Contre l’incertitude, la qualité

Par Nicolas Ritoux | 20 juin 2023 | Dernière mise à jour le 11 octobre 2023
4 minutes de lecture

Le marché d’actions canadien comprend de belles occasions mais encore faut-il choisir des titres de haute qualité, conseille Colum McKinley, gestionnaire de portefeuille principal, Gestion d’actifs CIBC.

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« Il faut s’attendre à ce que la volatilité persiste sur le marché d’actions canadien, mais à long terme, il offre des perspectives prometteuses. Au 31 mai l’indice S&P/TSX avait gagné 1 % sur l’année précédente à pareille date, soit un retard de 4 % sur les gains du S&P américain en raison de la performance de leurs entreprises technologiques. Il y a donc du terrain à rattraper pour les sociétés canadiennes. Nous estimons le TSX attrayant aujourd’hui car ses prix se trouvent sous leur moyenne historique, et il y a de belles occasions à saisir dans plusieurs secteurs du marché, incluant des entreprises de haute qualité dont les titres s’échangent à rabais », dit Colum McKinley.

L’expert reconnait qu’il y a toujours un certain niveau de risque lié aux actions, et que plusieurs observateurs entrevoient une récession ou du moins un ralentissement économique. Pourtant, l’économie canadienne demeure plus robuste que prévu. Les hausses de taux d’intérêt ont toujours tendance à refroidir la consommation et par conséquent l’économie, or le chômage demeure faible et même si la croissance des profits des sociétés doit rester au ralenti, cela est déjà pris en compte dans les prix auxquels s’échangent les titres.

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Colum McKinley s’intéresse avant tout aux banques canadiennes. Leur indice au 31 mai était en recul de 16 % sur 12 mois, en raison d’une hausse de leurs impôts et d’un resserrement des exigences de capitalisation qui ont refroidi l’ardeur des investisseurs. Mais si on observe leur évolution sur 10 ans, en prenant en compte à la fois l’appréciation de leurs titres et leurs dividendes, les banques canadiennes ont offert un rendement annuel composé de 9,8 %, soit en surperformance par rapport aux 7,7 % du TSX sur la même décennie. À long terme, elles devraient rester une source de bons rendements pour les investisseurs. Or leur ratio cours-bénéfice est de 9,5 contre une moyenne sur dix ans de 10,7 times. Cela rend leurs prix attrayants, et il faut ajouter à cela des dividendes à hauteur de 5,2 %.

« Quatre banques ont d’ailleurs augmenté leurs dividendes récemment, ce qui est toujours bon signe pour les actionnaires, et on peut s’attendre à voir d’autres hausses en 2023 et 2024. Pour les investisseurs à long terme, c’est l’occasion d’accumuler des titres de haute qualité à bas prix, peu importe la volatilité du marché dans l’immédiat », précise Colum McKinley.

Il recommande aux investisseurs de se méfier de certains secteurs exposés à des risques, au premier lieu l’immobilier commercial qui est soumis selon lui à un « énorme niveau d’incertitude ».

« Depuis la pandémie, l’économie mondiale a changé. Nous avons adopté de nouvelles manières de travailler. Certaines sociétés sont 100 % revenues au bureau mais d’autres ont adopté des modèles hybrides dans lequel les employés se présentent un, deux, trois ou quatre jours par semaine. Dans bien des cas, les gens peuvent être tout aussi productifs en travaillant de la maison 100 % du temps, avec une meilleure qualité de vie. Il en résulte que de nombreux employeurs réévaluent leurs besoins en espaces de bureau. Cela va prendre du temps à se refléter dans l’économie, car beaucoup de baux sont à long terme, de huit à dix ans en moyenne pour les espaces de bureaux. Mais cela va finir par affecter les propriétaires et les flux de liquidités qu’ils peuvent générer pour les investisseurs. Il existe donc une forte incertitude qui met du temps à se manifester, et il faut donc se méfier du secteur », explique Colum McKinley.

Face à la probabilité d’une récession, l’expert formule trois recommandations. La première est de prioriser les entreprises de haute qualité qui ont démontré leur capacité à traverser des périodes d’incertitude par le passé, et sont ressorties mieux équipées pour profiter de la reprise suivante. Sa seconde recommandation est d’éviter les entreprises fortement endettées : « dans une économie qui ralentit fortement, elles deviennent vos ennemies, car leurs problèmes de liquidités prennent de grandes proportions », dit-il.

Enfin, comme toujours, il recommande de garder l’œil sur le long terme. « Les récessions vont et viennent, et pour quiconque a un horizon d’investissement lointain, elles présentent des opportunités. C’est l’environnement idéal pour investir dans de bonnes entreprises à de bons prix, pendant que les autres se soucient du ralentissement à court terme. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

Nicholas Ritoux

Nicolas Ritoux

Nicolas Ritoux est journaliste indépendant. Il collabore à Conseiller.ca depuis 2009.