Ignorer les critères ESG peut coûter cher

Par La rédaction | 4 novembre 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Rainer Puster / 123RF

Les investisseurs institutionnels qui oublient de tenir compte des critères environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance (ESG) pourraient devoir rendre des comptes à la justice, rapporte le site web du MÉDAC.

Abordant cette question dans un récent texte, le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires va jusqu’à évoquer un « étau réglementaire » qui se resserrait autour des fiduciaires. En effet, explique-t-il, les compagnies qui faillissent à intégrer dans leurs décisions de placement les fameux critères ESG risquent désormais des actions en justice, « en plus de faillir en même temps à leurs obligations de précaution et de loyauté envers les épargnants qui leur confient leur avoir ».

Selon une récente étude de l’Initiative financière du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE-IF), une série de réformes législatives et réglementaires dans plusieurs pays obligent aujourd’hui les investisseurs institutionnels à prendre en compte les facteurs ESG. Et ce, d’autant plus qu’un nombre croissant de gouvernements réévaluent à la hausse les répercussions que les changements climatiques et le laissez-faire économique risquent d’avoir sur le système financier et, plus largement, sur les populations.

DEUX INVESTISSEURS SUR TROIS SONT EN RÈGLE

« Certains gouvernements ont déjà formellement intégré le développement durable dans les mandats de leurs régulateurs financiers », relève, entre autres, le PNUE-IF, qui souligne par ailleurs que les pays industrialisés n’ont plus le temps de passer par une phase d’autoréglementation pour en arriver à bâtir « une économie durable et équitable ».

L’organisation internationale ajoute que, de son point de vue, l’obligation des fiduciaires d’intégrer des critères environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance ne se discute plus. À noter que l’Initiative financière du Programme des Nations unies pour l’environnement est un partenariat public-privé établi par le PNUE et le secteur financier.

Désormais, écrit le MÉDAC, « les obligations fiduciaires des investisseurs incluent d’intégrer les critères ESG à leurs analyses de placement, d’inciter les entreprises dans lesquelles ils investissent à intégrer ces normes à leurs critères de performance, d’intégrer à leurs décisions les préférences des bénéficiaires et épargnants en matière de durabilité, ainsi que divulguer leurs façons de mettre en pratique ces engagements ».

Si l’on en croit un sondage mené l’an dernier au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni pour le compte de RBC Gestion mondiale d’actifs, 70 % des investisseurs institutionnels utiliseraient aujourd’hui les critères ESG dans leurs processus de placements et de décisions. Toutefois, relève l’institution financière, la proportion de ceux qui utilisent « un peu » ces facteurs serait supérieure à celle qui affirme les employer « beaucoup ».

Concrètement, le pourcentage qui dit les utiliser « beaucoup » a connu une légère hausse chez nos voisins du Sud (environ 3 % par rapport à 2018), une hausse un peu plus importante au pays (plus de 5 %) et un véritable bond au Royaume-Uni (20 %).

LEUR MOTIVATION? OBTENIR UN MEILLEUR RENDEMENT

Logiquement, les répondants à l’enquête d’opinion qui se servent souvent des critères ESG se disent plus convaincus que ceux qui les utilisent seulement un peu de la valeur concrète d’une approche fondée sur ces facteurs.

Le sondage montre également que 90 % des investisseurs institutionnels considèrent que les portefeuilles intégrant les facteurs ESG performent sans doute aussi bien, sinon mieux, que les portefeuilles qui ne les incluent pas. Cette conviction se traduit d’ailleurs en actions bien réelles. En effet, 38 % des répondants dans le monde considèrent que l’intégration des critères ESG peut aider à générer de l’alpha, ce qui représente une augmentation de 14 % par rapport à 2017. Dans l’ensemble, seuls 20 % des sondés affirment ne pas croire que l’intégration des normes ESG soit une source d’alpha.

Conclusion de RBC : « L’amélioration des résultats, c’est-à-dire l’atténuation du risque et la hausse du rendement, constitue désormais la principale raison d’adopter de tels critères », qui est d’ailleurs invoquée par plus de la moitié des sondés (53 %).

La rédaction