La Banque du Canada maintient son taux directeur à 0,5 %

24 mai 2017 | Dernière mise à jour le 24 mai 2017
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Des incertitudes continuent de porter ombrage à la performance de l’économie canadienne depuis le début de l’année, a indiqué mercredi la Banque du Canada en annonçant qu’elle maintenait son taux d’intérêt directeur à 0,5 %.

Dans les explications accompagnant sa plus récente décision, la banque centrale a évoqué la faiblesse de la croissance des salaires et de l’inflation sous-jacente pour faire valoir que l’économie pouvait encore s’améliorer.

Mais elle n’a pas manqué de souligner les points forts depuis le début de l’année, notamment en ce qui a trait au marché du travail, aux dépenses des consommateurs et à l’immobilier. Dans sa déclaration de mercredi, elle a même ajouté les investissements des entreprises à cette liste.

« Les données économiques récentes sont encourageantes, indique la banque. Les dépenses de consommation et le secteur du logement demeurent robustes dans un contexte d’amélioration du marché du travail, ce qui s’observe de plus en plus dans les régions. »

Elle note aussi que les récentes mesures gouvernementales destinées au marché immobilier pouvaient avoir contribué aux meilleures perspectives de l’endettement des ménages, mais que ces règles n’avaient pas encore eu pour effet « de ralentir de façon notable les marchés du logement ».

VAGUE D’OPTIMISME

Plusieurs économistes ont noté que le ton employé par la banque dans son bref communiqué était un peu plus optimiste que ce à quoi ils s’attendaient.

« Un message clair est intégré à ces 300 mots et il dit que la Banque du Canada n’est pas effrayée par le marché du logement ou par les discussions commerciales à venir [avec les États-Unis], estime Frances Donald, économiste principale pour Gestion d’actifs Manuvie. Elle maintient le cap, a bon espoir par rapport à la voie de la croissance et n’est pas inquiétée par la récente décélération de l’inflation. »

Mme Donald affirme que la déclaration agit en « substitut » avant la décision sur les taux que la Banque du Canada doit prendre en juillet, laquelle sera accompagnée d’une mise à jour de ses prévisions. Selon elle, il était probablement trop difficile pour la banque de résumer ses idées nuancées dans son communiqué de mercredi au sujet des problèmes complexes auxquels le Canada a été confronté ces derniers mois.

PAS DE SURPRISE

La grande majorité des analystes s’attendaient à ce que le gouverneur de la banque centrale, Stephen Poloz, garde son taux directeur inchangé pour une 15e décision consécutive – surtout parce que plusieurs éléments inconnus identifiés dans le passé par la banque sont toujours présents, notamment en ce qui a trait aux politiques américaines en matière de commerce et d’imposition.

« Les incertitudes soulignées dans le rapport sur la politique monétaire d’avril continuent à brouiller les perspectives des économies mondiale et canadienne », écrit la banque, sans faire de référence précise aux États-Unis.

Malgré tout, Jimmy Jean, économiste principal chez Desjardins, indique dans une note à ses clients que la banque semble étonnamment moins inquiète par les développements au sud de la frontière.

« M. Poloz semble rassuré par ce qu’il a entendu lors de sa rencontre avec [le secrétaire américain au Trésor Steven] Mnuchin lors de la rencontre du G7, écrit-il. Peut-être a-t-il obtenu de l’information privilégiée? Dans tous les cas, la déclaration va dans le sens d’une révision de la trajectoire de la politique monétaire au Canada. »

La banque prédit aussi que la « très forte croissance » observée dans les trois premiers mois de l’année ralentirait au deuxième trimestre, même si elle croit que l’économie américaine va rebondir.

Au sujet de l’inflation de base, l’institution note que les récentes lectures des trois indices qui lui sont consacrés sont restées inférieures à sa cible idéale de 2,0 %. Cela signifie que toute l’économie a toujours du rattrapage à faire avec le récent élan.

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