Méfiez-vous des marchés haussiers

Par La rédaction | 6 novembre 2023 | Dernière mise à jour le 3 novembre 2023
3 minutes de lecture
Photo : alphaspirit / 123RF

Facile de tirer des conclusions a posteriori, mais l’exercice est essentiel si l’on veut éviter de refaire les mêmes erreurs. Morningstar s’est plié à cet exercice et a tiré trois leçons du boom de la pandémie.

1) Une même action, un résultat différé

    Les banques centrales ont la capacité de contrôler les taux d’intérêt à court terme ce qui permet de réchauffer ou refroidir l’activité économique.

    Par exemple, en 1989, quand la Réserve fédérale américaine a relevé les taux d’intérêt, les actions ont baissé dès l’année suivante.

    En 2007, on a assisté à une autre hausse de taux importante et, encore une fois, les actions sont retombées. Toutefois, si les marchés baissiers précédents se sont produits après que les taux d’intérêt ont atteint leur maximum, le récent épisode a commencé avant même que les taux n’aient commencé à augmenter, car les investisseurs ont anticipé la démarche.

    Ceci explique que nombre d’actionnaires de détail soient restés pleinement investis lorsque le marché baissier a commencé. On peut donc en conclure que lorsque les banques centrales haussent leurs taux, certes, la baisse est inévitable, mais le moment où cela se produit, lui, est imprévisible.

    2) Wall Street n’est pas le centre du monde

    Avec le boom, on a vu apparaître de nouvelles opportunités de placements.

    • On peut ainsi penser aux cryptomonnaies dont la valeur a explosé durant le confinement.
    • Il y a aussi eu les actions virales, où l’on a vu les investisseurs ordinaires se regrouper sur des forums Internet pour tenter de surclasser leurs homologues professionnels.
    • La pandémie a aussi vu exploser la renommée de Robinhood, une société de courtage qui a transformé l’investissement en un véritable jeu. La société a mis de l’avant le côté ludique des placements au détriment, parfois, des économies de ses investisseurs amateurs.
    • Si les sociétés d’acquisition à vocation spécifique, ou SAVS, existent depuis la présidence de Bill Clinton, c’est la pandémie qui les a vraiment révélées au grand jour.  Leurs actifs ont doublé en l’espace de 12 mois.
    • La pandémie est aussi l’heure de la découverte des NFT ou jetons non fongibles.

    Aujourd’hui ces cinq éléments sont vus d’un mauvais œil. Évidemment, les cryptomonnaies ne vont pas disparaître, mais leur prix a chuté de 60 % par rapport à leur sommet. Robinhood a vu sa clientèle décroître à un rythme affolant et son indice des investisseurs est resté à la traîne des indices de référence du NASDAQ. Quant aux trois autres actifs, il semble avoir été presque oubliés.

    De ces « modes », seules les SAVS proviennent de Wall Street, les autres innovations sont le fruit d’entrepreneurs extérieurs.

    3) Les gros joueurs toujours plus sécuritaires

    Le rendement total cumulé moyen des fonds communs de placement (FCP) et des fonds négociés en Bourse (FNB) aux États-Unis depuis janvier 2021 dépasse encore de loin les performances des jeunes pousses dotées d’un capital de démarrage.

    Cela s’explique simplement : les grandes sociétés, refusant de perdre des clients, prennent peu de risques supplémentaires. Car si le gain d’une stratégie agressive réussie est grand, il est somme tout bien plus faible que la pénalité qui découle d’un excès de prudence. Donc mieux vaut rester conservateur.

    À l’inverse, les outsiders n’ont rien à perdre sinon leur capital de départ. Ils sont donc plus audacieux et préfèrent ne pas penser à ce qui pourrait se produire. Investisseurs, vous voilà avertis!

    QUE FAUT-IL EN CONCLURE?

    Que les faibles taux d’intérêt engendrent des habitudes d’investissement laxistes. Même si les investisseurs savent que la manne finira par s’arrêter, le sentiment qui règne dans les placements est contagieux et tout le monde veut sa part du gâteau.

    Dans ces moments, les conseillers peuvent jouer un rôle précieux en limitant l’excès de confiance de leurs clients et en jouant de prudence.

    Abonnez-vous à nos infolettres

    La rédaction