Questionnaire de l’AMF : vos réactions

Par Anaïs Chabot | 3 octobre 2012 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Vous êtes plusieurs à avoir réagi à notre article sur la nouvelle fiche d’évaluation des conseillers, fruit d’un effort conjoint entre l’Autorité des marchés financiers (AMF), l’Agence de la consommation en matière financière du Canada et le Fonds pour l’éducation des investisseurs.

Certains considèrent, comme le conseiller du Groupe Investors dans la région de Gatineau, A.T., que l’AMF devrait soumettre ce questionnaire aux conseillers afin qu’ils puissent l’approuver. « C’est une aberration et ce questionnaire est complètement stupide et irréaliste. J’exige que ce questionnaire nous soit envoyé pour consultation », écrit-il.

D’autres ne sont pas du même avis. « Je suis déçu de la réponse de certains conseillers qui essaient de suggérer des questions à poser à des clients pour juger un conseiller, a écrit à Conseiller.ca R.P. La situation d’un client est unique et on pourrait inventer mille et une questions, cela ne couvrira pas toutes les possibilités. Je dirais à ces conseillers : ne vous abaissez pas à ce niveau. Ne jouez pas le jeu… Protégez l’intégrité de la profession. » Il ajoute plus loin dans son commentaire : « Je suggère fortement à l’AMF de défrayer 5000 $ de plus et d’embaucher un spécialiste de l’industrie financière pour réviser les textes de ce site parce que vraiment ces textes ont été écrits par des gens qui n’ont pas les connaissances nécessaires. »

M.R., un planificateur financier de la région de Québec, croit quant à lui que c’est la preuve que l’AMF, l’Agence de la consommation en matière financière du Canada et le Fonds pour l’éducation des investisseurs sont « de simples succursales bancaires opérant sous un autre nom. » Il ajoute : « Faisons-nous face à de la malhonnêteté ou de l’ignorance, ou bien les deux? Personnellement, j’opterais pour les deux. »

Même son de cloche du côté de J.P.V. : « Nos génies de fonctionnaires, qui s’autodéfinissent comme une « autorité » en matière financière (rien de moins!), semblent ne rien vouloir comprendre des professionnels indépendants : ils préfèrent les employés captifs des banques et des compagnies d’assurance (qui nous ont précipités dans la crise financière actuelle, ne l’oublions pas!), soumis aux objectifs de ces grandes corporations plutôt qu’aux objectifs de leurs clients… c’est certainement plus facile à gérer pour l’AMF, mais ce n’est certainement pas dans les meilleurs intérêts des clients. »

Un autre conseiller en sécurité financière qui souhaite conserver l’anonymat par crainte de l’AMF, croit que cette dernière « a pour mandat depuis quelques années de sans cesse ternir notre réputation et de pousser les clients vers les institutions financières directement. À quand l’élimination complète des conseillers indépendants? », se demande-t-il.

Ce point de vue est partagé par plus d’un lecteur de Conseiller.ca, dont P.G., un planificateur financier de St-Jérôme, qui réagit au texte du rédacteur en chef de Conseiller, Yves Bonneau. Il croit lui aussi que l’AMF considère les institutions financières comme moins dangereuses. « Je crois que l’AMF est extrêmement dérangée du mode de rémunération de plusieurs conseillers, soit faire des commissions sur le dos des clients. Alors qu’un conseiller à salaire d’une banque ou d’une caisse, c’est bien moins dangereux. Mais, quand je regarde la qualité des produits offerts avec cette tendance au junk food financier avec des trios qui vous grugent votre argent sans vraiment vous enrichir, je me dis qu’ils sont très dangereux pour l’enrichissement. Eh oui, messieurs de l’AMF, ils ont des objectifs à combler pour justifier leur salaire et leur boni. Ils peuvent aussi faire les coins ronds pour les atteindre. »

J.F.R., MBA, pense lui aussi que l’AMF a un problème avec le mode de rémunération des conseillers. « Ce qui me choque le plus, c’est de toujours laisser sous-entendre que les conseillers sont trop bien rémunérés. Bien sûr, pour ceux qui s’occupent du 10 % des gens les plus riches, cela pourrait être le cas, mais pour celui qui s’occupe du 80 % de la population, celle qui gagne moins de 50 000 $/an et qui investit moins de 5000 $ par année, c’est une toute autre affaire. Or, faut-il le rappeler, ajoute-t-il, ce qui compte le plus n’est pas le montant de la rémunération d’un individu, mais la plus-value qu’il apporte. […] Cessons de tout calculer en fonction du coût et commençons à évaluer le véritable travail du conseiller. » Il ajoute, plus loin dans son message : « Est-il normal qu’un conseiller financier, qui travaille dans le métier depuis plus de 14 ans, s’interroge sur l’authenticité et l’intégrité des services financiers? »

Finalement, M.B. considère que « l’intégrité de l’AMF doit être à toute épreuve et je crois que ce n’est pas le cas. Il existe deux modes de distribution pour le même produit. Comme conseiller, nous devons nous soumettre et être régis par des lois et un code d’éthique et de conformité. Pourquoi les institutions financières peuvent-elles soustraire leur distribution du même produit des règles de distribution visant à protéger le consommateur? »

Anaïs Chabot