La rigueur économique pour évaluer l’ESG

7 mars 2024 | Dernière mise à jour le 6 mars 2024
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Charday Penn / iStock

Les décisions ESG (environnement, société et gouvernance) ne devraient pas être prises sur des impulsions intuitives, mais plutôt sur des bases économiques solides, affirme Alex Edmans, professeur de finance à la London Business School. Ce dernier critique la tendance des investisseurs à faire des déclarations sensationnelles sur l’ESG sans l’appui d’une analyse économique approfondie, dans un article publié par CFA Institute.

L’expert déboulonne certains mythes tenaces qui entravent la compréhension de l’ESG. Il insiste sur le fait que l’ESG doit être vu comme un investissement à long terme similaire à d’autres types d’investissements, avec des implications financières et sociales à long terme. Il soutient que des décennies de cadres d’investissement éprouvés peuvent être appliquées à l’ESG, contredisant l’idée qu’un nouveau paradigme est nécessaire.

Il explique que l’émotion et l’intuition peuvent souvent conduire à des interprétations erronées, comme croire que l’ESG réduit systématiquement le coût du capital ou garantit des rendements plus élevés. « D’abord, ne pas nuire », rappelle Alex Edmans, invoquant le serment d’Hippocrate des médecins.

Il conteste l’idée répandue que la valeur actionnariale est un concept à court terme et soutient qu’elle est en réalité un concept à long terme. Ceci est particulièrement pertinent pour l’ESG, qui vise des bénéfices à long terme tant pour les actionnaires que pour la société.

Selon lui, les actions durables ne génèrent pas forcément des rendements plus élevés, ce pourrait même être le contraire puisque la durabilité peut être prise en compte dans les prix.

Plutôt que de poursuivre une recherche académique extensive, les praticiens devraient appliquer les connaissances déjà établies en économie à l’ESG, estime Alex Edmans. Il suggère que l’industrie ESG pourrait bénéficier de moins de recherches et de plus d’applications pratiques des théories économiques existantes.  « La recherche académique sur l’ESG est devenue une bulle avec des tonnes de gens qui essaient d’écrire sur le sujet et qui ont peu d’expertise », affirme-t-il.

Son article est un appel à un débat plus rigoureux et nuancé, essentiel pour les questions ESG qui façonnent l’avenir non seulement des marchés financiers, mais aussi de la société dans son ensemble.

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