Inclusion et diversité : passer de la parole aux actes

Par Sylvie Lemieux | 8 novembre 2021 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Des personnes de différentes origines ethniques joignent leurs mains.
Photo : vgajic / iStock

Alors que bon nombre d’entreprises intègrent des principes d’inclusion et de diversité dans leur gestion globale de personnel, cela ne veut pas dire que leurs régimes d’avantages sociaux et de retraite répondent bien aux besoins de tous leurs employés.

« Les régimes qui sont en place dans plusieurs organisations ont été conçus selon un modèle unique qui reflétait bien la démographie de l’époque. Or, les pratiques et les valeurs des entreprises ont changé. Il faut donc faire évoluer les régimes pour que tous les groupes d’employés y trouvent avantage », explique Isabelle Lauzière, associée principale, responsable de la région de l’Est pour la pratique retraite chez Aon.

Un récent sondage d’Aon sur l’inclusion et la diversité dans les programmes d’avantages sociaux et de retraite — le premier du genre — révèle que la plupart des entreprises estiment que leurs programmes répondent bien aux besoins particuliers d’une main-d’œuvre diversifiée. Pourtant, peu d’organisations ont pris des mesures pour promouvoir les notions d’inclusion et de diversité dans leurs régimes de retraite (moins de 30 % des répondants) et d’avantages sociaux (moins de 50 %).

« Les employeurs ont de la difficulté à rendre concrets les principes d’inclusion et de diversité dans leurs programmes, affirme Mme Lauzière. Ils ne savent pas toujours comment s’y prendre ni par quoi commencer. »

DES RÉGIMES INCLUSIFS ET ÉQUITABLES

Un des aspects qui est de prime abord facile à changer, ce sont les outils de communications utilisés pour présenter les particularités des régimes. Les images utilisées reflètent-elles la diversité ? La communication est-elle inclusive, parle-t-elle à tout le monde ?

« C’est un élément sur lequel les organisations devront se pencher, souligne Mme Lauzière. Des clauses du projet de loi 2 sur la réforme du droit de la famille viennent modifier la terminologie utilisée dans les régimes de retraite du gouvernement. Plutôt qu’« employés » au masculin, il faudra dorénavant écrire « des personnes employées », une formulation neutre, plus inclusive. »

Il faut aussi se demander si certaines dispositions du régime de retraite sont inéquitables pour certains groupes d’employés. Certains régimes n’ont pas changé depuis des décennies et ont été conçus en tenant compte des baby-boomers.

« À l’époque, des dispositions ont été élaborées pour favoriser les retraites anticipées afin de réduire les effectifs. Cela a eu pour effet d’avantager les hauts salariés aux dépens des employés à plus faible revenu. Or, aujourd’hui, les gens ne souhaitent plus autant qu’avant prendre leur retraite avant l’âge de 65 ans », rapporte Isabelle Lauzière.

UNE FEUILLE DE ROUTE EN CINQ ÉTAPES

Pour aider les organisations à aller de l’avant dans la révision de leurs régimes de retraite et d’avantages sociaux, Aon propose une feuille de route en cinq étapes.

  • S’engager

C’est le premier pas à franchir. Il faut avoir la volonté d’appliquer des pratiques en matière d’inclusion et de diversité à la planification des avantages sociaux à long terme.

  • Écouter

Il est important de sonder tous les groupes d’employés pour savoir s’ils sont satisfaits ou non des régimes en place. Que ce soit par le biais de sondages, de tables rondes, il importe aussi de leur demander ce qui compte à leurs yeux, ce qu’ils aimeraient y retrouver.

  • Réviser

« Une fois qu’on a l’information en main et compris les attentes des employés, il faut passer en revue les régimes pour déterminer ce qui pourrait être changé », explique Mme Lauzière.

  • Mesurer

Il est essentiel d’établir des critères qui permettront de mesurer le succès ou non des différentes initiatives mises en place.

  • Communiquer

Faire connaître à l’ensemble des employés les changements qui ont découlé de l’exercice pour favoriser l’inclusion et la diversité.

« En quelques mois, il est possible d’effectuer le travail, assure Isabelle Lauzière. L’important, c’est de prendre le temps de le faire comme il faut. »

Cette dernière s’est réjouie du nombre de participants au sondage — plus de 260 — et encore plus de la vitesse à laquelle ils y ont répondu. « Cela dénote que les pratiques d’inclusion et de diversité sont une réelle préoccupation au sein des organisations, déclare-t-elle. Il sera intéressant de voir comment les grosses caisses de retraite vont évoluer dans ce nouvel environnement. Ce sont elles qui vont tracer le chemin pour les autres. »

DES EXEMPLES DE MESURES PLUS INCLUSIVES

Des répondants ont fourni des exemples des mesures inclusives mises en place dans leurs régimes. Parmi celles-ci, mentionnons :

  • redéfinir la façon d’exprimer la composition de la famille,
  • soutenir la diversité des traitements, y compris les approches alternatives, comme les conseils des aînés de la tribu,
  • accessibilité accrue à des avantages sociaux adaptés à la culture,
  • prestations de rémunération complémentaires parentales, etc.
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Sylvie Lemieux

Sylvie Lemieux est journaliste pour Finance et Investissement et Conseiller.ca. Auparavant, elle a notamment écrit pour Les Affaires.