En période de récession, quelles actions choisir?

Par La rédaction | 17 août 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Doigt pointant des données sur une tablette.
Photo : scyther5 / 123RF

Alors que le Canada et les États-Unis sont désormais officiellement en récession, les risques pandémiques et géopolitiques mondiaux risquent de perturber l’essor des actions canadiennes, américaines et internationales, selon Placements Manuvie.

Dans un rapport, l’équipe de stratégie des marchés des capitaux de l’institution financière se montre néanmoins plutôt optimiste pour le court terme, notamment en ce qui concerne les perspectives du commerce mondial. Malgré tout, elle prévoit que, dans un contexte de taux d’intérêt qui resteront « probablement » exceptionnellement bas partout dans le monde, les actions internationales seront sans doute confrontées à des risques similaires à ceux des actions américaines. Petit tour d’horizon.

ACTIONS CANADIENNES

Placements Manuvie juge les perspectives concernant l’indice composé S&P/TSX « quelque peu obscures ». En effet, si les prix de l’or noir vont bel et bien remonter, cela risque de ne pas être suffisant pour soutenir une reprise complète des bénéfices. Autrement dit, même si le pétrole WTI (West Texas Intermediate) atteignait 50 $ US le baril cette année, la croissance trimestrielle des bénéfices de l’indice S&P/TSX serait probablement négative jusqu’en 2021. « Il existe une corrélation entre la variation sur 12 mois des prix du pétrole et la variation sur 12 mois des bénéfices de l’indice S&P/TSX, qui peut donner un aperçu des rendements futurs », note l’institution financière. Pour limiter les risques, celle-ci suggère donc d’opérer « une sélection rigoureuse des placements pour obtenir de bons résultats au Canada », dont le produit intérieur brut s’est contracté de 8,2 % depuis le début de l’année et où le taux de chômage n’a jamais été aussi élevé.

Verdict de Placements Manuvie : méfiez-vous des risques qui guettent l’indice S&P/TSX, malgré des valorisations potentiellement intéressantes. Rappelant que ce dernier est dominé par trois secteurs (l’énergie, les services financiers et les matières premières), l’institution financière juge en effet que « les valorisations ont beau sembler attrayantes dans ces secteurs, ceux-ci sont en proie à leurs propres difficultés ». Et même s’il existe des occasions, « les perspectives du marché dans son ensemble demeurent tributaires de la réouverture de l’économie et du retour des prix du pétrole à ce qu’ils étaient en 2019 ».


ACTIONS AMÉRICAINES

Également entrés en récession à la suite des mesures de confinement destinées à ralentir la propagation du coronavirus, les États-Unis risquent en plus d’être confrontés à l’arrivée d’une deuxième vague de COVID-19, avec les conséquences économiques que cela implique, le tout sur fond d’élection présidentielle et de fortes tensions commerciales avec la Chine et l’Union européenne. Malgré ces risques, Placements Manuvie prévoit que, « sans chercher à être trop optimiste (…), la reprise sera bien installée d’ici la fin de 2021 ».

Rappelant aussi que « l’inflation et les cours ont, depuis longtemps, une forte corrélation inverse », l’institution financière souligne que, de façon générale, lorsque l’inflation baisse, les taux d’intérêt baissent aussi, ce qui permet aux cours de grimper. « La “règle des 20” est une règle de base qui permet de déterminer quand le marché boursier semble coûteux ou attrayant dans le contexte de l’inflation. La moyenne à long terme de la somme de l’IPC [indice des prix à la consommation] et du ratio cours-bénéfice des 12 derniers mois est d’environ 20. »

Verdict de Placements Manuvie : « Malgré l’accélération des marchés et le ratio cours-bénéfice relativement élevé de l’indice S&P 500, les valorisations sont à leur juste valeur. Les actions ne sont ni chères ni bon marché. Par conséquent, leur attrait devrait être déterminé par le potentiel de gain. »


ACTIONS INTERNATIONALES

Dans un contexte où « la COVID-19 brouille les cartes », Manuvie anticipe que les actions internationales seront « probablement » confrontées aux mêmes risques que leurs homologues américaines. « Tout comme la reprise économique, le risque de pandémie et les risques géopolitiques vont probablement se manifester à l’échelle mondiale », insiste l’institution, qui entrevoit néanmoins une amélioration des perspectives du commerce mondial.

Les actions internationales pourraient être soutenues par « l’accélération de la croissance économique », ajoute-t-elle. En effet, les dernières prévisions du Fonds monétaire international, dévoilées en juin, prévoient que de nombreuses régions du monde pourraient connaître une croissance plus rapide que celle des États-Unis l’an prochain. Résultat : « même si le ralentissement économique à court terme s’aggravait, les sociétés situées dans ces régions devraient bénéficier de la forte reprise économique découlant de la levée des mesures de confinement ».

Verdict de Placements Manuvie : « Bien que les actions américaines aient affiché une meilleure performance que les actions internationales pendant la majeure partie des 10 dernières années, ce n’est pas une norme. (…) Ces actions peuvent permettre une diversification appropriée au sein d’un portefeuille. »


TITRES À REVENU FIXE

Compte tenu de la volonté affichée par la Réserve fédérale américaine (Fed) de maintenir les taux d’intérêt à court terme à 0 % au moins jusqu’en 2022, Placements Manuvie estime que cela amènera les taux à long terme à être soumis aux forces du marché. « Après une récession, il est normal que les taux à long terme augmentent. Dans ce contexte, nous pensons que les titres de créance vont bien se porter et que les obligations de courte durée vont dégager des rendements supérieurs à ceux des obligations de longue durée », analyse l’institution financière.

Notant que « les obligations de qualité et les obligations à rendement élevé ont connu une forte reprise, soutenue par les mesures de la Fed », Manuvie ajoute que les écarts de taux restent cependant supérieurs à leur moyenne à long terme. Ce qui, selon elle, devrait faire en sorte qu’ils procurent un coussin de sécurité au cas où la courbe des taux des obligations d’État s’accentuerait.

Verdict de Placements Manuvie : « Nous continuons de privilégier les titres à rendement élevé, car ils génèrent des revenus intéressants. Les défaillances se poursuivront tout au long de la reprise, car certaines sociétés ne se remettront pas des conséquences des mesures de confinement. À cet égard, la sélection des titres et l’analyse minutieuse de la solvabilité des sociétés sont d’une importance capitale. (…) En période de volatilité, il est d’autant plus important d’avoir une stratégie dynamique en matière de titres à revenu fixe que leurs différents types se comportent différemment selon le contexte. Il est extrêmement rare qu’un type de revenu fixe se maintienne en haut du palmarès plusieurs années de suite. »

La rédaction