concentration du patrimoine

Par ailleurs, le rapport constate que le phénomène de concentration est plus marqué encore en matière de patrimoine, « ce qui ne fait qu’accentuer la situation globale de désavantage des ménages à faible revenu ».

« À mesure que les inégalités augmentent, les familles des catégories socio-économiques inférieures connaissent une baisse significative du niveau d’éducation et de compétences, ce qui implique un gaspillage important de potentiel et une moindre mobilité sociale », note le rapport.

En fin de compte, observe l’OCDE, les 10 % les mieux nantis concentrent la moitié du patrimoine total des ménages (les 1 % les plus riches en possédant 18 % à eux seuls), tandis que les 40 % les plus pauvres doivent se contenter de 3 % des richesses.

Plus d’inégalités aux États-Unis

Les pays membres de l’Organisation dans lesquels les inégalités sont le plus marquées sont le Chili, le Mexique, la Turquie, les États-Unis et Israël. Au contraire, ceux où elles sont les moins importantes sont le Danemark, la Slovénie, la République tchèque et la Norvège.

Enfin, les écarts de richesse sont plus importants encore dans les grandes économies émergentes, même s’ils se sont un peu réduits dans certains pays, notamment au Brésil.

Comment réduire le fossé?

Pour réduire le fossé entre les plus riches et les autres, l’OCDE préconise que les responsables politiques nationaux agissent dans quatre directions :

  • promouvoir l’égalité hommes-femmes sur le marché du travail;
  • élargir l’accès à de meilleurs emplois;
  • développer l’éducation et les compétences des jeunes;
  • instaurer une politique de redistribution efficace afin que « les individus les plus riches et les entreprises multinationales paient leur part du fardeau fiscal ».

« L’action politique devrait être motivée tant pour des raisons économiques que pour des raisons sociales. En ne s’attaquant pas au problème des inégalités, les gouvernements affaiblissent le tissu social dans leur pays et compromettent leur croissance économique à long terme », conclut Angel Gurría.

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Rémi Maillard

Journaliste multimédia. Santé, environnement, société, finances personnelles. Également intéressé par les affaires publiques, les relations internationales, la culture… Passionné de cyclisme.