Pour une retraite épanouie

25 juillet 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Après 40 ans de carrière dans les domaines de la médecine, de la recherche et de l’administration publique, Yves Lamontagne a quitté son poste de PDG du Collège des médecins du Québec en 2010 afin d’entreprendre une nouvelle carrière… celle de retraité. Il a publié en 2014, Une retraite épanouie, aux Éditions Québec Amérique.

Conseiller : Vous affirmez que pour demeurer épanoui quand vient le temps de la retraite, il faut s’y préparer tôt.

Yves Lamontagne : Surtout sur le plan financier. Le principal problème des retraités, c’est l’argent. Dès que l’on commence à travailler, il faut investir dans des REER. Mais cela ne suffit pas. Il faut penser à ce que l’on veut faire à la retraite. Ceux qui se sont beaucoup investis dans le travail et ceux dont le réseau social dépend beaucoup de ce milieu ont intérêt à prendre une retraite progressive. Pour qu’une retraite soit épanouie, il faut rester actif intellectuellement, physiquement et socialement.

Vous incitez même les gens qui sont déjà à la retraite à retourner travailler s’ils ressentent un trop grand vide.

Lorsqu’on arrête de travailler, il y a deux belles années où l’on fait tout ce que la vie professionnelle nous a empêchés de faire. Certains voyagent, d’autres lisent, vont au musée, font de la randonnée, du bénévolat, etc. C’est bien, mais après quelques années, certains ne s’en satisfont plus. Il y a des compagnies qui sont très contentes d’engager des employés à la retraite pour quelques heures par semaine ou pour la saison. Cela permet à la fois d’arrondir les fins de mois, de socialiser et de partager son expérience.

Vous en revenez constamment à la socialisation…

Après l’argent, c’est un des grands enjeux de la retraite, surtout chez les hommes, qui ont pris l’habitude de sortir entre confrères. À la retraite, on se retire de l’entreprise et l’on est vite oublié. Il faut donc trouver des moyens, soit de ne pas se retirer complètement ou soit de socialiser autrement. En faisant du bénévolat par exemple, une activité physique ou artistique.

Vous dites d’ailleurs que vous n’aimez pas le mot « retraite ».

Hemingway disait que c’était le mot le plus répugnant de la langue et il avait bien raison. La retraite, ça veut dire se retirer ou se sauver. On ne se sauve pas, on fait juste un pas de côté, on change d’orientation et de priorités. Je vois plutôt ce moment de la vie comme une phase de transition. L’espérance de vie augmente alors, pourquoi décider de tout quitter du jour au lendemain? Si notre vie est ennuyante, je peux bien comprendre, mais si l’on aime ce que l’on fait, peut-être que c’est le rythme qui ne nous plaît plus, la pression, etc. Il faut réfléchir à ce que l’on veut faire et de quelle façon. Mais en aucun cas, il s’agit de se retirer de la société.

Pour ceux qui sont en couple, vous expliquez qu’il y a aussi des enjeux à bien considérer.

Si les deux travaillent, il existe un danger à prendre sa retraite en même temps. Vous avez vécu des années en vous côtoyant quelques heures le soir et les fins de semaine et tout à coup, vous allez vivre 24 heures sur 24 ensemble. Il faut ensuite parvenir à accepter que chacun préserve une partie privée et que personne ne devienne l’esclave de l’autre. Et puis, bien réfléchir à chaque décision. Il y a notamment la tentation de vendre la maison et de vivre dans un trois et demi; il n’y a rien de tel pour les disputes! On pense aussi à vendre la maison et de s’installer au chalet… sauf que si vous aviez l’habitude ne n’y aller que l’été ou les fins de semaine, vous n’allez peut-être pas apprécier la vie tranquille de village au mois de novembre

Si vous aviez un seul conseil à donner, quel serait‑il?

En fait, j’ai deux conseils. Rester actif parce que de cela, découle la socialisation. Et faire attention à ne pas devenir des vieux pauvres. Attention, ce n’est pas parce que vous serez de vieux riches que vous serez épanouis, mais devoir baisser son niveau de vie, ce n’est vraiment pas drôle.

Le point de vue de Gaétan Veillette, planificateur financier à IG Gestion de patrimoine

Quiconque peut développer un niveau accru d’épanouissement à la retraite, estime Gaétan Veillette. Il s’agit de s’impliquer dans son environnement sociétal. Le bénévolat dans des champs d’activités qui nous intéressent s’avère une opportunité de soutenir une cause sociale, de côtoyer des gens intéressants, de parfaire notre expertise (ou de la maintenir) et surtout de se sentir utile à la société.

« À la retraite, les planificateurs financiers devraient par exemple pouvoir continuer à partager leur expertise et la maintenir par diverses activités, précise-t-il, notamment en faisant du bénévolat pour produire les déclarations de revenus des personnes dans le besoin ou celles à revenus modestes ou en perte d’autonomie. Ou encore, ils peuvent conseiller les gens dans leur gestion de patrimoine sous réserve des activités réservées par le cadre professionnel, s’ils n’ont pas renouvelé leur permis de pratique.

Ils peuvent aussi travailler à temps partiel dans un cabinet afin de rester dans le réseau ou rédiger des articles professionnels dans divers médias. En somme, il existe une panoplie de possibilités pour s’épanouir à la retraite, conclut‑il ».