Indexation de l’Allocation canadienne pour enfants

Par La Presse Canadienne | 21 juillet 2023 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Famille heureuse
Photo : Ridofranz / iStock

Sept ans après sa création, l’Allocation canadienne pour enfants est saluée pour avoir « sorti des enfants de la pauvreté », alors que les familles bénéficient ce mois-ci d’une indexation en fonction du coût de la vie.

Les familles admissibles à l’Allocation canadienne pour enfants recevaient jeudi leur prestation de juillet, avec indexation. La plupart des prestations et crédits fédéraux ont augmenté de 6,3 % ce mois-ci, pour tenir compte de l’inflation de l’année précédente.

Les familles peuvent ainsi recevoir un total annuel allant jusqu’à 7437 $ par enfant de moins de six ans, et 6275 $ par enfant de six à 17 ans.

Les libéraux soulignent avec fierté jeudi cette Allocation canadienne pour enfants afin de marquer son septième anniversaire, la prestation avait été annoncée dans leur premier budget, en 2016.

Le premier ministre Justin Trudeau s’est rendu dans le sud-est de l’Ontario, jeudi, pour parler avec des familles de l’impact de cette prestation, qui, selon lui, aurait réduit la pauvreté un peu partout au pays.

Selon Statistique Canada, 7,4 % des Canadiens vivaient dans la pauvreté en 2021, contre 12,9 % en 2016, lorsque l’Allocation canadienne pour enfants a été mise en place.

Robert Asselin, qui a été directeur des politiques et du budget de l’ancien ministre des Finances Bill Morneau, a salué le succès de cette prestation, qu’il a qualifiée de « politique phare » de la campagne électorale libérale de 2015.

L’Allocation canadienne pour enfants a remplacé la Prestation universelle pour la garde d’enfants, mise en place par le gouvernement conservateur de Stephen Harper en 2006.

Une différence clé entre les deux prestations est que la version Harper était un bénéfice imposable universel, offert à toutes les familles, quel que soit leur revenu.

REVENU FAMILIAL NET

Robert Asselin, qui est aujourd’hui premier vice-président, politiques publiques, au Conseil canadien des affaires, explique que la décision de réformer la prestation en tenant compte du revenu des ménages a permis de mieux cibler la politique publique vers les familles qui en ont le plus besoin.

« La décision a été prise de couper cette prestation pour les personnes qui gagnent au-dessus d’un certain seuil, se souvient Robert Asselin. Et vous savez, je pense que le mérite revient au premier ministre, qui l’a tout de suite appuyée. »

Selon l’Agence du revenu du Canada, le montant de la prestation diminue graduellement lorsque le « revenu net familial rajusté » dépasse 34 863 $.

Dans une entrevue, la ministre des Familles, Karina Gould, a vanté les effets positifs de la prestation, attribuant le succès de la réduction de la pauvreté au fait que les paiements sont ciblés et tiennent compte du revenu familial.

« Nous avons vraiment, je pense, introduit quelque chose qui peut enseigner à chaque ordre de gouvernement des leçons significatives sur la façon de sortir les gens de la pauvreté, de concevoir une prestation qui fait une différence et qui a ensuite un impact réel sur les familles », a soutenu Karina Gould.

Jennifer Robson, professeure agrégée de gestion politique à l’Université Carleton, souligne toutefois qu’il est difficile de prouver que cette prestation est entièrement responsable de la réduction de la pauvreté au pays.

Mais un regard sur les données montre que les taux de pauvreté des enfants ont diminué plus fortement après la mise en place de la prestation, reconnaît-elle, en soulignant que « l’intensité » de la pauvreté a aussi été réduite. Cela signifie que l’écart moyen a diminué entre le seuil de faible revenu et le revenu du ménage où des enfants vivent dans la pauvreté, après impôts et transferts.

Mais la professeure Robson rappelle qu’on peut faire mieux, car les enfants qui vivent dans un foyer à faible revenu sont en moyenne encore environ 25 % en dessous du seuil de pauvreté.

« L’Allocation canadienne pour enfants a probablement fait beaucoup pour les enfants des familles à faible revenu plus proches du seuil de pauvreté, pour les faire franchir ce seuil », a estimé Jennifer Robson dans un courriel.

« Mais pour ceux qui vivent dans une plus grande pauvreté, la prestation n’est probablement pas encore assez importante pour leur faire franchir ce seuil. »

Et il serait difficile de résoudre cette équation, selon la professeure Robson, car il serait coûteux d’améliorer la prestation pour les familles à faible revenu sans réduire le nombre d’enfants qui la reçoivent ou le seuil à partir duquel le montant de la prestation diminue avec le revenu familial.

Il existe selon elle d’autres moyens d’améliorer le succès de l’Allocation, notamment en indexant les prestations plus fréquemment pour qu’elles reflètent plus étroitement le coût de la vie en temps réel.

Certains parents sont également privés de cette prestation, a-t-elle rappelé, car ils ne remplissent pas de déclaration de revenus.

De façon générale, cependant, Jennifer Robson salue les efforts visant

à rendre la vie plus abordable pour ceux qui veulent avoir des enfants. « C’est, à mon avis, une bonne politique économique. L’Allocation en fait partie. »

La Presse Canadienne