Pour en finir avec les amalgames

21 juin 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : slasny / 123RF

Le récent billet du journaliste Daniel Germain a déchaîné la colère de conseillers, qui lui reprochent de généraliser de mauvaises pratiques à l’ensemble des conseillers en sécurité financière.

Dans une récente entrée de blogue, Daniel Germain, journaliste du journal Les Affaires, expose sa méfiance envers les conseillers en sécurité financière.

COMMISSIONS ET INTÉRÊT DES CONSOMMATEURS

« De toute la faune qui peuple l’industrie des services financiers, aucun animal ne m’incite plus à la méfiance que celui qui vend de l’assurance vie », affirme M. Germain, avant de préciser l’objet de son courroux : « l’air de rien, il est prompt à offrir des produits coûteux, parfois très compliqués, à l’utilité discutable, avec des arguments savants teintés de bienveillance. Il est malin celui-là ».

Et le chroniqueur précise que c’est la rémunération du conseiller en sécurité financière qui l’encourage à procéder de cette façon. « Les commissions sur les assurances vie permanentes sont à ce point importantes qu’elles relèguent en arrière-plan le meilleur intérêt des consommateurs, et ce, malgré l’obligation des représentants de procéder à une analyse des besoins des clients », assure Daniel Germain, qui poursuit en citant l’exemple de deux personnes qui se disent insatisfaites de leur assurance vie.

GÉNÉRALISATION ABUSIVE

En lisant le billet, le conseiller en sécurité financière François Faucher est tombé de sa chaise. Et il a répondu au chroniqueur en l’accusant de « donner une image négative » des conseillers en mettant au premier plan la malhonnêteté de certains. « Ce n’est pas parce que vous avez décrit oncle Tancrède que tous les conseillers sont malhonnêtes, écrit M. Faucher. Je suis fier de me faire dire que je suis un vendeur d’assurance, car j’ai remis à des veuves et veufs plusieurs milliers de dollars depuis 1996. J’ai fait la différence avec eux entre être obligé de vendre leur maison ou rester dedans. J’ai permis à une de mes clientes de finir ses études comme infirmière en 2007, car sa mère avait acheté un police d’assurance vie. »

Et le conseiller remet en question l’analyse du chroniqueur. « Je ne sais combien de rencontres avec des clients vous avez faites dans votre carrière et combien de chèques vous avez remis, mais moi, à tous les matins, je suis persuadé que je fais une différence », souligne le conseiller, avant de conclure. « J’espère que vous allez avoir l’honnêteté  de contacter des conseillers pour revoir votre position sur ma carrière et rectifier le tir au plus vite. Votre article va encore nous faire du tort et nous donner une image négative. »

Le planificateur financier Jean Dupriez demande lui aussi au chroniqueur de rédiger un nouveau texte pour corriger le tir.

« Il me semble que votre article ait été écrit sous le coup de l’émotion en prenant connaissance du cas que vous exposez dans votre chronique. Je comprends cela, car le cas que vous décrivez est, exprimé poliment, surprenant. Toutefois, la forme d’attaque, d’un pur style toréador, est vraiment inappropriée. Vous attaquez sans nuances la profession de conseiller alors que vous ne pensez peut-être qu’à celle de vendeur. Il eut mieux valu être plus précis, car le vendeur hypnotique que vous décrivez se raréfie, heureusement », écrit M. Dupriez dans une lettre à Daniel Germain.

ANALYSE SANS CONTEXTE

Interrogé par Conseiller, François Faucher explique qu’il reproche au billet de Daniel Germain de tirer une conclusion sans préciser le contexte financier des deux assurés, ni si les conseillers concernés étaient employés d’une institution financière ou d’un réseau de courtiers. « Pour Monsieur et Madame Tout-le-Monde, qui vont lire l’article, ça ne fait pas de différence : ils vont se dire que l’assurance vie, c’est de la vente à pression », regrette M. Faucher.

Ce billet contribue à entretenir des préjugés sur les conseillers, en se basant sur l’infime minorité de conseillers qui bâclent leur travail, croit François Faucher, qui trace un parallèle avec la publicité de Canac, qui tournait en dérision les conseillers.

Quant à la question des commissions, François Faucher regrette que la rémunération des conseillers ne soit pas relativisée. « J’ai étudié longtemps, et je n’arrête pas d’étudier chaque année, bien plus que les 60 heures de formation obligatoire aux deux ans, précise-t-il. Et cela peut prendre deux ans pour préparer un dossier, sans compter que ce n’est pas gratuit de maintenir un cabinet en services financiers. »

« AFFIRMATIONS GRATUITES »

Flavio Vani, le président de l’Association professionnelle des conseillers en services financiers (APCSF), se dit tout autant choqué que François Faucher par le billet de Daniel Germain. « Ce sont des affirmations gratuites. On ne peut pas mettre le mauvais travail de quelqu’un sur le dos de tous les conseillers, affirme M. Vani. Les conseillers en sécurité financière ne vendent pas de l’assurance pour la vendre! Sans l’assurance vie, nous n’aurions pas la société que nous avons aujourd’hui : nous apportons des solutions à des personnes qui en ont besoin. »

Le président de l’APCSF trace un parallèle entre le métier de conseiller et celui de journaliste. « C’est comme dire que tous les journalistes font des fake news, ce n’est pas vrai », argue-t-il.

Quant aux commissions importantes perçues par les conseillers en sécurité financière, Flavio Vani explique que le travail du conseiller ne se résume pas à la signature du contrat. « Il faut voir tout le travail investi par le conseiller en amont, précise M. Vani. Et une fois le contrat signé, on s’engage à donner le service durant toute la vie sur un contrat qui ne rapporte plus après cinq ans. »