« Nous sommes maltraités et mal représentés! »

Par Flavio Vani | 11 février 2013 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
4 minutes de lecture

Un lecteur réagit à notre texte intitulé Les organismes réglementaires canadiens doutent-ils de votre intégrité?

Concernant votre article sur la consultation des ACVM en cours quant à la pertinence de légiférer pour obliger le conseiller à agir dans le meilleur intérêt du client, je me demande si les organismes règlementaires doutent des courtiers et conseillers? Il semble que nous sommes devant une vérité de La Palice.

Depuis quelque temps, les autorités réglementaires ne démordent pas. Il est politiquement gratifiant pour l’État de se porter à la défense du tout petit citoyen floué par les méchants conseillers. De plus, l’imaginaire collectif rattache quasi-systématiquement les conseillers aux riches institutions financières.

Mais ceci n’est pas notre réalité! Il est de plus en plus difficile de travailler comme conseiller dans le réseau indépendant. La conformité coûte extrêmement cher, et ce coût est entièrement assumé par les conseillers. Nous avons également subi des augmentations des licences nécessaires, de la BDNI et des cours obligatoires (UFC). Comme si tout cela ne suffisait pas, les autorités ont créé de nouvelles licences pour certains produits, alors qu’auparavant une seule licence était nécessaire. Des exemples? Celle sur les produits dispensés billets ou celle sur les fonds de couverture.

Nous avons aussi essuyé les augmentations du coût de l’assurance sur les E & O, ainsi que l’augmentation de la quantité de paperasse imposée par les organismes réglementaires, ce qui diminue fortement notre temps disponible, lequel devrait être alloué à la rencontre de nos clients.

De plus, à partir de cette année, nous n’avons plus le droit de réclamer la TVQ sur les dépenses d’affaires.

Ces dépenses sont nécessaires pour nous permettre de gagner un revenu. Ainsi, notre gouvernement nous refile une facture de 4000 $ minimum par conseiller, et ce chaque année. Quand je réfléchis à cette dichotomie que le législateur nous impose, je ne peux que me demander : où sont les fourbes?

Dans la loi sur la TVQ sur les services financiers, le législateur décrit le conseiller comme un vendeur à l’acte et ainsi, la taxe ne s’applique pas sur la commission.

Par contre, si je me réfère à la Loi sur la distribution des services financiers, je suis un professionnel qui a la responsabilité d’offrir un service de conseil et de fiduciaire à son client…

Comme la relation avec mon client dure plusieurs années, je ne fais pas nécessairement de la vente à chaque fois… Quand je le rencontre, je suis tenu, par la loi, de lui apporter le soutien qu’il mérite quant à la gestion des ses placements et de lui fournir services et conseils tant et aussi longtemps qu’il est mon client.

Les commissions remorques ne sont que des frais pour les services de conseils, de gestion et de fiduciaire que le conseiller donne à son client. Nous, les indépendants, ne sommes pas des institutions financières, mais des professionnels qui gérons à plein temps notre clientèle.

À bien y réfléchir, nous sommes maltraités et mal représentés, nous sommes des proies faciles pour ceux qui vivent à nos frais. La proportion de cas malveillants dans notre profession est de moins d’un pour cent de l’ensemble des conseillers; malheureusement, il est très payant d’en parler dans les médias.

Dans le chapitre D-9.2 de la Loi sur la distribution des services financiers (art. 51), il est écrit que nous sommes dans l’obligation d’offrir le produit qui correspond à la situation financière et aux objectifs d’investissement de notre client. C’est clair!

Si nous ne faisons rien pour nous unir, nous ne serons jamais capables de faire connaître la vraie nature de notre travail et le bien-fondé du conseil.

Notre réalité n’est pas celle décrite et décriée par les médias quand il y a un cas de fraude, ni celle que nous imposent les organismes réglementaires.

Force est de croire que les conseillers qui sont dans le réseau indépendant ont un âge moyen de 50 ans et plus. Le manque de relève est criant et dans cette mouvance, ceux qui seront pénalisés en bout de ligne seront les consommateurs.


Flavio Vani B.Sc.r.i., Assurance et Produits Financiers Vani inc., Cabinet de Services Financiers

Sur le même sujet :

Flavio Vani