L’heure du ralentissement a sonné

18 juillet 2023 | Dernière mise à jour le 14 août 2023
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Photo : Romolo Tavani / 123RF

L’économie mondiale a épuisé les munitions qui lui restaient pour performer, et elle sera plus fragile dans les 6 à 12 prochains mois, croit Luc de la Durantaye, chef des placements à Gestion d’actifs CIBC.

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« L’économie mondiale et surtout nord-américaine ont été beaucoup plus résilientes que ce que la plupart des économistes entrevoyaient. Tout le monde s’attendait à ce que l’on soit déjà en récession à ce point-ci, mais les données continuent de surprendre positivement », observe Luc de la Durantaye.

Trois facteurs expliquent ce phénomène selon lui. D’abord, les consommateurs ont accumulé un excès d’épargne durant la pandémie, alimenté en partie par les aides des gouvernements, et ils ont fini par dépenser cet excédent en 2022 et au début 2023 – ce que reconnait une récente étude de la Fed.

Ensuite, les banques commerciales n’ont pas suivi point par point les hausses de taux des banques centrales, et les emprunts comme les taux hypothécaires ont tardé à refléter les hausses, mais ce phénomène est lui aussi derrière nous. « Les taux devraient avoir un peu plus de mordant dans les prochains mois », prévient Luc de la Durantaye.

Enfin, au niveau de la politique monétaire américaine, le renversement de l’assouplissement quantitatif entamé par la Fed a dû être interrompu quand les États-Unis ont traversé une crise fiscale au mois de mai. Or cela avait contribué à garder les taux d’intérêt plus bas.

« Maintenant que ces effets temporaires sont passés, on devrait voir dans les 6 à 12 prochains mois un ralentissement de l’économie nord-américaine et aussi européenne, à mesure que les banques centrales redoublent d’effort pour ramener l’inflation à leur cible de 2 %. Ce faisant, elles doivent veiller à maintenir une certaine stabilité pour éviter un ralentissement trop prononcé, comme on le voit en Allemagne où ils ont connu deux trimestres de croissance négative d’affilée, ou en Chine qui connait des ratés dans sa réouverture d’après-pandémie et n’a pas autant d’options qu’avant pour stimuler son économie », dit Luc de la Durantaye.

Dans ce contexte, comment les investisseurs devraient-ils se positionner ? L’expert recommande tout d’abord une saine portion du portefeuille en obligations à court terme, pour profiter des hausses qui se poursuivent tout en conservant la possibilité de saisir de bonnes occasions. Du côté des actions, il conseille d’éviter les secteurs cycliques pour se concentrer sur les défensifs face au risque d’une correction boursière.

Son mot d’ordre : la patience. « Il s’agit de rester aux aguets car de bonnes occasions vont se présenter comme c’est toujours le cas à la fin d’un cycle de hausse des taux », croit-il.

Face à l’optimisme qui entoure l’intelligence artificielle, thème très exploité sur les marchés américains, Luc de la Durantaye recommande également la patience car les gains de productivité promis par l’IA ne vont pas se produire de sitôt ; mieux vaut donc « attendre les occasions de s’exposer graduellement à ce secteur ».

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.