Perturbations en vue dans l’assurance vie

Par La rédaction | 29 mai 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Romolo Tavani / 123RF

La révolution numérique et les pressions réglementaires forceront les compagnies d’assurance vie à se renouveler en 2017, selon le plus récent rapport de la firme EY. Le tout dans un contexte économique fort incertain, où la faiblesse des rendements obligataires continue de compliquer la gestion des assureurs.

Le rapport d’EY évalue l’incidence de certains facteurs externes sur le marché canadien de l’assurance vie en 2017. Sur une note maximale de dix, la réglementation et les technologies obtiennent toutes deux une note de… neuf. Pas difficile d’identifier ce qui causera des maux de tête aux dirigeants des firmes d’assurance vie cette année!

LE FAMEUX POIDS RÉGLEMENTAIRE

Côté réglementation, les assureurs devront s’adapter aux nouvelles normes de solvabilité qui entrent en vigueur au premier trimestre 2018. Dès le 1er janvier 2018, le Test de suffisance du capital des sociétés d’assurance vie du Bureau du surintendant des institutions financières du Canada remplacera la ligne directrice sur le Montant minimal permanent requis pour le capital et l’excédent (MMPRCE). Cette ligne directrice était en vigueur depuis 25 ans. Il ne s’agit pas d’un simple changement au ratio de capital. Ce dernier sera désormais aussi plus sensible à l’évolution de l’environnement commercial et de la conjoncture économique.

Les risques opérationnels et les cyberrisques sont aussi dans la ligne de mire des autorités de réglementation, qui exigent des politiques de plus en plus complètes de la part des assureurs pour identifier, évaluer et gérer ces menaces.

LE VIRAGE NUMÉRIQUE

Quant aux nouvelles technologies, elles posent autant de défis qu’elles offrent d’occasions en matière de gestion et de services. L’intelligence artificielle, la blockchain et l’analytique comportementale devront être maîtrisées de plus en plus pour réduire les coûts, transformer les produits et le service à la clientèle et créer de nouveaux modèles d’affaires.

C’est notamment le cas du côté de l’AssurTech (le volet assurance de la fintech). Les stratégies divergeront, certains préférant investir pour développer leurs propres innovations et d’autres procédant par acquisitions et partenariats. Mais personne ne pourra faire l’économie d’un effort de ce côté. Selon EY, la menace concurrentielle ne viendra pas d’entreprises d’AssurTech en démarrage, mais plutôt de sociétés bien établies qui seront les premières à faire incursion dans ce domaine. Allier la flexibilité et l’innovation des jeunes pousses en AssurTech à la solidité des grands entreprises établies pourrait se révéler une bonne stratégie selon la firme, notamment du côté des processus de conformité.

L’utilisation des données sera cruciale. Les grandes entreprises comme les assureurs sont devenues maîtres dans l’art de recueillir quantité de données, mais elles peinent encore trop souvent à les organiser de manière à les rendre cohérentes, compréhensibles et utiles pour analyser les besoins de la clientèle.

UN VOISIN TURBULENT

L’économie mondiale et la main-d’œuvre recèlent aussi leur lot de perturbations, quoique dans une moindre mesure par rapport à la réglementation et aux nouvelles technologies. Les assureurs seront touchés par le grand nombre de départs à la retraite de leurs employés au cours des prochaines années. Mais il y a là l’occasion de repenser l’organisation du travail pour répondre aux besoins engendrés par l’accélération du passage au numérique.

La robotique et l’intelligence artificielle accompliront une partie des tâches autrefois réalisées par des employés, notamment du côté des processus d’affaires et des opérations post-marchés, de plus en plus automatisés. Mais certaines tâches stratégiques, analytiques ou fondées sur des relations interpersonnelles resteront l’apanage des humains. EY prévoit une augmentation de l’embauche de spécialistes du numérique, notamment du côté de la cybersécurité, des médias sociaux et de la blockchain, ainsi que de responsables du marketing et du service à la clientèle en ligne.

Par ailleurs, la croissance sur les marchés émergents a faibli et la volatilité mondiale s’est accrue. L’économie canadienne reste aussi tributaire de l’état de santé de l’économie américaine et des décisions politiques de l’imprévisible président Donald Trump.

Le Swiss Re Institute prévoit en 2017 une augmentation de 3,8 % des produits tirés des primes d’assurance vie en vigueur au Canada, une légère hausse par rapport aux deux années précédentes. Mais les assureurs restent aux prises avec leur principal problème depuis des années : la faiblesse des rendements obligataires, une tendance qui devrait encore se maintenir un certain temps.

La rédaction