La prudence est de mise tant que les taux demeurent élevés

Par Nicolas Ritoux | 10 octobre 2023 | Dernière mise à jour le 10 octobre 2023
3 minutes de lecture
Homme d'affaire avec des longues-vues.
Photo : kurhan / 123RF

Les taux vont certainement demeurer élever encore longtemps et il faut user de prudence en conséquence, explique Luc de la Durantaye, chef des placements à Gestion d’actifs CIBC.

Cliquez ici pour entendre l’entrevue complète (en français) en baladodiffusion sur Gestionnaires en direct, de la CIBC.

« Nous sommes dans un environnement très différent de l’avant-pandémie et de l’après-crise financière. On a vu les taux d’intérêt grimper jusqu’au printemps, puis stagner avec la crise des banques régionales et les négociations fiscales aux États-Unis, puis monter encore depuis. Les banques centrales ont vraiment renversé leur politique monétaire, incluant leur approche d’assouplissement quantitatif ; au lieu d’acheter des obligations elles cherchent maintenant à en vendre », observe Luc de la Durantaye.

Plusieurs autres étoiles s’alignent en faveur des hausses de taux et de rendements obligataires, selon l’expert.

« Les gouvernements dépensent énormément avec des déficits budgétaires assez élevés, ce qui est exceptionnel en période de croissance économique. C’est un autre élément qui pousse les taux à la hausse. En outre, la volonté de l’économie mondiale de financer la transition énergétique et de développer de nouvelles technologies engendre une forte offre de papier commercial, qui amène elle aussi les rendements obligataires à la hausse. Enfin, le vieillissement de la population entraine une baisse de l’épargne et donc un affaiblissement de la demande face à l’offre sur le marché obligataire, qui pousse les rendements à moyen terme à la hausse », dit Luc de la Durantaye.

Dans ce contexte, la prudence s’impose selon lui.

Du côté du revenu fixe, mieux vaut rester conservateur en matière de durée des portefeuilles obligataires, et d’exposition au risque de crédit ; les obligations gouvernementales à court terme sont préférables à des catégories comme le haut rendement ou la dette des pays émergents.

Au niveau des actions, la perspective d’un ralentissement économique prolongé exerce une pression à la baisse sur les profits des entreprises. L’expert recommande de sous-pondérer les actions vis-à-vis des obligations et de l’encaisse. Cela dit, des occasions pourraient survenir dans les marchés où les banques centrales pourraient être prêtes à rabaisser leurs taux, ainsi que dans les pays qui profitent de la redirection des investissements des sociétés alors que les États-Unis et la chine cherchent à réduire leur exposition commune.

« Quand on était dans un environnement mondial d’intégration et de mondialisation, le cycle était très synchronisé. Mais avec la Chine et d’autres pays d’Asie qui se désynchronisent, les cycles diffèrent. Plusieurs pays de l’Ouest commencent à connaître un ralentissement alors que la Chine est déjà très avancée et pourrait connaitre une reprise. La Chine a commencé de baisser ses taux alors que les pays occidentaux ont continué de les hausser. Quand les taux baissent, toutes choses étant égales par ailleurs, la devise devient plus faible, et vice-versa. Il y a donc une possibilité de sous-pondérer le yuan chinois et surpondérer les devises liées à des taux élevés, comme celles de l’Inde, du Mexique et du Brésil », recommande Luc de la Durantaye.

« Mais il faut rester patient et bien observer l’environnement qui va se dénouer devant nous dans les prochains mois », prévient-il.

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

Nicholas Ritoux

Nicolas Ritoux

Nicolas Ritoux est journaliste indépendant. Il collabore à Conseiller.ca depuis 2009.