Une compilation des salaires des banquiers fait réagir

Par La rédaction | 19 mars 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Les informations publiées par la chaîne Argent et le Journal de Montréal sur le salaire des hauts dirigeants des banques camouflent l’écart le plus important entre leur rémunération et celle de leurs employés, a dénoncé hier le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC).

Selon les données compilées par ces deux médias pour l’année 2014, la Banque Laurentienne est l’institution qui paie ses cinq plus hauts dirigeants et employés avec le plus d’équité, tandis que la Banque Royale se classe la moins bien dans ce domaine.

Des résultats faussés

Ces résultats ont fait sursauter le MÉDAC, qui relève que dans leur méthode de calcul, Argent et le Journal de Montréal utilisent la rémunération moyenne des cinq plus hauts dirigeants, plutôt que la rémunération du plus haut dirigeant, pour la comparer à la rémunération moyenne des employés. Ce qui, estime-t-il, a pour résultat de favoriser les banques Laurentienne et Nationale.

Or, le mouvement tient à rappeler qu’autant la U.S. Securities and Exchange Commission, aux États-Unis, que les institutions financières entre elles « utilisent un ratio d’équité qui est basé sur la plus haute rémunération au sein de la direction et sur la moyenne/médiane des salaires de l’ensemble des employés ».

Ainsi, poursuit le MÉDAC, le ratio de rémunération de la Banque Nationale passerait de 98,95 (selon la méthode de calcul du mouvement) à 45 (selon la méthode de calcul des médias de Québecor), « ce qui témoignerait d’une rémunération des dirigeants qui est 45 fois, plutôt que 99 fois, plus élevée que la rémunération moyenne des employés ».

« On sème de la confusion »

Dans le cas de la Banque Laurentienne, le recul serait de 47,79 (selon la méthode de calcul du MÉDAC) à 21 (selon la méthode de calcul de Québecor).

Le mouvement, qui se dit « étonné » par ce choix, souligne que ce qui lui importe, « c’est que le ratio d’équité soit comparable d’une société à l’autre », alors que le tableau qui est proposé par Argent et le Journal de Montréal « contribue à semer encore plus de confusion dans la compréhension » des usagers, selon son président, Daniel Thouin.

Sa conclusion? Tout cela mérite d’être démêlé, et il en profite pour rappeler « l’absence de collaboration des banquiers pour mettre de la cohérence dans l’information diffusée sur le ratio d’équité ».

Ce système est « très transparent »

En effet, rappelle Daniel Thouin, une demande formelle, l’automne dernier, auprès de l’Association des banquiers canadiens (ABC) « n’a pas permis d’identifier une méthode commune de calcul du ratio d’équité des salaires pour les sept banques canadiennes ».

Interrogée par Conseiller.ca, l’ABC rétorque que « le système de rémunération des cadres supérieurs adopté par les banques est très transparent et a reçu l’aval de la grande majorité des actionnaires ».

« Chaque banque possède un comité composé d’administrateurs indépendants qui examinent le rendement de la haute direction, précise Biliana Necheva, porte-parole de l’association. En outre, ces comités collaborent avec des consultants externes qui se spécialisent dans les questions de rémunération et comparent le régime de rémunération à celui d’autres sociétés de services financiers et grandes entreprises avec lesquelles les banques font concurrence pour acquérir les meilleurs talents. »

« Un reflet de la réalité »

« Les pratiques de rémunération adoptées par les banques canadiennes visent à garantir que les cadres supérieurs se soucient principalement de favoriser la croissance à long terme au profit des actionnaires, des employés et des communautés dans lesquelles elles œuvrent. Elles ne récompensent pas la prise de risques excessifs ni les gains à court terme », poursuit la porte-parole.

« Diriger une entreprise ayant la taille et la complexité d’une [grande] banque exige du talent et de l’expérience, et les échelles de rémunération correspondent à cette réalité », conclut Biliana Necheva.

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