Nos pétrolières ont encore de beaux jours devant elles

Par Nicolas Ritoux | 7 mai 2024 | Dernière mise à jour le 6 mai 2024
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Silhouette d'un vérin de pompage et travailleurs munis d'un casque de protection sur fond de soleil couchant, avec un effet de flambage de l'objectif et un espace de copie délibérés. Ces vérins peuvent extraire entre 5 et 40 litres de pétrole brut et d'émulsion d'eau à chaque coup.
RonnieChua / iStock

La perspective d’une transition énergétique à long terme n’empêche pas les pétrolières canadiennes d’offrir de généreux rendements à leurs actionnaires, note Daniel Greenspan, Directeur, Recherche sur les actions, Matériaux et énergie, Gestion d’actifs CIBC.

Le secteur de l’énergie a offert des rendements cumulatifs de 140 % depuis avril 2020, contre 76 % pour l’ensemble de l’indice S&P/TSX. On peut donc considérer qu’il s’agit d’un marché haussier. L’expert note qu’historiquement, de tels marchés durent en moyenne 45 mois et les quatre qui ont eu lieu au cours des 60 dernières années se sont étendus entre 67 et 112 mois. 

« Les prix du pétrole sont passés de 20 $ le baril en mai 2020 à un pic de 120 $ début 2022 quand la Russie a envahi l’Ukraine. Depuis, ils se sont stabilisés dans une fourchette assez saine de 70 à 80 $ et nous croyons que cela peut durer encore un bon moment », dit Daniel Greenspan.

Côté occidental, la Réserve fédérale américaine finira bien par réduire ses taux. Côté chinois, l’économie montre des signes d’amélioration avec une croissance du PIB réel de 5,3 % au premier trimestre, une solide production industrielle, et d’importants investissements dans les infrastructures. « Tout cela est encourageant pour la demande de pétrole », note-t-il. 

L’Agence internationale de l’énergie affiche d’ailleurs une demande de 1,2 million de barils par jour, au-delà de ses prévisions de 0,9 pour la période actuelle. 

Pendant ce temps, l’offre demeure constante avec une OPEP qui s’en tient à son plan et des producteurs américains qui tempèrent leur croissance.

« Nous nous attendons à voir l’offre et la demande croître tous les deux lorsque nous entrerons dans un nouveau cycle d’assouplissement monétaire », prédit Daniel Greenspan.

« À très long terme, nous croyons à l’idée d’une transition énergétique, qui permettra au monde de se décarboner. Mais cela prendra plus de temps que beaucoup le prédisent. Il faut encore réaliser des investissements massifs dans les réseaux électriques et la production d’énergie verte, et ces investissements mettent du temps à se concrétiser. Néanmoins, le pétrole est destiné à un déclin structurel et il faut donc s’attendre à ce que les producteurs investissent moins dans la production », analyse Daniel Greenspan.

Dans ce contexte, les pétrolières ont tendance à se montrer plus généreuses envers leurs actionnaires. Elles investissent moins dans leur croissance future, et rendent davantage de capitaux aux actionnaires sous forme de dividendes et de rachats d’actions.

« Ce n’est pas une stratégie purement altruiste de leur part. C’est dû au fait que l’endettement a désormais un coût, et que la levée de capital par les actions est restreinte par les critères environnementaux de nombreux investisseurs », explique Daniel Greenspan.

Les pétrolières canadiennes sont particulièrement bien placées pour se concentrer sur les retours de capitaux puisque les sables bitumineux, qui constituent les deux tiers de la troisième réserve de pétrole mondiale, peuvent être exploités en continu pendant des décennies à partir d’un investissement initial, contrairement au pétrole de schiste américain qui nécessite des dépenses en capital en continu. 

L’expert précise que du point de vue environnemental, nos pétrolières font des pas vers la réduction des émissions, avec un objectif de 20 à 30 % d’ici 2035. Des projets de capture et séquestration de carbone vont progressivement être mis en œuvre en Alberta.

Côté placements, il recommande Cenovus et Crescent Point. La première présente un beau potentiel d’optimisation opérationnelle avec des rendements croissants ; la seconde termine de rembourser ses dettes et présente désormais d’excellents états financiers.

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Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

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Nicholas Ritoux

Nicolas Ritoux

Nicolas Ritoux est journaliste indépendant. Il collabore à Conseiller.ca depuis 2009.