Investir dans le vice rapporte gros

Par La rédaction | 27 octobre 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Même si la « finance socialement responsable » a le vent en poupe ces dernières années, les placements « sales » continuent à être payants, rapporte Le Temps.

Ainsi, le « fonds du vice » (Vice Fund, en anglais) a enregistré une performance moyenne de 9,3 % par an depuis son lancement en 2002, comparativement à 8 % pour le S&P 500, son indice de référence.

La clé de son succès? Il investit uniquement dans des entreprises issues de l’industrie du tabac, de l’alcool, des jeux de hasard ou de l’armement.

TABAC, ALCOOL, ARMES ET CASINOS

Il y a une dizaine de jours, détaille le quotidien suisse, les trois principales positions du Vice Fund, basé au Texas, étaient par exemple liées à l’industrie du tabac, avec Reynolds American (6,6 %), Philip Morris International (6,3 %) et Altria Group (5,4 %).

De son côté, la société MGM Resorts International (5,3 %), qui exploite plusieurs hôtels casinos à Las Vegas, arrivait en quatrième position tandis que le constructeur d’armes américain General Dynamics (3,9 %) se trouvait à la septième place.

Au cours des derniers mois, les performances du fonds texan ont néanmoins légèrement fondu en raison, notamment, de la lutte anticorruption menée par les autorités chinoises, qui a nui au chiffre d’affaires des casinos à Macao.

« INVESTISSEMENTS SOCIALEMENT IRRESPONSABLES »

Par ailleurs, à la demande de ses distributeurs, le fonds a changé de nom il y a quelques mois pour être rebaptisé Barrier Fund afin de « faire moins peur aux investisseurs », selon son gestionnaire, Gerry Sullivan.

Reste que sa stratégie, que certains résument par « investir de manière socialement irresponsable », n’a pas changé, souligne Le Temps.

En effet, pourquoi changer une recette gagnante? note le journal, qui cite une étude publiée en février par la London Business School, en collaboration avec Credit Suisse.

Si l’on en croit ce document, qui compare sur une période de 14 ans les rendements du Vice Fund et ceux du Vanguard FTSE Social Index Fund, un fonds américain constitué de titres d’entreprises socialement responsables, le résultat est clair : pour 10 000 dollars investis dans le premier, les investisseurs ont reçu 23 655 dollars, alors que le second ne leur a rapporté que 16 788 dollars.

LES INDUSTRIES DANGEREUSES SURPERFORMENT

L’étude relève aussi que durant la première moitié du XXe siècle, alors que le tabac n’était pas encore considéré comme un produit nocif, les compagnies de ce secteur enregistraient des performances quelconques.

Mais à partir des années 1960, quand les effets négatifs de la fumée ont été prouvés, elles ont commencé à dépasser de plus de 3 % par an d’autres sociétés comparables en taille.

Une différence que les auteurs de l’enquête attribuent notamment au fait que « si un grand nombre d’investisseurs évitent les entreprises du vice, le cours de ces actions chute, présentant des perspectives de rendement élevé à des investisseurs moins préoccupés par l’éthique », rapporte Le Temps.

L’ARGENT N’A PAS D’ODEUR…

Directeur de l’Observatoire de la finance à Genève, Paul Dembinski estime dans les colonnes du journal que les personnes qui fabriquent de tels produits financiers, les vendent ou les achètent devraient s’interroger sur le sens de ce qu’elles font.

Toutefois, concède-t-il, quand de l’argent est en jeu, l’éthique et les valeurs représentent un frein « pour peu de monde ».

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