Placements : à quoi faut-il s’attendre en 2017?

Par La rédaction | 31 janvier 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Que réserve la nouvelle année en matière de placements? La volatilité des marchés, les politiques fiscales annoncées par Donald Trump, le Brexit, les fluctuations en Chine… Plusieurs variables devront être surveillées en 2017.

Pour en savoir davantage, Conseiller a posé cinq questions à Alain Bergeron, vice-président principal, gestionnaire de portefeuille à Placements Mackenzie.

Également chef de l’équipe de répartition de l’actif et des stratégies spéciales de la firme, celui-ci évolue dans le domaine des placements depuis 2000. Titulaire d’un BAA en finance et méthodes quantitatives de gestion et d’une maîtrise en ingénierie financière obtenus à HEC Montréal, il possède en outre les titres d’analyste financier agréé (CFA) et de spécialiste agréé en analyse technique (CMT).

1) À quoi faut-il s’attendre cette année sur les marchés?

Les investisseurs devraient d’abord prendre conscience du fait que, globalement, les actions sont surévaluées et que les obligations le sont encore davantage. Donc, nous recommandons de surpondérer les premières par rapport aux secondes.

Les principaux facteurs d’incertitude cette année seront liés aux suites du Brexit, aux élections qui auront lieu dans certains pays européens, en particulier au printemps en France, à la situation en Chine et aux conséquences de la politique que mènera Donald Trump, notamment en termes de fiscalité, d’investissements, de déréglementation, d’immigration et de protectionnisme.
 En fonction de tous ces facteurs et de l’information dont nous disposons aujourd’hui, nous estimons que l’effet des politiques économiques de Donald Trump devrait augmenter la croissance du produit intérieur brut (PIB) aux États-Unis d’environ 0,5 % en 2017.

Cela dit, cet effet devrait s’estomper graduellement à partir de 2018 et 2019, et devenir neutre à long terme. Contrairement à ce qu’a annoncé le président Trump, les mesures qu’il compte prendre auront des conséquences contradictoires à long terme et n’auront probablement pas d’influence réelle sur le PIB américain. Tous ces éléments font que, d’une manière générale, nous privilégierons les actions au cours des 12 prochains mois. Nous constatons que l’environnement macroéconomique et le sentiment des investisseurs penchent en faveur des actions, même si ces dernières sont surévaluées, en particulier dans le cas des actions américaines.

2) Quelles sont les régions du monde qui se démarqueront?


Sur le plan des occasions à saisir, toutes en monnaies locales, les régions les plus prometteuses cette année sont le Royaume-Uni, le Canada, certains pays de l’Union européenne et les pays émergents. Selon notre analyse, ces marchés sont en effet les moins coûteux et ce sont eux qui apporteront le meilleur rendement à long terme. Ils devraient en tout cas être plus intéressants que les États-Unis. Par exemple, sur un horizon de sept à dix ans, nous nous attendons à ce que les actions canadiennes fournissent un rendement d’environ 8 %, comparativement à 3 % pour celles des États-Unis.

Toutefois, même si leur valorisation est intéressante, notre évaluation de l’économie et du sentiment des investisseurs nous suggère d’attendre avant de surpondérer ce marché. À court terme, nous privilégions le Canada, le Royaume-Uni et les marchés émergents, et nous recommandons aux investisseurs de prendre un peu moins d’actions en provenance des États-Unis et du Japon.

3) Que va-t-il se passer avec la Chine?

Il y a déjà plusieurs années que la Chine représente un facteur de risque et cela va continuer à être le cas pour plusieurs raisons, même si le gouvernement central dispose encore de pas mal de ressources financières pour contrôler les choses. La situation du pays était déjà précaire il y a quelques mois, mais avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche et la politique antichinoise qu’il semble avoir l’intention de mener, elle risque de devenir encore plus difficile. Cet élément-là pourrait jouer un rôle important cette année et les investisseurs ne devront pas l’oublier.

4) Quels produits les investisseurs devraient-ils privilégier?


Ils doivent prendre plus d’actions et moins d’obligations. En matière de monnaie, nous estimons qu’avec une valeur de 0,83 $US, le huard est sous-évalué par rapport au billet vert. Ceci étant dit, les forces macroéconomiques sont négatives par rapport à l’économie américaine. Étant donné que ces deux facteurs vont dans une direction opposée, nos portefeuilles se trouvent dans une position neutre en ce moment.

Nous croyons par ailleurs fortement aux vertus de la diversification. Lorsque nous suggérons aux investisseurs de se tourner davantage vers le Canada ou le Royaume-Uni, et moins vers les États-Unis, cela ne signifie pas pour autant qu’ils doivent oublier les actions américaines. Ils devraient quand même en garder afin de respecter le concept de portefeuille global diversifié, qui est optimal. Cependant, nous conseillons d’en enlever un peu aux États-Unis et d’en mettre un peu plus au Canada. Mais nous déconseillons fortement aux investisseurs de se retirer totalement des régions où la situation est actuellement moins favorable, car la diversification des portefeuilles demeure primordiale.

La même analyse vaut pour les obligations. Bien que nous ayons une vue négative sur les obligations à long terme, il faut éviter de s’en départir complètement. Aujourd’hui, les gens ont peur de ce qu’il pourrait arriver aux obligations en cas de remontée des taux. Mais même si cela se produit, pour que les investisseurs perdent leur mise, il faudrait que les taux augmentent plus vite que ce qui était escompté. Or, le marché anticipe déjà qu’ils vont monter. Et en cas de récession, les actifs qui se comporteront le mieux seront les obligations gouvernementales. Alors même si beaucoup redoutent une hausse des taux, il est bon de conserver des obligations, même si elles sont moins attrayantes qu’en temps normal. C’est un peu comme avoir une police d’assurance contre certains scénarios imprévisibles, cela peut aider à mieux absorber le choc.

5) Comment la Fed s’adaptera-t-elle à cette situation?


D’ici la fin de l’année, la Réserve fédérale remontera vraisemblablement ses taux à deux ou trois reprises. Et ces hausses devraient contribuer à ralentir en partie la croissance économique chez nos voisins du Sud. En fin de compte, ce resserrement des conditions financières devrait aller à contre-courant des politiques de stimulation fiscales prônées par Donald Trump en réduisant une partie de leurs effets.

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