Une banque pour ceux qui n’ont pas d’argent

Par La rédaction | 1 mai 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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À Vancouver, il existe une institution financière sans pareil au pays : la banque « de ceux qui n’ont pas un sou », rapporte La Presse.

Nommée Pigeon Park Savings, du nom d’un petit square « où l’on retrouve un totem, quelques bancs publics et probablement plus de seringues que de pigeons », cette « banque des pauvres » dispose d’un vaste local dans le quartier plutôt mal famé du Downtown Eastside, indique le quotidien montréalais.

L’institution, où « les clients entrent et sortent à leur guise, avec leur chien ou leur chariot d’épicerie », offre des services financiers qui rejoignent les gens « là où ils sont, dans le respect, en reconnaissant qu’ils ne parviendront jamais à accumuler des actifs et qu’ils ne vont jamais emprunter d’argent », explique Catherine Ludgate, gestionnaire de microfinancement pour la coopérative Vancity, à l’origine de cette initiative.

UNE SOLUTION DE RECHANGE POUR 4 000 CLIENTS

En 2004, aucune banque ne desservait plus ce secteur défavorisé de Vancouver, ce qui a incité Vancity à mettre sur pied Pigeon Park Savings, en collaboration avec Portland Hotel Society Community Services, un organisme à but non lucratif très engagé, entre autres, dans le logement social.

Clin d’œil à l’histoire, cet établissement bancaire pas comme les autres s’est installé dans une ancienne succursale de la Banque Scotia occupée bien longtemps par… un prêteur sur gages. Avant sa création, les plus démunis étaient contraints d’encaisser leurs chèques d’aide sociale auprès du propriétaire de leur logement ou d’un commerce d’encaissement de chèques, ce qui leur occasionnait des frais importants, relève La Presse.

« Aujourd’hui, Pigeon Park Savings offre à ses quelque 4 000 clients une solution de rechange aux vautours de la détresse financière », souligne le journal, qui ajoute que « le jour des chèques du gouvernement, près d’un millier de personnes se ruent dans la succursale où s’affairent une dizaine de caissiers ». Celle-ci propose un compte bancaire moyennant des frais modiques ainsi qu’une carte de guichet automatique. Le service coûte cinq dollars par mois et permet d’effectuer un nombre illimité de transactions.

D’AUTRES INITIATIVES À MONTRÉAL ET EN FRANCE

Si Pigeon Park Savings n’a pas d’équivalent à Montréal, la Maison du Père a néanmoins conclu une entente avec Desjardins en 2009 pour permettre aux plus démunis d’encaisser leurs chèques sans se faire extorquer des frais exorbitants. Chaque premier du mois, deux employés du Mouvement et un agent de sécurité s’installent ainsi dans un local du refuge pour sans-abri et servent environ 230 personnes. « La plupart n’ont pas de compte de banque et autrement, ils devraient encaisser leur chèque à la taverne ou dans un commerce d’encaissement qui garde de 10 % à 20 % de leur aide sociale », dénonce la porte-parole de la Maison du Père, Manon Dubois, en entrevue avec La Presse.

Tenter de rejoindre la clientèle boudée par les institutions financières traditionnelles n’est cependant pas une tendance propre au Canada. En France, par exemple, le Compte-Nickel, ou «compte sans banque», a connu une grande popularité depuis sa création en février 2014. À tel point que 14 mois après son lancement, ce service, qui permet d’ouvrir un compte en quelques minutes dans un bureau de tabac, avait déjà plus de 100 000 adeptes.

Un succès dû au fait que ce compte un peu spécial, trois fois moins cher qu’une banque, permet à tout le monde, même aux exclus du système bancaire traditionnel, d’obtenir une carte de paiement et des relevés d’identité bancaire, souvent exigés pour effectuer certaines démarches.

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