Le huard va remonter cette année, croient les experts

Par Hélène Roulot-Ganzmann | 8 janvier 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Si la devise canadienne a chuté cette semaine à son plus bas depuis 12 ans, des économistes croient qu’il se réappréciera au cours de l’année 2016.

« Le dollar canadien a été la moins performante des grandes monnaies l’an dernier, perdant plus de 16 % par rapport à l’USD, peut-on lire dans une note rédigée par les économistes de la Banque nationale. La montée du dollar américain, conjuguée à l’effondrement des prix du pétrole et à un ton très accommodant de la Banque du Canada, représentait un trop grand défi pour le huard. Après un tel effondrement, il y a plus de potentiel de hausse que de baisse pour le dollar canadien, à notre avis. Si, comme nous le prévoyons, les prix du pétrole se ressaisissent un peu, le taux USD/CAD pourrait se rapprocher de 1,30 d’ici la fin de l’année. »

En attendant, le huard affichait mercredi son pire creux depuis 12 ans par rapport à son homologue américain, atteignant les 71 cents américains. Il perdait également du terrain face au yen japonais alors même que celui-ci est au plus bas depuis trois ans.

COMMENT PROTÉGER LES PORTEFEUILLES

« Cette volatilité de notre monnaie est certes un élément d’incertitude supplémentaire, indique Hendrix Vachon », économiste au Mouvement Desjardins, en entrevue avec Conseiller. « Mais ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle pour tous les investisseurs. D’abord, cette incertitude peut être compensée dans certains fonds par des couvertures. Ensuite, ça dépend dans quel pays on veut investir. On [suit] les mouvements du huard par rapport au dollar américain. Mais si je regarde par rapport à l’euro ou au yen, ce n’est pas du tout la même ampleur. »

M. Vachon insiste ainsi sur la diversification des portefeuilles pour pallier ce risque de volatilité. Évidemment, un client qui investirait massivement aux États-Unis à la faveur d’un taux de change intéressant perdrait des plumes si le huard venait à s’apprécier de nouveau, explique-t-il.

UN DOLLAR AMÉRICAIN SURÉVALUÉ?

Le dollar américain pondéré en fonction des échanges semble surestimé, après avoir gagné environ 20 % au cours des deux dernières années, écrivent les économistes de la Banque nationale.

« La dernière fois qu’il a connu une hausse du même ordre, en 1997, cela s’est mal terminé pour l’économie mondiale. La Fed prendra bonne note des risques, à la fois intérieurs et mondiaux, et interviendra par conséquent probablement très lentement sur les taux d’intérêt. Le dénouement des positions spéculatives longues massives sur le dollar américain pourrait aider à ramener celui-ci sur terre », croient-ils.

Une position que ne partagent cependant pas tous les analystes, et ce, au sein même de la Réserve fédérale américaine. Le numéro deux de la Fed, Stanley Fischer, a déclaré mercredi qu’il s’attendait probablement à trois ou quatre hausses des taux d’intérêt au cours de 2016.

STEPHEN POLOZ VEUT CALMER LE JEU

Face à ces incertitudes, le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, a invité les Canadiens à la patience. Dans un discours prononcé hier dans le cadre des Petits-déjeuners du maire, à Ottawa, il a insisté sur le fait que nous revivions aujourd’hui la même situation qu’il y a une dizaine d’années, avec un dollar canadien et un cours du pétrole au plus bas.

« Le relèvement du taux directeur effectué le mois dernier par la Réserve fédérale américaine est la première étape d’un long processus vers la normalisation de la politique monétaire aux États-Unis, a-t-il affirmé. Bien que cela aura des implications pour le Canada et ses marchés financiers, la Banque du Canada est bien outillée pour réagir. Elle dispose d’un certain nombre d’outils – traditionnels et non traditionnels – pour atténuer les risques entourant sa cible d’inflation et le système financier canadien, si ceux-ci venaient à se matérialiser. »

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Hélène Roulot-Ganzmann