Prévoir l’avenir n’est jamais facile

Par La rédaction | 7 janvier 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Homme face à un mur.
Photo : Viktor Gladkov / 123RF

Au début de chaque année, le cofondateur et directeur de l’investissement de la firme Ritholtz Wealth Management, Barry Ritholtz, revient sur ses analyses et prédictions de l’année précédente et se fait un malin plaisir à jeter la lumière sur quelques erreurs d’appréciation. Il pousse le plaisir sadique jusqu’à le faire publiquement dans une chronique qu’il tient sur Bloomberg.

Voici trois prédictions qu’il aurait souhaité ne pas avoir écrites en 2018 :

1. TRUMP NE FERA AUCUN MAL AU MARCHÉ BOURSIER

M. Ritholtz a souvent écrit par le passé que mélanger la politique et l’investissement était une mauvaise idée, convaincu qu’il était que les mouvements des marchés financiers n’avaient en fait que peu à voir avec les actions d’un président. Du moins, d’un président normal.

Là résiderait sa première erreur de 2018. M. Ritholtz regrette d’avoir dû attendre jusqu’en décembre avant de réaliser que Donald Trump n’est justement pas un président normal. Il se plaint publiquement et à répétition des augmentations des taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine. Pourtant, il en est lui-même grandement responsable, puisqu’il a remplacé Janet Yellen par Jerome Powell. Lorsqu’il était candidat, Donald Trump talonnait Mme Yellen parce qu’elle gardait les taux trop bas. De là, la nomination de M. Powell, beaucoup plus énergique sur la remontée des taux. Un geste que Donald Trump regrette déjà.

Le président Trump s’est aussi acharné à creuser le déficit public américain en pleine reprise économique, alors que l’occasion eut été belle de le réduire. Il a aussi lancé une guerre commerciale larvée contre la Chine. Bref, les actions de Trump ont bel et bien une incidence sur les marchés.

2. ACHETER DANS LES MARCHÉS ÉMERGENTS

Les marchés émergents ont longtemps eu la faveur de M. Ritholtz lorsqu’il était question de stratégie d’investissement à long terme, en raison de la faible évaluation des titres. Il était d’avis que ceux qui y achetaient des titres auraient peut-être l’air téméraires pendant quelques années, mais finiraient par passer pour des petits génies.

Quelques années plus tard, M. Ritholtz constate que la deuxième partie de l’équation tarde à se matérialiser…

3. LES INFRASTRUCTURES 

Le chroniqueur de Bloomberg faisait confiance à Donald Trump, au moins pour cette partie de sa stratégie économique : construire et rénover les infrastructures américaines. Il constate aujourd’hui que ce n’est pas demain la veille que les chemins de fer, les aéroports et les systèmes de distribution de l’électricité modernes se multiplieront aux États-Unis. 

DES ERREURS ÉVITABLES?

Barry Ritholtz présente aussi quelques éléments qui pourraient constituer des erreurs, bien qu’il soit trop tôt pour l’affirmer avec certitude :

  • Le rôle de Facebook dans l’élection de 2016

Tout de suite après l’élection de Donald Trump, le chroniqueur soutenait que le rôle de Facebook dans cette joute électorale avait probablement été mineur. Finalement, il constate que changer le vote de 77 774 personnes dans trois états a peut-être été suffisant pour faire basculer l’élection. C’est ce que révèle l’enquête sur l’intervention russe dans l’élection présidentielle de 2016, qui soutient aussi qu’Instagram a peut-être joué un rôle plus important encore que Facebook.

  • Ne pas avoir peur d’octobre 

Au début du mois d’octobre 2018, M. Ritholtz écrivait que les investisseurs devraient s’inquiéter davantage du mois de septembre que de celui d’octobre, si l’on se fiait à l’historique des rendements. Peu après, les actions piquaient du nez, chutant de manière ininterrompue pendant trois mois, perdant près de 20 %. Bon, il faut lui donner qu’il avait raison sur le fond. Historiquement, septembre a été souvent pire qu’octobre pour les rendements boursiers, comme le démontraient bien les chiffres cités dans son article. Mais le moment de parution de cet article était, disons, malheureux…

Iriez-vous jusqu’à publier vos erreurs de l’année précédente, histoire de faire maison nette pour commencer chaque année? 

La rédaction