Les mères pénalisées par la maternité

Par La rédaction | 5 avril 2024 | Dernière mise à jour le 4 avril 2024
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Famille heureuse avec de jeunes enfants, dans la nature.
Photo : Aleksandr Davydov / 123RF

Au retour d’un congé de maternité, les femmes se sentent anxieuses, moins considérées sur le plan professionnel et appauvries sur le plan financier, selon un récent rapport de Maturn, un organisme de soutien au congé de maternité qui a sondé un millier de mères canadiennes au travail.

Les réponses de ces femmes indiquent que les efforts actuels des employeurs ne parviennent pas à atténuer la pénalité liée à la maternité. Près de la moitié des répondantes se disent ainsi insatisfaites du soutien fourni par leur employeur pendant et après le congé de maternité. La majorité d’entre elles (70 %) signalent l’absence complète de soutien spécifique ou d’accommodements. Un tiers des répondantes ont envisagé de quitter leur emploi en conséquence.

« Les défis pour les femmes pendant le congé de maternité vont au-delà des expériences individuelles ; ils perpétuent les disparités entre les sexes, nuisant autant aux employées qu’aux employeurs », affirme Jen Murtagh, cofondatrice de Maturn.

Le rapport de Maturn cible cinq actions afin de mettre un frein à la pénalité à la maternité en milieu de travail.

La moitié des femmes interrogées disent avoir rencontré des difficultés à prouver leur valeur professionnelle au retour de leur congé de maternité. Pour limiter cet enjeu, Maturn recommande :

  • d’inclure des critères objectifs pour la promotion et la rémunération,
  • d’offrir des programmes de formation complets
  • et de réviser les évaluations de performance des femmes qui reprennent le travail après un congé de maternité.

Par ailleurs, plus de la moitié des femmes qui viennent d’accoucher sont angoissées à l’idée de retourner au travail. Afin de préserver leur santé mentale, les employeurs pourraient leur offrir des options de retour progressif, de l’accompagnement ainsi que des services de soutien professionnels.

Des options de travail à distance ou de travail hybrides, un retour progressif au travail et une augmentation des jours de congés familiaux sont quelques mesures qui peuvent aider les nouvelles mamans à jongler entre la maternité et les rôles de direction.

De l’aide pour rendre la garde d’enfants accessible et abordable, tel que les frais de garde payés, des installations de garderie sur le lieu de travail et des ressources pour faire garder les enfants, peut également être bénéfique, alors que plus de 60 % des femmes estiment qu’un meilleur soutien à la garde d’enfants aurait amélioré leur retour au travail.

Enfin, les organisations responsables pourraient envisager de fournir un complément financier aux prestations de congé de maternité afin d’atténuer la perte de revenus subie par les femmes. Près de 40 % des répondantes au sondage soulèvent qu’elles ont dû compter seulement sur l’assurance-emploi durant leur congé de maternité.

La pénalité à la maternité subie par les femmes en emploi, et notamment les femmes de carrière, est un phénomène documenté par de nombreuses recherches. Elle serait à l’origine de 80 % de l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes, selon les études. Une analyse fondée sur les données du recensement des États-Unis en 2019 a par exemple montré que les revenus des mères étaient inférieurs de 29 % à ceux des pères durant le congé de maternité, ce qui se soldait par un écart moyen de 16 000 $.

Les mères québécoises gagnent en moyenne 2,5 % de moins que les femmes sans enfant, à expérience, heures de travail hebdomadaires et âge égaux, indique une étude du CIRANO. La différence de revenu entre ces femmes culmine à 40 % lors de la première année de naissance, selon une autre étude de l’Institut de la statistique du Québec et de l’UQAM.

Le ralentissement de la carrière après un congé de maternité et les frais de garde élevés réduisent également la capacité d’épargne des nouvelles mamans. Elles ont moins d’argent pour cotiser à leur REER et pour épargner pour leur retraite. Une Canadienne sur quatre en âge de travailler a mis moins d’argent de côté pour sa retraite que son conjoint, selon un sondage de HSBC.

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La rédaction