QuadrigaCX aurait caché un stratagème à la Ponzi

Par La rédaction | 12 juin 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : jpgfactory / istockphoto

L’ancienne plateforme d’échange de cryptomonnaies QuadrigaCX était une arnaque, soutient la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario (CVMO) dans un rapport publié jeudi dernier.

Il n’est pas fréquent que la CVMO publie une analyse sur l’une de ses propres enquêtes, mais l’affaire QuadrigaCX n’a rien de banal. La Commission affirme qu’en temps normal, elle aurait entrepris une procédure disciplinaire contre Quadriga et son fondateur Gerald Cotten. 

Toutefois, M. Cotten est décédé et Quadriga a fait faillite. Ses actifs font l’objet d’une distribution supervisée par le tribunal. Devant cette situation unique, le personnel de la Commission a obtenu la permission de publier un document contenant de l’information qui, en d’autres circonstances, serait demeurée confidentielle. 

Rappelons que la plateforme QuadrigaCX permettait aux investisseurs d’acheter des cryptomonnaies en déposant des fonds dans un compte virtuel. Elle détenait donc à la fois de l’argent liquide et des monnaies électroniques appartenant à ses clients. 

Or, Gerald Cotten aurait placé les devises virtuelles dans un portefeuille chiffré et hors-ligne, en d’autres termes, dans un coffre-fort électronique dont il était le seul à détenir la combinaison. À la suite de son décès soudain en janvier 2019, personne ne pouvait plus accéder aux millions de dollars qui se trouvaient dans ce portefeuille. Les investisseurs ont donc perdu leurs actifs. Du moins, c’était la théorie de départ.

UNE BONNE VIEILLE FRAUDE

Mais voilà que la CVMO déclare qu’il est faux de dire que c’est la mort de M. Cotten qui a causé la disparition de ce colossal magot. En fait, une grande partie de cet argent aurait été perdu ou volé par M. Cotten lui-même avant son décès.

En février 2019, Quadriga devait 215 millions de dollars à plus de 76 000 clients, dont 40 % étaient Ontariens. Plusieurs Québécois figurent aussi parmi les victimes. La firme Ernst & Young a réussi à récupérer 46 millions de dollars, ce qui laissait un trou de 169 millions de dollars. 

L’enquête montrerait plusieurs comportements frauduleux de la part de M. Cotten, qui expliqueraient la disparition d’environ 115 millions de dollars. Il a ouvert des comptes sous différents noms et s’est crédité des soldes fictifs, avant d’échanger ces faux actifs avec d’autres clients de Quadriga.

Il a aussi souffert des aléas du marché. Lorsque le prix des cryptomonnaies a baissé, Quadriga n’avait plus les moyens de couvrir les retraits de ses clients. M. Cotten aurait comblé ce déficit en utilisant les dépôts d’autres clients, le cas classique d’un stratagème à la Ponzi. 

Le fondateur de la plateforme aurait aussi perdu 28 millions de dollars en échangeant les actifs de ses clients à leur insu sur trois Bourses de cryptomonnaie. Il se serait également approprié des millions de dollars pour soutenir son style de vie luxueux.

« Ce qui s’est produit à Quadriga est une bonne vieille fraude, enrobée dans une technologie moderne », conclut le rapport. La CVMO note que Quadriga ne considérait pas que ses activités s’inscrivaient dans le secteur des valeurs mobilières et ne s’était donc inscrite à aucun organisme d’encadrement. Cela aurait facilité l’arnaque, tout comme l’absence de contrôle interne dans la firme. 

La rédaction