La corrélation croissante entre les actions américaines est-elle imputable aux FNB?

Par Yvonne Chan | 12 Décembre 2012 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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C’est ce que conclut une étude de James Xiong, conseiller principal en recherche de la firme Ibbotson Associates à Chicago, et Rodney Sullivan, CFA. Selon leur rapport intitulé How Index Trading Increases Market Vulnerability (Comment les opérations indicielles font augmenter la vulnérabilité du marché), la corrélation entre les actions américaines augmente principalement à cause du fort volume d’opérations sur les FNB et les fonds indiciels. (Leurs constatations ne s’appliquent pas aux autres catégories d’actifs.)

Les auteurs ont remarqué que la corrélation entre les actions américaines avait augmenté au cours des dix à 15 dernières années – période au cours de laquelle les fonds indiciels sont arrivés sur le marché. Raison : les achats et les ventes répétés font fluctuer en bloc les titres composant les fonds, tel un banc de poissons. Cela augmente la corrélation.

Par conséquent, un investisseur qui achète un fonds indiciel, par exemple un fonds basé sur le S&P 500, profite aujourd’hui d’une diversification bien moins grande qu’il y a dix ou 15 ans.

MM. Sullivan et Xiong ont comparé les actions composant l’indice S&P 500 et constaté que la corrélation entre les titres à forte capitalisation était de l’ordre de 10 à 15 % entre 1983 et 2000. Après 2000, cette corrélation a rapidement augmenté pour atteindre son niveau actuel, soit environ 50 %. Qui plus est, « la corrélation des actions à faible capitalisation a elle aussi augmenté, pour se fixer autour de 50 % actuellement ».

Selon M. Sullivan, ces constatations laissent supposer que les avantages liés à la diversification sont beaucoup moins importants que par le passé. Dans un portefeuille d’actions, il faut maintenant deux fois plus de titres pour obtenir une diversification complète.

Les FNB et les fonds indiciels constituent une cible facile Il est indéniable que la corrélation entre les actions, en particulier les actifs risqués, augmente depuis 15 ans, concède Christopher Philips, analyste principal à Vanguard Investment Strategy Group. Mais il est injuste d’en imputer la faute aux FNB ou aux fonds indiciels, car ils ne représentent que 10 % du marché américain.

Les facteurs qui font augmenter la corrélation entre les actions américaines sont plus probablement la mondialisation et la disponibilité des renseignements sur le marché. De plus, les FNB et les fonds indiciels « subissent » les cours des actions; ils ne les déterminent pas. Ce sont les gestionnaires actifs qui le font.

« Si Apple monte de 2 % aujourd’hui, c’est parce que les gestionnaires actifs sur le marché ont fixé son cours 2 % plus haut qu’hier », explique-t-il.

En matière de diversification, la corrélation n’est pas tout M. Philips trouve également discutable l’importance que MM. Sullivan et Xiong accordent à la corrélation. Selon lui, cet indicateur n’est pas le seul facteur de diversification d’un portefeuille. « La dispersion et la volatilité sont tout aussi importantes, sinon plus. »

Autrement dit, une corrélation élevée entre deux actions ne signifie pas nécessairement qu’elles évoluent en parallèle. L’inclusion d’autres mesures dans la diversification du portefeuille, telles que la dispersion, la volatilité et les différentiels de rendement, permet une analyse plus complète du rendement des actions.

M. Philips a comparé la corrélation de Exxon Mobil et Chevron. Malgré leur corrélation quotidienne élevée de 0,85 au cours des trois dernières années, Chevron a surclassé Exxon de 30 points de pourcentage, ayant dégagé un rendement cumulatif de 146 % contre 110 % pour Exxon.

Il a également examiné le rendement des diverses actions comprises dans l’indice Russell 3000, qui affiche la corrélation la plus forte entre ses composantes. En 2011, 37 % des actions ont dégagé des rendements inférieurs de plus de 15 % à celui du Russell 3000, tandis que 22 % ont surclassé ce dernier d’au moins 15 points de pourcentage.

« C’est donc à peu près 50 % des actions qui ont enregistré des rendements supérieurs ou inférieurs d’au moins 15 points de pourcentage à celui de l’indice, malgré la corrélation très élevée qui existe entre elles. La corrélation est une statistique, mais elle n’est pas la seule à entrer en ligne de compte. »

Une diversification plus poussée est nécessaire M. Sullivan précise que les FNB et les fonds indiciels ne sont pas à blâmer. Les FNB procurent une diversification rentable, mais les opérations fréquentes perturbent les caractéristiques de corrélation. Son rapport plaide donc pour une diversification encore plus poussée.

M. Philips est d’accord sur le fait que la diversification entre les catégories d’actifs est importante. Il considère que les titres à revenu fixe de bonne qualité constituent l’un des meilleurs outils de diversification d’un portefeuille, car cette catégorie d’actif a tendance à rester à flot lorsque le marché s’effondre, et que la corrélation entre les actions et la plupart des catégories d’actifs est exacerbée.

« Ces actifs sont vos véritables outils de diversification. Ils ne sont pas aussi attirants ou inspirants que les titres des marchés émergents ou les produits de base, mais dans les contextes de baisse généralisée, les obligations d’État et les débentures de sociétés de bonne qualité ont tendance à monter. »


Yvonne Chan est rédactrice financière à Toronto.

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