Saison des impôts : quelques conseils pour bien naviguer

Par Alizée Calza | 26 février 2024 | Dernière mise à jour le 26 février 2024
5 minutes de lecture
Femme asiatique planifiant le budget et utilisant la calculatrice sur smartphone.
staticnak1983 / iStock

Pour que la saison des impôts ne soit pas trop pénible, Finance et Investissement a demandé à Geneviève Mottard, , CPA, présidente et chef de la direction de l’Ordre des comptables professionnels agréés (CPA), quelques astuces et conseils.

Pour elle, quatre éléments sont particulièrement importants lorsque vient le temps de faire ses impôts :

  1. Se faire accompagner par un professionnel;
  2. Privilégier un CPA à un comptable;
  3. Parfaire ses connaissances en matière de littératie financière;
  4. S’y prendre tôt.

UN COÛT QUI VAUT LA PEINE

Vouloir faire ses impôts tout seul est honorable, mais c’est souvent une mauvaise idée.

« Il faut comprendre qu’à la base la fiscalité c’est complexe. Il y a une blague à l’interne dans le milieu comptable où on dit que l’année où la loi fiscale a été simplifiée par l’État, elle a triplé d’épaisseur », rapporte Geneviève Mottard.

Sans accompagnement, il est facile de passer à côté de certains crédits et déductions.

« Un exemple que je pourrais vous donner c’est la fiscalité des aînés. Il y a énormément de mesures pour nos aînés que ce soit le médecin à domicile, les dépenses médicales, les aidants naturels, etc. Il y a une panoplie de mesures fiscales disponibles pour eux. Et si ces personnes ne se font pas accompagner, comment s’assurent-elles d’aller tirer profit de tous ces crédits et déductions? »

Ainsi, il est mieux de se tourner vers un expert que d’essayer de se débrouiller seul. Toutefois, attention à ne pas être mal accompagné!

COMPTABLE NE VEUT PAS DIRE CPA

Geneviève Mottard a tenu à faire la différence entre CPA et comptable, car si le titre de CPA est un titre réservé dans la loi, celui de comptable ne l’est pas. Ainsi, n’importe qui peut se dire comptable et un contribuable pourrait ainsi confier ses impôts à une personne non qualifiée.

Un CPA, lui, est membre d’un Ordre professionnel, il a donc l’obligation de se tenir au courant de toutes les nouvelles mesures de fiscalité. Il va également pouvoir faire une appréciation complète de la situation du contribuable et s’assurer que son client tire avantage au maximum des crédits et déductions qui lui sont disponibles en fonction de sa situation.

Un comptable n’a aucune obligation de quoi que ce soit. Il n’est pas obligé de se tenir au courant des nouveautés en matière de fiscalité ni même d’avoir les compétences requises pour le titre qu’il dit détenir. « Vous avez le risque de faire affaire avec une personne qui a peu ou aucune compétence en la matière », résume Geneviève Mottard en citant l’exemple récent de Nathalie Ratthé.

Sans compter qu’en cas d’erreurs, le contribuable n’a aucun recours contre une personne qui ne ferait pas partie de l’Ordre des CPA. Alors que si un CPA commet une erreur, le contribuable peut faire appel à l’Ordre des CPA pour intervenir sur le dossier.

« C’est très important de faire cette distinction ou vous risquez de vous retrouver avec une personne qui peut vous laisser tomber au moment où vous êtes dans le trouble et qui n’a pas nécessairement toutes les compétences pour s’assurer de tirer au maximum avantage des lois fiscales québécoises et fédérales », martèle Geneviève Mottard.

Pour s’assurer que le comptable est bien un CPA, il suffit de se référer au tableau des membres de l’Ordre des CPA. Quant aux contribuables qui cherchent à faire affaire avec un CPA, CPA Québec publie un bottin qui permet d’en trouver un dans sa région.

Pour ce qui est du coût de faire appel à un tel professionnel, Geneviève Mottard estime « que la façon de le regarder c’est de voir combien ça vous coûte de ne pas faire affaire avec un CPA ». Le coût demandé est ainsi souvent rapidement remboursé grâce aux déductions et crédits que ce professionnel va chercher.

On peut considérer cela comme une véritable assurance, une « garantie de qualité », affirme Geneviève Mottard.

SE CULTIVER C’EST TOUJOURS BIEN

Si faire affaire avec un CPA semble tout indiqué, cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas fournir un petit effort. Geneviève Mottard recommande ainsi aux contribuables de se préparer eux-mêmes et de cultiver quelque peu leurs connaissances en matière de littératie financière.

« Une bonne suggestion c’est de se procurer le livre qu’on publie chaque année à l’Ordre qui s’appelle Réduisez vos impôts, et qui est un très bon livre vulgarisateur sur les nouveautés en matière fiscale dans l’année », suggère-t-elle.

N’ATTENDEZ PAS LA DERNIÈRE MINUTE

La profession de comptable n’est pas épargnée par les pénuries de main-d’œuvre, prévient Geneviève Mottard. Il est donc bon de ne pas attendre le dernier moment pour remplir sa déclaration d’impôt.

L’experte rappelle que les autorités ont jusqu’à la fin février pour remettre tous leurs relevés aux contribuables. Et même si ces derniers ont jusqu’au 30 avril pour produire leur déclaration, tout dépendant de leur situation, mieux vaut ne pas tarder.

Surtout que les productions tardives sont lourdes de conséquences. Déjà, il y a une pénalité pour non-production, sans compter que si le contribuable a un solde à payer, les intérêts pour celui-ci courront dès le 1er mai.

« Mieux vaut produire sa déclaration et s’amender ensuite au besoin pour ne pas avoir de pénalités », estime Geneviève Mottard.

DES NOUVEAUTÉS INTÉRESSANTES

Cette année a vu l’apparition du « Remboursement pour l’épicerie », une mesure du gouvernement fédéral pour contrer l’augmentation importante des prix de l’alimentation pour les familles qui ont des moyens plus réduits et qui ont le droit de recevoir le crédit pour la TPS/TVH.

De plus, il y a une réduction du taux des deux premiers paliers d’imposition au Québec, soit de 15% à 14% et de 20% à 19%, rapporte Geneviève Mottard.

Finalement, elle retient également une mesure mise en place dans la foulée de la crise du logement. Pour éviter les reventes précipitées, une mesure a été imposée obligeant les propriétaires à détenir un immeuble au moins 365 jours pour se prévaloir de déductions comme celle pour résidence principale.

Sachant tout cela, encouragez vos clients à réclamer leurs relevés et à se tourner rapidement vers un professionnel pour les aider… mais pas n’importe lequel!

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Alizée Calza

Alizée Calza est rédactrice en chef adjointe pour Conseiller.ca et pour Finance et Investissement.