Mesurer l’« investissement d’impact »

Par La rédaction | 27 février 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Jacek Kita / 123RF

Bien que l’investissement à retombées sociales, dit « d’impact », soit devenu très populaire, il est souvent difficile d’évaluer les retombées sociales des entreprises. Définir une norme commune est compliqué et les méthodes pour y parvenir sont encore en cours d’expérimentation.

Quantifier certaines retombées positives peut être aisé. Par exemple, lorsque les activités visées par l’investissement responsable permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre ou la production de déchets. On peut ainsi calculer les quantités de CO2 économisées par l’entreprise et cela nous donne le gain pour cette dernière, puisqu’environ une tonne de gaz carbonique vaut une vingtaine d’euros, souligne le quotidien suisse Le Temps.

Territoires innovants en économie sociale et solidaire (TIESS), un organisme de liaison et de transfert dans le secteur, a lancé un chantier de trois ans au printemps 2016 à travers lequel les acteurs du milieu vont tenter de définir et d’échanger des outils de mesure.

« Si l’économie sociale est méconnue, c’est peut-être parce qu’on ne se vante pas assez. Plus on va s’outiller pour pouvoir faire cette mesure d’impact social, mieux les gens vont pouvoir la connaître », indiquait Marie J. Bouchard, professeure à l’École de la gestion (ESG) de l’UQAM et impliquée dans le projet du TIESS, au journal Le Devoir.

Cependant, certaines retombées sont complexes, voire impossibles à quantifier. Comment mettre un chiffre sur les changements dans la qualité de vie d’une personne, le renforcement de la cohésion sociale ou la résilience d’une entreprise?

DES EFFETS DIFFICILEMENT QUANTIFIABLES

Un bon exemple d’investissement responsable difficile à quantifier est celui de Fenix, une entreprise productrice de panneaux solaires lancée par d’anciens employés d’Apple. Ces panneaux peuvent notamment être installés sur des huttes en Afrique, ce qui permet aux familles d’alimenter leur téléphone portable ou de produire leur propre électricité.

Il est évidemment assez simple de connaître le nombre de foyers disposant de ce produit, mais ce chiffre ne reflète pas à lui seul les retombées positives des panneaux solaires de cette entreprise.

Ce produit a également eu une incidence sur la pollution locale puisqu’avant d’utiliser l’énergie solaire, des millions de gens brûlaient du diesel, du bois ou du charbon, ou encore utilisaient des génératrices électriques, relate Le Temps.

Les panneaux solaires ont également eu un effet bénéfique sur la santé des familles, car ils permettent de réduire la pollution à l’intérieur des habitations, l’une des causes de mortalité infantile en Ouganda.

« Plus surprenant, l’adoption des panneaux solaires de Fenix a aussi amélioré l’inclusion financière dans le pays », explique Tim Radjy, fondateur d’Alphamundi à Genève, un spécialiste de l’investissement d’impact.

« Au départ, un panneau était trop coûteux pour un agriculteur local, à 300 dollars. Grâce à notre investissement, Fenix a pu proposer des plans de financement sur 12 ou 24 mois. L’adoption du produit a été facilitée, mais surtout, Fenix a obtenu beaucoup d’informations sur le comportement et les capacités financières de ses clients », explique-t-il.

Comment quantifier ces effets secondaires des panneaux solaires? L’investissement d’impact vise souvent un but précis, mais de cela découlent pleins d’autres bienfaits qui eux sont parfois difficiles à prévoir et souvent impossibles à chiffrer.

La rédaction