Rester fidèle à sa philosophie d’investissement, c’est gagnant !

Par Sylvie Lemieux | 28 mars 2024 | Dernière mise à jour le 25 mars 2024
3 minutes de lecture
Vue de dessus d'un responsable de crise empêchant les dominos de s'effondrer. Sur fond bleu marine.
Gajus / AdobeStock

Tôt ou tard, tout conseiller est susceptible de recevoir une demande qui sort de l’ordinaire de la part de ses clients. Dans cette série d’articles, des professionnels partagent leurs expériences et les leçons qu’ils en ont tirées.

Renoncer à un gros client peut s’avérer déchirant, surtout en début de carrière. Daniel Ouellet a néanmoins fait ce choix au début des années 2000, lorsqu’il a laissé partir un investisseur prêt à placer 500 000 $.

« L’homme avait quitté son emploi et retiré l’intégralité de son fonds de retraite. Il voulait réinvestir cette somme dans des fonds spéculatifs pour doubler rapidement la valeur de son portefeuille », raconte le gestionnaire de portefeuille au Groupe Ouellet Bolduc, un gestionnaire d’actifs chez Desjardins Gestion de patrimoine.

Cette requête était contraire à la philosophie d’investissement de Daniel Ouellet qui privilégie, encore aujourd’hui, la gestion des risques et l’investissement à long terme.

« L’homme devait être dans la cinquantaine. Il ne lui restait donc que quelques années avant de prendre sa retraite. J’ai essayé de le persuader d’adhérer à une approche de gestion plus prudente, sans succès. »

Malgré l’occasion de faire croître considérablement les actifs sous gestion de la jeune entreprise, Daniel Ouellet est resté fidèle à ses valeurs.

« C’est important de rester cohérent avec soi-même et avec les objectifs de croissance durable que l’on s’est fixés, soutient-il. Notre carrière se construit sur notre réputation et notre renommée. Engendrer des revenus à court terme non alignés avec l’image que l’on souhaite projeter dans le secteur financier comporte un risque réputationnel. »

Il a fait siennes les deux règles à respecter en investissement. « La première : je ne spéculerai jamais, la deuxième : n’oubliez pas la première », rappelle Daniel Ouellet.

UN CLIMAT PROPICE À LA SPÉCULATION

Il trouvait important de partager cette histoire dans le contexte actuel qui semble propice à la spéculation boursière, similaire à celui du début du siècle.

« Je lisais récemment que le nombre de nouveaux comptes ouverts chez les courtiers à escompte en Europe est en hausse, raconte-t-il. C’est un signe annonciateur d’une spéculation accrue. On est dans une période de course au rendement, influencée par le syndrome du FOMO [fear of missing out], soit la peur de passer à côté d’une opportunité. On observe aussi l’émergence de fonds négociés en Bourse de cryptomonnaies. »

Les conseillers peuvent donc s’attendre à des sollicitations d’investisseurs en quête de gains rapides et risqués. Si ces profils ne correspondent pas à la clientèle qu’ils souhaitent servir, mieux vaut les orienter ailleurs, même si cela implique une progression moins rapide du chiffre d’affaires, recommande-t-il.

« Je suis content de la décision que j’ai prise à l’époque. À nos débuts, on avait adopté la convention d’honoraires, mais aujourd’hui, tous nos mandats relèvent de la gestion discrétionnaire. Si un client veut spéculer avec une partie de ses actifs, on le redirige vers un courtier à escompte », affirme Daniel Ouellet.

Cette stratégie semble avoir porté ses fruits. Le Groupe Ouellet Bolduc compte aujourd’hui 24 employés et gère un peu plus de 1,9 milliard de dollars d’actifs.

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Sylvie Lemieux

Sylvie Lemieux est journaliste pour Finance et Investissement et Conseiller.ca. Auparavant, elle a notamment écrit pour Les Affaires.