Une stratégie de revenu fixe pour prévenir toute éventualité

Par La rédaction, Advisor’s | 30 avril 2024 | Dernière mise à jour le 1 mai 2024
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Alex / AdobeStock

Les investisseurs à revenu fixe navigueront dans un environnement de taux d’intérêt plus élevés encore longtemps, alors que la résilience de l’économie américaine maintient l’inflation à un niveau élevé.

« Le marché a repoussé le début du cycle de réduction des taux en raison de la forte croissance économique aux États-Unis et des taux d’inflation plus élevés que prévu que nous avons reçus récemment », explique Jeffrey Mayberry, stratège de l’allocation d’actifs à revenu fixe et gestionnaire de portefeuille chez DoubleLine Group, à Los Angeles, lors d’une entrevue menée à la mi-avril.

Aux États-Unis, en mars, l’inflation a dépassé l’objectif de 2 % visé par la Réserve fédérale américaine (Fed) pour le troisième mois consécutif. Le Federal Open Market Committee va tenir une réunion cette semaine, mais une réduction des taux n’est pas attendue avant la fin de l’année.

Si les taux devaient rester élevés plus longtemps, « cela augmenterait peut-être la probabilité que la Fed provoque une récession », estime Jeffrey Mayberry. « Si cela s’avère, les taux d’intérêt à long terme devraient baisser en raison des craintes de récession. »

Dans l’état actuel des choses, les taux ont augmenté tout au long de la courbe de rendement, note-t-il, et les experts s’attendent à un atterrissage en douceur, dans lequel l’inflation est maîtrisée sans récession, ou à un non-atterrissage, dans lequel l’économie continue de croître et une inflation plus élevée persiste.

Toutefois, « le fait que [la Fed] doive laisser les taux élevés plus longtemps que prévu augmente la probabilité d’un atterrissage plus difficile », prévient-il.

La stratégie en matière de revenus fixes de Jeffrey Mayberry consiste donc à préparer les portefeuilles à affronter toutes les tempêtes.

« Nous ne savons pas si nous aurons une récession dans la seconde moitié de 2024, souligne Jeffrey Mayberry. Nous ne savons pas si nous aurons droit à un atterrissage en douceur ou à un scénario sans atterrissage. Nous essayons donc de constituer des portefeuilles capables de tirer leur épingle du jeu dans les deux cas. »

Dans un scénario sans atterrissage, les investisseurs à revenu fixe voudront prendre un certain risque de crédit, soutient-il.

« Vous voulez que le rendement augmente, qu’il s’agisse d’obligations d’entreprises à haut rendement, de marchés émergents ou de crédits structurés », résume-t-il.

Par ailleurs, une « grande partie » des titres à revenu fixe devrait être allouée de manière prudente, précise-t-il. Dans des « titres mettant l’accent sur la qualité, par exemple des obligations du Trésor américain de plus longue durée ou des titres adossés à des créances hypothécaires d’agences », cite-t-il.

En cas de récession, la partie « axée sur la qualité » sera la plus performante, tandis que les écarts de crédit se creuseront, fait-il remarquer.

« Il faut donc trouver un équilibre. Il ne faut pas avoir une vision unilatérale de la direction que va prendre le marché, mais créer une vision plus balancée et un portefeuille plus équilibré capable de tirer son épingle du jeu dans ces deux scénarios disparates. »

Jeffrey Mayberry se montre prudemment optimiste quant aux opportunités spécifiques en matière de revenu fixe, compte tenu des taux relativement plus élevés.

« Aujourd’hui, vous recherchez des opportunités sur l’ensemble du marché des titres à revenu fixe. Il est possible de choisir où de saisir ces opportunités ; les secteurs que l’on souhaite surpondérer et ceux que l’on souhaite sous-pondérer sont primordiaux. »

L’expert suggère une approche sélective, privilégiant les secteurs du crédit structuré, où la dynamique risque-récompense reste favorable. Il a cité les titres adossés à des prêts hypothécaires commerciaux, les titres adossés à des créances hypothécaires résidentielles non institutionnelles, et les titres adossés à des actifs.

« Nous aimons beaucoup les titres adossés à des créances hypothécaires commerciales, rapporte-t-il. Les écarts observés sont encore très importants. »

Les investisseurs ont d’autres options qui vont au-delà des bureaux et des centres commerciaux. « Vous pouvez investir dans des espaces industriels, des hôtels ou même des logements collectifs, qui relèvent tous des titres adossés à des créances hypothécaires commerciales », suggère Jeffrey Mayberry.

« Il existe des opportunités permettant de prendre de bons risques fondamentaux avec des écarts plus importants, ce qui est toujours l’objectif », affirme-t-il.

Malgré ces opportunités, le marché n’est pas sans risque.

« Il est certain que si la Fed maintient ce niveau de taux plus élevé pour longtemps, les risques de récession augmentent », avertit-il.

Il souligne également le risque d’une course au rendement.

« Les gens sont vraiment dans une situation où ils essaient de tirer profit de ces taux plus élevés dans l’ensemble, de ces rendements plus élevés… que l’on obtient dans les secteurs du crédit. Il en résulte une probabilité plus élevée d’être moins bien rémunéré pour le risque de défaillance qui peut exister dans certains de ces titres. »

Selon lui, des défauts de paiement dans les secteurs du crédit aux entreprises et du haut rendement pourraient apparaître au cours du second semestre 2025. 

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

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