4 bulles financières américaines qui menacent l’économie

Par La rédaction | 29 mars 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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The stars and stripes with dollar bills of the USA

Encouragés par les bas taux d’intérêt, les Américains empruntent de plus en plus, tandis que les portefeuilles des banques croulent sous des milliards de dollars de dettes. Un phénomène qui inquiète un nombre croissant d’économistes, rapporte Le Figaro.

« Une nouvelle crise financière se profile-t-elle à l’horizon? Pour de nombreux observateurs, la réponse est oui », note le quotidien, qui explique que les bulles d’endettement qui se multiplient chez nos voisins du Sud ces dernières années menacent désormais d’éclater. Tout au moins quatre d’entre elles.

LA BULLE ÉNERGÉTIQUE

L’effondrement des cours du pétrole, qui a chuté de 60 % en moins de deux ans, met en difficulté le secteur énergétique américain, en particulier dans le domaine du gaz de schiste. Résultat, même si les sociétés de forage ont longtemps réussi à maintenir la tête hors de l’eau, le nombre de faillites augmente.

Le cabinet spécialisé Haynes & Boone précise ainsi que 42 sociétés productrices de pétrole et de gaz ont dû cesser leurs activités en 2015 et neuf autres cas de faillites ont été recensés rien que depuis le début de cette année.

Le problème, souligne Le Figaro, c’est que toutes ces compagnies « sont assises sur une montagne de dettes, les banques ayant financé le secteur à tour de bras lorsqu’il était florissant ». Certaines d’entre elles auraient même un passif supérieur à 4 G$. Selon Haynes & Boone, les 51 sociétés en faillites identifiées à ce jour ont déjà laissé aux banques une ardoise totale de 17,4 G$!

« Je pense que nous n’avons vu que le début de l’étendue des faillites dans le pétrole et le gaz », avertissait d’ailleurs il y a quelques semaines Doug Petno, le patron des activités de banque commerciale de JP Morgan Chase.

LA BULLE DES PRÊTS AUTOMOBILES

Mal connue, « c’est pourtant l’une des plus dangereuses du moment selon certains analystes », écrit Le Figaro, qui rappelle qu’à la fin de l’année dernière, les encours totaux des prêts automobiles aux États-Unis atteignaient 1 060 G$.

Encouragés par la baisse des prix de l’or noir, les faibles taux d’intérêt et les facilités de paiement toujours plus grandes accordées par les banques, les Américains ont acheté un nombre record de voitures depuis deux ans. Le hic, c’est que les crédits souscrits (appelés subprime auto loans…) atteignent « des sommets alarmants » et qu’ils sont « octroyés à tous, y compris aux personnes les moins solvables ».

En février, Fitch calculait que ces subprimes représentaient désormais près de 21 % du total des prêts auto, soit 220 G$. Si l’on en croit l’agence de notation, 5 % d’entre eux font déjà l’objet de retards de paiement supérieurs à 60 jours, un taux qui n’avait plus été observé depuis septembre 2009. Et cette tendance devrait se poursuivre, estime-t-elle, puisque le pourcentage de défauts de paiement pourrait grimper à 10 % d’ici la fin de l’année.

LA BULLE DES PRÊTS ÉTUDIANTS

Autre bombe à retardement : la dette contractée par les étudiants américains pour financer leurs études, qui représentait la somme vertigineuse de 1 230 G$ à la fin de 2015, selon la Fed. Résultat, ceux-ci entament leur vie active avec un prêt de 30 000 $ en moyenne à rembourser et, « confrontés au chômage ou à des emplois moins rémunérateurs que prévu, certains luttent pour rembourser leur dette », relève Le Figaro.

D’après la Fed, le taux de défaut de remboursement de ces prêts était de 11,5 % à la fin de l’année dernière et certains retraités n’ont même pas encore fini de les rembourser.

Le phénomène inquiète de plus en plus d’économistes, d’autant qu’il a des répercussions macroéconomiques. Ces jeunes surendettés consomment moins ou n’empruntent pas pour acheter un logement, par exemple.

LA BULLE DES CARTES DE CRÉDIT

Les Américains sont trop nombreux à payer leurs achats avec une carte de crédit, mettent en garde la plupart des économistes. Le montant total de cette dette s’élevait à 918 G$ à la fin de 2015, selon une étude de la firme CardHub publiée au début du mois de mars. Durant le seul quatrième trimestre, son niveau avait augmenté de 52,4 G$, un record depuis la crise financière de 2008.

Chaque ménage utilisant ces cartes possédait alors une dette moyenne de 7 879 $, « un montant qui se situe à moins de 500 $ du niveau à partir duquel la dette est insoutenable », indiquait notamment l’étude. « Nous sommes dangereusement proches de ce point de basculement et les défauts montent en flèche », concluait CardHub.

« IL MANQUE JUSTE L’ÉLÉMENT DÉCLENCHEUR »

Plusieurs observateurs s’inquiètent des effets de ces bulles sur l’économie américaine et redoutent le risque de contagion à l’ensemble de l’économie mondiale en cas d’éclatement, relève Le Figaro. « Les niveaux d’endettement sont énormes et doivent nous mettre en alerte », croit Nicolas Chéron, analyste à CMC Markets, à Paris.

« Les banques vont déjà très mal et beaucoup sont inquiets. Une crise peut arriver à tout moment. Il manque juste l’élément déclencheur. En 2008, c’était Lehman Brothers. Cette fois, ce sera peut-être une grande banque européenne qui aura trop d’actifs pourris ou la faillite d’un grand groupe énergétique. Tout ira alors très vite », ajoute-t-il, déplorant au passage que les États « ne semblent pas avoir retenu les leçons de la crise de 2008 ».

Les profits des entreprises en fort recul aux États-Unis

Les bénéfices des sociétés américaines ont diminué de 5,1 % sur l’ensemble de l’année dernière, soit la plus forte baisse enregistrée depuis 2008, a annoncé vendredi le département du Commerce.

Selon le ministère, la chute s’est accélérée au dernier trimestre de 2015 avec une chute de 7,8 %, contre seulement 1,6 % au troisième trimestre. Les profits ont reculé d’octobre à décembre de 159,6 G$, le plus fort montant depuis le 1er trimestre 2011.

LE POIDS DE L’AMENDE INFLIGÉE À BP

Le versement des dommages par BP (20,8 G$) pour la marée noire de 2010 dans le Golfe du Mexique, ainsi que les mauvais résultats du secteur manufacturier et des industries pétrolières, ont beaucoup pesé sur les chiffres de la performance globale des sociétés américaines, précise l’Agence France-Presse.

Toutefois, avec le ralentissement de la hausse du dollar depuis le début de l’année et le rebond des cours du brut, on s’attend à une hausse des bénéfices des sociétés.

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