Actions : Le calme avant la tempête

Par Nicolas Ritoux | 1 août 2023 | Dernière mise à jour le 11 octobre 2023
4 minutes de lecture

Les marchés d’actions ont fait bonne figure en 2023, mais cela ne devrait pas se poursuivre jusqu’à la fin de l’année, croit Leslie Alba, directrice, solutions de portefeuille, Gestion d’actifs CIBC. Elle explique leur vigueur récente par la baisse de l’inflation par rapport à l’an dernier et par l’optimisme des investisseurs face à la résilience de l’économie.

L’enthousiasme concernant l’intelligence artificielle a aussi engendré de belles performances pour les entreprises associées à ces technologies. Mais si on regarde de plus près l’indice S&P 500, les sept plus grandes sociétés (Nvidia, Apple, Microsoft, Meta, Tesla, Amazon et Alphabet) sont à l’origine de 95 % de la hausse en date de la mi-juillet, tandis que les 493 autres titres de l’indice sont restés neutres. Cette incongruité pourrait finir par faire pression sur les prix des sept titres en tête de peloton.

Cliquez ici pour entendre l’entrevue complète (en français) en baladodiffusion sur Gestionnaires en direct, de la CIBC.

L’experte constate que l’indice VIX, qui mesure la volatilité du S&P 500, est à son plus bas point depuis le début de la pandémie. Le marché est donc plutôt calme. Le ratio optimisme/pessimisme a quant à lui atteint un niveau qui tend historiquement à précéder des chutes à la Bourse. « Tout ceci nous indique un optimisme excessif de la part des participants des marchés d’actions », conclut Leslie Alba.

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Pendant ce temps du côté des obligations, les courbes de rendement demeurent inversées, ce qui signifie que les investisseurs ne sont pas récompensés lorsqu’ils prennent plus de risque, tant en termes de durée que de taux d’intérêt.

Cela l’incite à dire que même si l’économie s’est jusqu’ici montrée plus résiliente qu’anticipé, « la récession n’a pas été évitée, mais simplement retardée. »

« Les banques centrales sont encore en lutte contre l’inflation. Elles doivent faire attention de ne pas provoquer de chocs en faisant monter leurs taux. Jusqu’ici les consommateurs sont restés vigoureux, et c’est en partie à eux que l’on doit la croissance économique du Canada. Le marché de l’emploi demeure serré et la demande solide, ce qui maintient l’effet d’inflation. Cependant, si l’on rapporte l’épargne excédentaire au PIB, on constate qu’elle s’amenuise tant au Canada qu’aux États-Unis », poursuit Leslie Alba.

Elle estime que si les banques n’ont pas aligné leurs taux d’emprunt aux politiques monétaires, il y a un risque de voir les conditions financières se resserrer dans le secteur bancaire. Les profits devraient alors commencer à baisser dans la plupart des secteurs, conduisant à des licenciements. « Tout cela nous porte à croire que nous nous dirigeons vers des eaux agitées, et que la période actuelle est en fait le calme avant la tempête. »

Si l’experte entrevoit un retour des cours des actions à leurs pics de décembre 2021, elle rappelle que, pour un investisseur à long terme, les vents contraires des mois à venir n’empêchent pas de rester concentré sur une stratégie de diversification.

Cela commence bien sûr par les actifs traditionnels. Les marchés obligataires et monétaires offrent actuellement de bons rendements, tout en protégeant les portefeuilles d’éventuelles difficultés sur les marchés d’actions. Les obligations gouvernementales devraient d’ailleurs bien performer si la Banque du Canada finit par réduire ses taux pour stimuler l’économie.

Côté actions, elle recommande de ne pas trop concentrer ses avoirs dans les sociétés technologiques et de laisser de la place aux titres à petite capitalisation exposés à des tendances porteuses.

Il y a ensuite les actifs alternatifs. Elle recommande les actifs privés, qui ne conviennent pas à tous les profils d’investisseur, mais qui, en raison de leur liquidité, peuvent améliorer les rendements en complément des actions publiques.

Enfin, il est possible d’incorporer un peu d’ingénierie financière dans les portefeuilles pour en tirer des avantages tels que la protection contre les chutes de prix, la réduction de la volatilité, ou l’amélioration des rendements.

« Tous ces outils ne conviennent pas à tous ; il faut prendre en considération les objectifs du client, son horizon, sa situation, sa tolérance au risque, et autres éléments de contexte », prévient Leslie Alba.

Un des grands risques de l’environnement actuel, selon elle, est la déconnexion entre les données économiques, les signaux en provenance des marchés obligataires et les performances des marchés d’actions. Les premières nous indiquent un affaiblissement, les secondes démontrent un certain pessimisme, tandis que les dernières expriment de l’optimisme. « Quand les signaux pointent vers plusieurs directions à la fois, il est plus facile de se tromper », prévient-elle.

Elle croit que la solution, si on se fie aux données historiques, est de s’en remettre à la patience, car celle-ci est toujours récompensée au bout du compte.

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

Nicholas Ritoux

Nicolas Ritoux

Nicolas Ritoux est journaliste indépendant. Il collabore à Conseiller.ca depuis 2009.