ALENA : les PME ne s’inquiètent pas trop

Par La rédaction | 10 mai 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Malgré les déclarations virulentes du président américain Donald Trump à l’endroit des échanges commerciaux avec le Canada au cours des dernières semaines, la relation entre les deux pays demeure solide… du moins pour l’instant.

Le gouvernement du Québec ainsi que divers partenaires du milieu des affaires mènent actuellement une offensive aux États-Unis pour faire la preuve que l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) doit être conservé, et même bonifié, rapporte La Presse.

Selon Éric Tétrault, président de Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ), les dispositions actuelles de l’ALENA sont satisfaisantes. « Elles ont permis un accroissement des exportations de 221 % vers les États-Unis en ce qui nous concerne. Ç’a été très bénéfique pour eux également. Les dirigeants d’affaires des deux côtés de la frontière discutent entre eux pour voir ce qui peut être fait. Il n’y a pas d’action formelle pour l’instant, mais on sera prêts le moment venu », a-t-il expliqué au quotidien.

PAS TROP D’INQUIÉTUDE

L’incertitude causée par une potentielle renégociation de l’ALENA pourrait affecter les activités des PME québécoises en sol américain, concède Simon Gaudreault, directeur des affaires économiques à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).

« Reste qu’on n’en est pas encore là. La relation entre le Canada et les États-Unis est très forte. Plusieurs compagnies ont un carnet de commandes bien rempli et investissent aux États-Unis  », a-t-il toutefois pris soin de préciser à La Presse.

Selon le baromètre des affaires publié le mois dernier par l’organisme, 65,7 % des dirigeants de PME estimaient que leurs affaires allaient bien, et seulement 17 % d’entre eux considéraient que la demande extérieure était insuffisante.

SE TOURNER VERS L’ÉTRANGER

Pour la FCEI et MEQ, l’incertitude liée à la renégociation de l’ALENA est un signal clair pour les PME québécoises, souvent trop dépendantes du marché américain.

« Peu importe ce qui se passe, il faut se diversifier et travailler très fort sur notre capacité concurrentielle. C’est pour ça que le Canada a signé une entente avec l’Europe et amorcé des pourparlers avec la Chine. On devra devenir des exportateurs de classe mondiale », affirme Éric Tétrault. Pour devenir plus concurrentielles, ajoute-t-il, les PME de la province devront miser sur la robotisation, l’automatisation et la modernisation des processus de production.

LA FIN DE LA MONDIALISATION?

La renégociation de l’ALENA n’est pas le seul risque géopolitique susceptible de freiner la croissance des exportateurs canadiens, selon un rapport d’Exportation et développement Canada (EDC). Ce contexte difficile viendra compliquer la mise en œuvre de leurs stratégies et de leurs projets à l’international.

Est-ce le début de la fin pour la mondialisation? C’est très peu probable, répond toutefois l’organisme. « Le coût en serait énorme, et tout le monde devrait en payer la note. N’oublions pas qu’un boulet de démolition frappe toujours dans les deux sens », explique Peter Hall, premier vice-président et économiste en chef à EDC.

Même si la montée du protectionnisme, notamment dans l’Union européenne et aux États-Unis, menace de contrarier le dynamisme mondial, EDC prévoit que la croissance mondiale passera de 3,5 % cette année à 3,8 % en 2018

Face aux resserrement sur des marchés névralgiques comme les États-Unis et l’Europe, les PME canadiennes auraient intérêt à se tourner davantage vers les marchés émergents, souligne le rapport.

La rédaction