Les caisses de retraite canadiennes ignorent la catastrophe climatique

Par Didier Bert | 25 septembre 2023 | Dernière mise à jour le 3 octobre 2023
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Planète terre prenant la forme d'une bombe.
Photo : Chatcharin Sombutpinyo / 123RF

Les caisses de retraite canadienne, sous-estiment largement l’impact des changements climatiques sur les revenus futurs des participants aux régimes de retraite.

Les caisses de retraite canadiennes manquent de connaissances sur le climat, au point de ne pas tenir compte des conséquences des changements climatiques dans leurs stratégies, dénonce Shift Action for Pension Wealth and Planet Health, un organisme d’éducation et de défense des pensions canadiennes et du climat.

Malgré les centaines de milliards qu’elles gèrent, ces grands investisseurs ne semblent pas saisir la nature catastrophique de ce problème. « Les caisses de retraite doivent comprendre qu’il est impossible de remplir leur mandat sans un climat stable. Il n’y a pas de sécurité pour les retraites si nous n’avons pas un avenir climatique sûr dans lequel prendre sa retraite », martèle Patrick DeRochie, le directeur de Shift Action for Pension Wealth and Planet Heal, cité par Corporate Knights.

En ignorant les changements climatiques, les caisses de retraite risquent de violer leur devoir fiduciaire, puisque cela peut remettre en cause leur capacité à payer les retraites futures, met en garde Keith Ambachtsheer, consultant international en matière de retraites.

C’est que les caisses de retraite sont tenues d’aligner leurs actifs avec leurs engagements à long terme. Elles doivent disposer des actifs nécessaires pour honorer le paiement des retraites sur plusieurs décennies.

Certaines analyses du lien entre les changements climatiques et la valeur des actifs peuvent même surprendre. AIMCo, qui gère les régimes publics de retraite de l’Alberta indique dans son dernier rapport annuel qu’une hausse de 2 à 3 degrés Celsius des températures impacterait moins la valeur de son portefeuille d’actions qu’une hausse de 1,5 degré Celsius. C’est que AIMCo est très exposé aux secteurs pétrolier, gazier et immobilier albertains… qui seraient très perturbés lors de la transition vers une économie peu émettrice de carbone.

D’autres caisses de retraite, comme PSP Investissements, misent sur une croissance linéaire des risques climatiques jusqu’en 2050, alors que risques atteignent de nouveaux points de basculement. Et les grandes caisses ontariennes n’ont pas divulgué leurs analyses des scénarios climatiques, laissant dans l’ignorance les membres de leurs régimes de retraite.

Alors qu’un rapport de l’Institut britannique des actuaires prévoit qu’un réchauffement de 3 degrés Celsius causerait la destruction de 30 % du PIB, il est temps que les caisses de retraite s’appuient sur les connaissances scientifiques pour décarboner leurs portefeuilles, et ainsi, faire leur part dans la lutte aux changements climatiques… tout en œuvrant à gérer le risque pesant sur les retraites futures.

Didier Bert

Didier Bert est journaliste indépendant. Il collabore à plusieurs médias sur les thèmes de l’économie, des finances et du droit.