Toujours fiables, les grandes règles d’investissement?

Par La rédaction | 15 janvier 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Homme d'affaires se tenant devant une représentation du monde.
Photo : Vasin Leenanuruksa / 123RF

Pour bien investir durant les prochaines décennies, un gestionnaire de portefeuille peut-il continuer à suivre les grandes règles du siècle écoulé? s’interrogent les banquiers suisses Thierry Lombard et Arnaud Apffel.

Dans une tribune publiée lundi par le quotidien économique Le Temps, le vice-président de la banque privée helvétique Landolt & Cie et le directeur général de la firme de conseil Perennium répondent par la négative. En effet, expliquent-ils, l’investisseur d’aujourd’hui « a besoin d’appréhender les lames de fond technologiques, environnementales et sociétales et leur impact sur nos modes de vie ».

Pour étayer leur démonstration, les deux dirigeants dressent la liste des 10 principales capitalisations boursières américaines au cours de la décennie écoulée, reflet, selon eux, « des profonds changements qui sont à l’œuvre ».

ÉNERGIES RENOUVELABLES C. ÉNERGIES FOSSILES

La plus importante compagnie pétrolière et gazière américaine, Exxon Mobil, a ainsi dégringolé de la première à la neuvième place du palmarès en l’espace de 10 ans, relèvent-ils, avant de se demander ce qu’il en sera à l’horizon 2030 ou 2040. Notant qu’entre 2008 et 2018, la capitalisation boursière de l’industrie du charbon a chuté de 90 %, ils laissent entendre que le secteur de l’or noir pourrait subir le même sort.

« La décarbonisation de notre économie est le plus important défi industriel depuis la généralisation de l’utilisation du pétrole au début du XXe siècle, estiment Thierry Lombard et Arnaud Apffel. Après avoir rappelé que le monde de la finance investit environ 300 milliards de dollars par an dans le secteur des énergies renouvelables, ils estiment que ce montant devra chaque année être revu à la hausse (de cinq à dix fois plus d’ici à 2050) pour tenter de limiter le réchauffement climatique à +2°C d’ici la fin du siècle.

« L’investisseur doit pouvoir évaluer les risques des stranded assets [actifs dont la valeur peut être affectée par des changements de législation, de contraintes environnementales ou d’innovations technologiques] et saisir les opportunités liées à cette décarbonisation », analysent les deux dirigeants.

ANTICIPER LES RÉVOLUTIONS TECHNOLOGIQUES

Selon eux, un investisseur avisé aurait aujourd’hui intérêt à s’inspirer du modèle de Berkshire Hathaway, qui demeure dans la liste des 10 principales capitalisations boursières aux États-Unis depuis de longues années. Un succès qui « démontre l’intemporalité des grandes règles suivies par son directeur général, Warren Buffett : analyse rigoureuse, conviction, patience, discipline, capacité à agir à contre-courant ». Avec en toile de fond « l’adhésion au modèle d’affaires d’une entreprise sur le long terme (…) et non la spéculation sur l’évolution prochaine de son cours de Bourse ».

Toutefois, insistent Lombard et Apffel, une telle approche exige deux conditions. D’une part, avoir « la capacité à percevoir et si possible anticiper les révolutions technologiques et les changements de comportement des consommateurs et des citoyens ». D’autre part, être en mesure de « détecter les entreprises les plus à même de répondre à ces mutations ». Parmi les exemples de compagnies ayant réussi dans ce domaine, les deux banquiers citent Apple, Amazon, Microsoft, Facebook ou encore Alphabet (Google).

Leur conclusion? « Bien investir pour les prochaines décennies requiert de savoir appréhender ces lames de fond technologiques, environnementales et sociétales, et leur impact sur nos modes de vie. Comme l’enseigne un manuel de psychologie de la CIA : “Face à un changement de paradigme, ce sont les analystes qui connaissent le mieux un sujet qui ont le plus à désapprendre.” Jamais la prospective n’aura eu autant d’importance dans ce cadre. »

La rédaction