L’écart des richesses représente un « risque de plus en plus grand »

Par Rémi Maillard | 21 octobre 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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L’écart des richesses grandissant en Amérique du Nord inquiète plus de six professionnels de la gestion des risques bancaires sur 10, révèle un sondage publié hier par l’Association internationale des professionnels de la gestion des risques (PRMIA).

Réalisée par FICO, une entreprise spécialisée en logiciels d’analyse prédictive et de gestion décisionnelle, cette enquête a été menée auprès de 149 gestionnaires des risques de banques aux États-Unis et au Canada en septembre.

Un danger pour le système financier

Près des deux tiers d’entre eux (62 %) s’entendent pour dire que « l’écart des richesses représente un risque de plus en plus grand pour le système financier nord-américain ».

« L’activité des consommateurs à grande échelle est le principal moteur de l’économie nord-américaine, il est donc tout à fait justifiable que la concentration de la richesse soulève l’inquiétude des gestionnaires de risques bancaires », relève Andrew Jennings, chef analyste à FICO.

Cette préoccupation a d’ailleurs déjà été exprimée à plusieurs reprises, notamment par Janet Yellen, la présidente de la banque centrale américaine, et par Credit Suisse dans un récent rapport, qui a constaté que plusieurs indicateurs d’inégalité des richesses dans le monde montraient cet écart grandissant.

Crainte du chômage et du sous-emploi

Le sondage révèle aussi que, pour les banquiers, le chômage constitue le risque le plus important pour la bonne santé du crédit à la consommation.

L’inquiétude la plus répandue chez les sondés est « le sous-emploi et le chômage » (41 %), tandis que 22 % mentionnent « l’augmentation de l’endettement des consommateurs ».

Les troisième et quatrième craintes les plus souvent évoquées sont « un bouleversement soudain du système financier » (16 %) et « une hausse des taux d’intérêt » (12 %). Enfin, pour 8 % des répondants, le principal danger réside plutôt dans « l’affaiblissement du marché de l’habitation ».

La Fed s’inquiète de la montée des inégalités

La présidente de la banque centrale américaine se dit « très inquiète » de l’augmentation constante des inégalités chez nos voisins du Sud, rapporte l’Agence France-Presse.

Dans un discours prononcé vendredi à Boston, Janet Yellen a déclaré qu’« il est temps de s’interroger sur le fait de savoir si cette tendance est compatible avec les valeurs d’égalité des chances qui sont enracinées dans l’histoire de notre société ».

« Les inégalités ont recommencé à se creuser durant la reprise économique alors que le marché boursier a rebondi, que la croissance des salaires a été faible et que la hausse des prix des maisons n’a pas restauré le patrimoine perdu pour un grand nombre de ménages », a t-elle déploré.

5 % des ménages = 63 % de la richesse

Selon la patronne de la Fed, les inégalités de revenus et de patrimoine aux États-Unis ont désormais « atteint un sommet depuis un siècle ».

Citant une étude de la Réserve fédérale publiée tous les trois ans, elle a notamment rappelé que les revenus moyens des 5 % des ménages les plus riches avaient grimpé de 38 % entre 1989 et 2013, tandis qu’au même moment, ceux des 95 % restants avaient augmenté de seulement 10 %.

La distribution des richesses est encore plus inégale que celle des revenus, a-t-elle également souligné : ainsi, en 2013, les 5 % des ménages américains les mieux nantis détenaient 63 % de toute la richesse du pays.

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Rémi Maillard

Journaliste multimédia. Santé, environnement, société, finances personnelles. Également intéressé par les affaires publiques, les relations internationales, la culture… Passionné de cyclisme.