Vers une nouvelle bulle spéculative techno?

Par La rédaction | 31 mai 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Rollercoaster coming off the highest point

Près de 20 ans ans après l’éclatement de la bulle des valeurs technologiques, un scénario identique pourrait-il se répéter?

C’est ce que se demande Le Devoir dans son édition de mardi. Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que la capitalisation boursière des Apple, Alphabet (Google), Amazon, Facebook et autres Microsoft donne le vertige, souligne le quotidien montréalais. Vendredi, le NASDAQ a établi un nouveau record historique à 6 205 points. Depuis le début de l’année, cet indice représentatif des valeurs de haute technologie a ainsi gagné 17 % et depuis l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, près de 20 %.

Dans une note adressée à leurs clients, Michael Hartnett et Jared Woodard, analystes à Bank of America Merrill Lynch, soulignent que l’indice de croissance MSCI USA, dominé par Apple, Amazon et Facebook, a enregistré une performance supérieure à celle de l’indice valeur MSCI Mondial.

JUSQU’OÙ IRA LA « TECHMANIA »?

Ils soulignent que « la surperformance des valeurs de croissance américaines par rapport aux valeurs cycliques a dépassé le niveau atteint lors de la bulle Internet de 2000 » et que «si les gains de 30 % des actions de Facebook et Alphabet cette année ont contribué à la poursuite de la “techmania”, 84 % des actions technologiques ont une performance positive», relève Le Devoir.

Selon ce dernier, on risque donc d’assister à « une canalisation des liquidités des investisseurs institutionnels vers les titres de haute technologie » et ce flot pourrait être, en 2017, « le plus important des 15 dernières années », ce qui permettrait alors à ce secteur de représenter « un quart de l’actif global sous gestion ».

Si l’on en croit Michael Hartnett et Jared Woodard, le marché montre « des signes naissants qui indiquent que nous sommes au tout début d’une surréaction », rapportent pour leur part Les Echos. Le premier exemple de ces « évaluations excessives » est le poids que représentent désormais les géants du Net, précise le journal économique français. D’après les analystes de Bank of America, la capitalisation de certains d’entre eux dépasse aujourd’hui le produit intérieur brut (PIB) de mégapoles telles que Chicago, Dallas ou Washington DC.

Ainsi, Apple affiche une capitalisation de plus de 800 G $US et celle d’Alphabet est supérieure à 675 G $US, soit un niveau proche du PIB de Los Angeles (832 G $US) et plus élevé que celui de la région métropolitaine de Chicago (581 G $US), détaille Le Devoir. De son côté, avec 540 G $US, la capitalisation de Microsoft dépasse le PIB de villes comme Dallas et Houston (479 G $US). Quant à Amazon, sa valorisation de 475 G $US est supérieure au PIB de la capitale américaine (450 G $US).

UNE CROISSANCE INSOUTENABLE

Dans sa note, Bank of America juge que le rythme de croissance actuel des valeurs technos n’est pas soutenable. Toutefois, Michael Hartnett et Jared Woodard se gardent de qualifier cette fièvre spéculative d’«irrationnelle», comme plusieurs observateurs l’avaient fait en 1999-2000 lors de l’éclatement de la précédente bulle techno. La raison? « Le ratio cours-bénéfice de l’indice sectoriel MSCI est à 18 fois, de loin sous les 50 fois observées avant l’éclatement de la bulle. Et les entreprises de ce secteur font des profits, puisque la croissance moyenne attendue de leurs bénéfices oscille entre 13 % et 16 % cette année, soit une progression supérieure à celle prévue pour le S&P 500 dans son ensemble », explique Le Devoir.

« Nous sommes dans les premières phases d’une surchauffe des marchés selon la valorisation, le mouvement des liquidités et le lien entre le marché des actions et celui des obligations. […] Plus les banques centrales tarderont à resserrer leurs conditions monétaires, plus le risque est grand qu’une frénésie spéculative secoue les titres technologiques », met néanmoins en garde Bank of America. De quoi inciter les investisseurs à la prudence, même si les analystes évitent pour l’heure de crier au loup, concluent Les Echos.

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