Un Québécois sur deux a peur de devenir pauvre

Par La rédaction | 24 février 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Plus d’un Québécois sur deux (51 %) se dit stressé par sa situation financière, selon un sondage Léger publié hier par TVA Nouvelles et Le Journal de Montréal.

Après l’état de leurs finances, ce qui les préoccupe le plus est leur santé (34 %), la santé de leurs proches (28 %), le manque de temps (28 %), leur travail (27 %), leur « équilibre émotif » (22 %) et leurs relations personnelles (19 %).

« Les Québécois ont peur de devenir pauvres. Le Québec cassé, ça fait un Québec stressé », commente dans le JdeM Christian Bourque, vice-président exécutif chez Léger.

Cette enquête d’opinion montre par ailleurs qu’une nette majorité de Québécois (68 %) jugent l’époque actuelle plus stressante qu’il y a 20, 30 ou 40 ans, un taux qui atteint 72 % chez les moins de 45 ans. Signe que l’inquiétude des répondants est en grande partie liée à leur situation financière, les personnes à faible revenu sont davantage atteintes par ce phénomène.

« LES GENS MANGENT SUR LEUR CARTE DE CRÉDIT »

Interrogée par le JdeM, Carole Laberge, conseillère budgétaire à l’Association de coopérative d’économie familiale (ACEF) du Nord de Montréal, affirme que ces résultats ne l’étonnent pas : « Dans notre société, quand tu n’as pas d’argent, tu n’as pas de dignité, pas de vie. Avant, les gens utilisaient le crédit pour des grosses dépenses, comme une voiture ou des meubles. Maintenant, les gens mangent sur leur carte de crédit. C’est rendu là. »

« Nous vivons dans une société basée sur le marketing, ajoute le psychologue Camillo Zacchia. Ça crée un stress, ce n’est jamais assez, même chez les riches. Après la maison, c’est le chalet et ensuite le bateau. »

Résultat, le sondage montre également que 55 % des Québécois rêvent à la fois de changer de mode de vie et de travail. Curieusement, la grande majorité d’entre eux (90 %) se disent malgré tout heureux!

« Les gens sont stressés, mais ils ont l’impression qu’ils sont capables de bien vivre avec et de gérer leurs problèmes », souligne Christian Bourque.

« RIEN NE VAUT UN PLAN FINANCIER »

« Je suis un peu surpris, je m’attendais plutôt à ce que ce soit des problèmes de couples qui arrivent en premier, mais ça a du sens », commentait hier le conseiller en gestion de patrimoine Fabien Major sur les ondes du 98,5 FM.

Pourtant, il existe des moyens de réduire l’anxiété suscitée par l’état de ses finances.

« La solution numéro un, c’est de se préparer, en commençant par dresser la liste de ce qui nous stresse », explique-t-il.

Par ailleurs, trop de familles sont inquiètes parce qu’elles n’ont pas établi de budget, souligne Fabien Major, ce qui fait que « chaque fin de mois est une improvisation ». Sans parler des interrogations concernant le montant des retraites.

« Les trois quarts des Québécois n’ont pas de plan financier, déplore le conseiller. Or, rien ne peut remplacer un plan par écrit, qui doit notamment comprendre un inventaire de ce qu’on gagne et de ce qu’on doit. Ça prend juste un cahier qu’on peut trouver au coin de la rue! »

LA CLASSE MOYENNE EN PERTE DE VITESSE AU PAYS

Une étude de l’école de politique publique de l’Université de Calgary publiée il y a quelques jours va dans le même sens. On y découvre que les Canadiens sont de moins en moins nombreux à s’identifier à la classe moyenne et qu’ils estiment que leur situation économique est moins favorable que celle de leurs aînés.

Ainsi, près de la moitié des 25-44 ans interrogés affirment avoir enregistré une baisse de leurs revenus entre 2014 et 2015, tandis que 37 % de l’ensemble des sondés jugent que leur situation financière s’est dégradée au cours des cinq dernières années.

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