La productivité : un remède à l’inflation

Par La rédaction | 2 novembre 2022 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Les entreprises qui misent sur la productivité sont moins nombreuses à considérer l’inflation comme un défi. Elles souffrent moins de la rareté de main-d’œuvre et de problèmes d’approvisionnement, selon une étude de BDC.

Si ce n’est déjà fait, il est donc plus que temps d’investir dans la productivité et de revoir vos processus pour les optimiser et réduire les sources de gaspillage.

Selon l’organisme fédéral, qui a sondé plus d’un millier de PME au pays en juin, plus du tiers (39 %) des PME les plus productives, qui se trouvent dans la meilleure tranche de 10 % concernant le ratio ventes/nombres d’employés, considèrent l’inflation comme un défi. Dans l’ensemble des entreprises canadiennes, ce pourcentage s’élève à 61 %.

Également, 28 % des PME les plus performantes font face à des problèmes de chaîne d’approvisionnement, comparativement à 42 % pour l’ensemble des PME. Et 40 % des PME les plus efficaces rencontrent des pénuries de main-d’œuvre, comparativement à 58 % pour l’ensemble.

« Non seulement les entrepreneurs qui s’efforcent de rendre leur entreprise plus productive réussissent-ils beaucoup mieux que les autres, mais la valorisation de leur entreprise est également plus élevée », signale Pierre Cléroux, vice-président et économiste en chef de BDC.

Les PME canadiennes les plus productives de leur secteur génèrent six fois plus de ventes et cinq fois plus de profits par employé et ont un BAIIA quatre fois plus élevé.

 

COMMENT AUGMENTER LA PRODUCTIVITÉ

Pour augmenter leur productivité, l’étude suggère aux propriétaires d’entreprise de prendre les mesures suivantes :

  • mesurer la performance de l’entreprise par rapport à ses pairs : l’étude montre que 46 % des PME qui ont des outils de mesure, tels que des indicateurs de performance et des tableaux de bord, augmentent leurs revenus ou leurs bénéfices;
  • optimiser les processus pour éliminer les tâches qui représentent une perte de temps et d’argent, tirer le maximum des ressources en réduisant les sources de gaspillage, et mettre en place un plan d’action qui priorise les idées d’amélioration;
  • numériser les processus pour gagner en efficacité et automatiser certaines tâches répétitives, qui ne créent pas de valeur;
  • améliorer continuellement les produits, les services et les processus, instaurer une culture de formation continue et faire participer le personnel aux changements.

Face à la montée de leurs coûts, BDC rapporte que les deux tiers des PME (66%) ont augmenté leurs prix. « Si cette stratégie peut fonctionner à court terme, elle risque ultimement de nuire à la compétitivité de l’entreprise », souligne cependant le rapport.

Pour la majorité d’entre elles, l’inflation a entraîné une diminution des profits (74 %), une hausse des coûts d’exploitation (72 %) et une baisse des liquidités (62 %).

AUGMENTATIONS DE SALAIRE ET FLEXIBILITÉ

La pénurie de main-d’œuvre affecte lourdement la performance des PME. Une majorité (69 %) dit avoir dû composer avec des délais de livraison plus longs et plus de la moitié ont dû repousser des projets en raison d’un manque de personnel.

Pour attirer des employés qualifiés, la moitié des entreprises ont offert des salaires plus alléchants et ont fait preuve de plus de flexibilité (43%). La BDC estime toutefois qu’il serait « plus durable » de mieux utiliser ses ressources, notamment « en augmentant la productivité des employés en place ».

Les PME les plus efficaces forment mieux leur personnel et automatisent davantage certaines tâches répétitives pour produire plus avec un même nombre d’heures de travail.

« Une entreprise qui n’est pas bien organisée et qui ne se soucie pas de s’améliorer risque de voir son personnel la quitter. Il faut donc s’assurer avant tout que le personnel vive une bonne expérience », indique l’organisme.

PRESSIONS INFLATIONNISTES

La société fédérale prévoit par ailleurs que les pressions inflationnistes se feront encore sentir sur tous les fronts au cours des prochains mois, entraînant des hausses du coût des intrants, des salaires et du coût des emprunts pour financer des projets d’expansion ou de modernisation.

Elle signale que les PME canadiennes ont des efforts particuliers à fournir pour combler le retard pris au chapitre des investissements dans la productivité par rapport aux États-Unis et aux autres pays du G7. Selon BDC, l’écart se creuse en particulier avec les voisins du Sud en raison du sous-investissement dans les technologies, qui contribue à faire reculer la compétitivité des entreprises canadiennes face à leurs concurrentes américaines.