La montée inexorable de la finance de l’ombre

11 avril 2024 | Dernière mise à jour le 10 avril 2024
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Homme et femme d'affaires jouant au jeu de jenga en bois dans un bureau.
makibestphoto / AdobeStock

La finance de l’ombre poursuit sa croissance spectaculaire, tout en colportant des risques pour la stabilité financière.

Le poids de la finance de l’ombre n’a pas cessé d’augmenter depuis 15 ans. Ce secteur est constitué d’assureurs, de fonds spéculatifs, de fonds communs de créances ou de fonds monétaires, qui peuvent emprunter et prêter de l’argent, comme le feraient des banques, mais qui n’en sont pas et qui ne sont donc pas soumis au même contrôle.

Alors que le secteur détenait 28 000 milliards de dollars américains (G$ US) en 2009, ce sont 63 000 G$ US d’actifs financiers mondiaux qui étaient entre ses mains à la fin de l’année 2022

Ce poids grandissant augmente les risques que peut faire potentiellement peser la finance de l’ombre sur la stabilité financière mondiale, relève une étude de S&P Global.

Son poids est toutefois très variable selon les juridictions. Au Canada comme aux États-Unis, la finance de l’ombre représente un peu plus de 10 % des actifs financiers. Une part importante est constituée par les sociétés financières et les véhicules de création.

Dans les principales juridictions européennes, la finance de l’ombre représente moins de 10 % du total des actifs. Cependant, sa part est bien plus importante dans des juridictions comme les Îles Caïmans, le Luxembourg et l’Irlande, où elle représente entre 20 % et 60 % des actifs.

En matière de risques, S&P Global identifie trois domaines principaux :

  • le crédit,
  • la liquidité
  • et l’effet de levier.

Malgré le poids relativement modéré de la finance de l’ombre aux États-Unis, dans la zone euro, au Japon et au Royaume-Uni, l’effet de levier financier total des institutions financières non bancaires représente environ 50 % du PIB total. Cela représente environ le montant global de l’endettement des ménages. Les acteurs les plus endettés sont les courtiers en valeurs mobilières et les fonds spéculatifs.

Au niveau mondial, il existe une tendance de fond visant à encadrer davantage cet effet de levier, pour limiter les risques associés. Par exemple, l’Organisation internationale des commissions de valeurs (OICV) recommande que les fonds d’investissement ouverts utilisent des outils de gestion des liquidités appropriés pour atténuer la dilution des investisseurs et les avantages potentiels du premier arrivé. L’objectif est de maîtriser les situations dans lesquelles les investisseurs ont une incitation financière à sortir en premier d’un fonds dans des conditions difficiles.

Si un risque venait à se concrétiser, la question se poserait de sa contagion au système financier traditionnel. Or, les liens entre la finance de l’ombre et les banques, s’ils semblent limités, pourraient en réalité être « plus complexes et potentiellement plus risqués qu’il n’y paraît », prévient S&P Global.

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