Laissons les représentants en épargne collective vendre des FNB

19 juillet 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Mature couple consider signing an agreement. Closeup

Tous les représentants en épargne collective devraient pouvoir vendre des fonds négociés en Bourse (FNB), plaide Steven Kelman, chroniqueur à Morningstar Canada, CFA et auteur spécialisé en finances personnelles.

Actuellement, seuls les conseillers qui détiennent un permis de plein exercice peuvent faire le commerce de ces instruments de placement qui connaissent une popularité grandissante. Ils peuvent également proposer des fonds communs et des obligations négociables, de sorte qu’ils se trouvent avantagés par rapport aux représentants en épargne collective.

« Parce que les vendeurs de fonds communs ne sont pas inscrits pour effectuer des transactions portant sur autre chose que les fonds communs, ils ne peuvent même pas conseiller leurs clients sur les FNB », déplore Steven Kelman.

Bien sûr, l’industrie a trouvé des façons de contourner cet obstacle. Par exemple, la firme Invesco Trimark a lancé en novembre dernier ses fonds PowerShares, qui sont des fonds de FNB que ses représentants peuvent offrir en toute légitimité. Même chose pour la Banque de Montréal, qui commercialise par le truchement de sa division Guardian des fonds de FNB.

Par ailleurs, les représentants en épargne collective peuvent faire participer leurs clients aux FNB par la bande, dit Steven Kelman. Il leur suffit de référer leurs clients à des conseillers en placement qui, eux, peuvent recommander des FNB. « Le client économise de l’argent en payant les frais du conseiller plus les frais d’exécution, le vendeur de fonds touche une commission pour sa recommandation et tout le monde est content », souligne le chroniqueur.

Mais cette façon de faire est inutilement compliquée. Il serait bien plus simple et logique de laisser les représentants en épargne collective offrir des FNB à leurs clients, soutient Steven Kelman.

D’abord, c’est dans l’intérêt des investisseurs, qui profiteront de la structure de frais moins élevés propre aux FNB. Ensuite, il y a un segment important de la population canadienne s’approchant de l’âge de la retraite qui se soucie des rendements qu’ils peuvent espérer de leurs placements. Or, ils peuvent bonifier ceux-ci en réduisant les frais que l’industrie des fonds communs perçoit, et c’est là qu’entrent en jeu les FNB.

« Si les règles changent pour permettre aux vendeurs de fonds communs de négocier des FNB, je pense que nous verrons vraisemblablement certains courtiers en fonds communs s’orienter vers une structure d’honoraires pour service rendu pour leurs clients plus importants, faisant payer un pourcentage basé sur l’actif investi auprès de la firme et offrant des portefeuilles de FNB personnalisés pour répondre à certains besoins spécifiques du client », prévoit Steven Kelman.

Pour l’heure, l’industrie canadienne des fonds communs n’a pas grand-chose à craindre des FNB : en termes d’actif sous gestion, elle est 18 fois plus importante que sa rivale (591 milliards de dollars contre 33). Et, comme le souligne Steven Kelman, il y a aura toujours des épargnants pour qui les fonds communs sont les produits à privilégier.

« Les plus petits clients seront probablement dirigés vers les fonds communs traditionnels ou les produits hybrides, simplement parce que les transactions coûtent de l’argent et qu’on ne peut pas dégager de profit en faisant payer un pour cent de frais de gestion à quelqu’un qui a un portefeuille de 10 000 $ », dit-il.

Quand même, conclut-il, le temps est venu de décloisonner la distribution des FNB et d’accorder aux représentants en épargne collective le droit d’en faire le commerce. « Cela ne devrait pas être un obstacle trop grand à franchir pour des organismes d’autoréglementation et pour les autorités provinciales» , indique Steven Kelman.

Deux obstacles doivent être doivent être franchis afin que les vendeurs de fonds communs puissent vendre des FNB. « Il serait fondamental de changer les règles de façon à permettre aux membres de l’ACFM d’accéder aux marchés où se négocient les FNB, explique d’abord le chroniqueur, qui est aussi président de la firme Steven G. Kelman & Associates Limited. Cela ne devrait pas être un obstacle trop grand à franchir pour des organismes d’autoréglementation et pour les autorités provinciales. »

Deuxièmement, les organismes de réglementation pourraient demander des preuves de compétences de la part des vendeurs de fonds communs qui souhaiteraient vendre des FNB, poursuit-il. Selon lui, il est facile de remplir cette condition en offrant. dans des institutions collégiales ou autres, par exemple, un programme d’études aux intéressés, qui devraient ensuite réussir un examen attestant leurs compétences en la matière.

Les FNB au Canada
Famille de FNB Actif sous gestion* Parts de marché (%)
iShares

25 380

77,2

Claymore

4 319

13,2

Horizons BetaPro

2 507

7,7

BMO

618

1,9

Total

32 824

100

* En millions de dollars.