5 mauvaises raisons de vendre en septembre

Par La rédaction | 3 septembre 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Hésiter entre vendre et acheter
Photo : Jrg Stber / 123RF

Septembre est traditionnellement considéré comme étant le pire mois de l’année pour le marché boursier américain, mais cette mauvaise réputation n’est pas justifiée, affirme l’analyste Mark Hulbert.

Dans une chronique publiée sur le site de MarketWatch, le rédacteur des lettres d’information financière qui portent son nom juge en effet qu’il n’existe « aucune raison rationnelle pour expliquer le fait que le mois de septembre devrait être pire que les autres ».

S’il admet que, historiquement, le neuvième mois de l’année a bel et bien souvent été désastreux sur le plan boursier chez nos voisins du Sud, l’analyste ajoute cependant que la plupart des conseillers et autres professionnels de l’investissement reconnaissent aujourd’hui qu’une tendance statistique, aussi marquée soit-elle, ne constitue pas une raison suffisante pour en tirer des conclusions fiables.

Mark Hulbert s’emploie ensuite à déconstruire le mythe d’un mois de septembre « maudit » pour les investisseurs, qualifiant au passage d’« ineptes » certaines explications avancées par plusieurs conseillers en services financiers.

Il en profite au passage pour mettre en garde M. et Mme Tout-le-Monde contre le fait que « nos facultés critiques peuvent facilement s’évanouir lorsque nous sommes déjà parvenus à une conclusion alors même que nous ne disposons pas de toutes les informations ». Il détaille ensuite quelles sont, selon lui, les cinq principales raisons invoquées par les professionnels de la finance pour expliquer pourquoi septembre serait « le pire mois du calendrier boursier » aux États-Unis.

1. LA PEUR DES RÉSULTATS DU TROISIÈME TRIMESTRE

La première de ces raisons est « la peur des résultats du troisième trimestre ». La théorie voudrait en effet que les investisseurs soient plus susceptibles de se départir de leurs actions en septembre, parce qu’ils seraient nerveux au sujet des bénéfices générés par leurs placements au troisième trimestre. Mais cette idée ne tient pas la route, affirme Mark Hulbert. « La première fois que je l’ai entendue, j’ai cru que c’était une blague, raconte l’analyste. Ce que ne réalisent pas les tenants de cette théorie, c’est que la même logique de nervosité devrait s’appliquer à la publication des bénéfices du premier, du deuxième ou du quatrième trimestre. »

2. VENDRE EN MAI, PUIS PARTIR

La deuxième raison invoquée par les adeptes d’un « septembre noir » financier repose sur un jeu de mots anglais, « sell in May and go away », apparemment très en vogue de l’autre côté de la frontière. L’idée? En raison d’une tendance défavorable de six mois, grosso modo entre le 1er mai et l’Halloween, les investisseurs seraient déçus par le rendement de leurs actions. Le hic dans ce raisonnement, c’est que le concept de « vendre en mai, puis partir » est uniquement basé sur les résultats enregistrés durant la troisième année du mandat présidentiel de Donald Trump. Autant dire que, statistiquement, ça ne tient pas le route! souligne Mark Hulbert.

3. LA PRESSION DE VENDRE

L’analyste aborde ensuite la troisième raison à l’origine de la mauvaise réputation du mois de septembre, qu’il attribue à la pression que subissent les négociateurs à la rentrée lorsqu’ils n’ont pas réussi à écouler durant l’été les actions dont ils espéraient se débarrasser. Sa réponse? « Ceux qui avancent ce raisonnement ne se rendent pas compte que la même logique pourrait être utilisée pour justifier que le mois de septembre soit le meilleur mois de l’année. En effet, on pourrait tout aussi bien soutenir que, durant la période estivale, les négociateurs auront reporté l’achat des actions qu’ils voulaient posséder. Et que cette “pression refoulée” déboule sur le marché juste après la fête du Travail. »

4. LA VENTE À PERTE DES FCP

La vente de fonds communs de placement (FCP) à perte à des fins fiscales constitue le quatrième motif de méfiance de certains professionnels du secteur, selon Mark Hulbert. En effet, relève-t-il, comme la plupart des exercices de FCP se terminent le 30 septembre, certains investisseurs procèdent à des ventes à perte à des fins purement fiscales avant cette date afin de réduire ou de compenser les gains en capital qu’ils pourraient avoir réalisés au cours de l’exercice précédent. Le problème, souligne l’analyste, c’est que la prémisse de cette justification est fausse, puisque « environ trois fois plus de fonds d’actions ont des fins d’exercice financier au 31 décembre que de fonds dont l’exercice se termine le 30 septembre ». Si ce raisonnement tenait la route, poursuit-il, « le mois de décembre devrait être moins bon que le mois de septembre, ce qui n’est pas le cas ».

5. LES BIAIS DES INVESTISSEURS

Enfin, Mark Hulbert aborde le cinquième facteur à l’origine du mythe du « mauvais » mois de septembre : les biais comportementaux des investisseurs, qui les amèneraient à vendre davantage d’actions à la fin de l’été. Et il soutient que cette explication ne vaut pas justification. « Attribuer le mauvais bilan de septembre à un biais comportemental, c’est admettre qu’on ignore la raison pour laquelle ce mois devrait être si mauvais pour les investisseurs. En fait, ce raisonnement se résume à dire qu’ils vendent de façon disproportionnée après les vacances parce qu’ils sont prédisposés à le faire. »

Conclusion de l’analyste : « Cette question du mauvais bilan de septembre peut nous aider à devenir de meilleurs investisseurs. Toutefois, cela ne se fera pas en vendant des actions plutôt au mois d’août, mais en nous rappelant que nous sommes parfois enclins à trouver des explications qui peuvent sembler plausibles alors qu’en réalité, elles ne le sont pas. »

La rédaction