Les employeurs mal préparés pour la légalisation du cannabis

Par La rédaction | 11 juillet 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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À trois mois de la légalisation du cannabis au pays, l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA) déplore que trop d’employeurs ne soient toujours pas prêts à faire face aux potentielles répercussions de cette nouvelle législation.

Un sondage commandé par l’ordre professionnel permet de constater que la moitié des entreprises québécoises sont peu ou pas du tout prêtes pour le 17 octobre, date où le cannabis deviendra officiellement légal au Canada.

La plupart des 391 CRHA interrogés (74 %) ont pourtant indiqué être préoccupés d’un point de vue professionnel par la légalisation, et 85 % estiment que celle-ci aura des conséquences dans leur milieu de travail. Près du quart (22 %) estiment même que les effets seront nombreux.

En revanche, 62 % des entreprises jugent que la consommation de drogue de leurs employés n’est « pas du tout problématique » à l’heure actuelle.

« Sans pouvoir l’affirmer, il est probable, à l’instar des états américains qui ont légalisé le cannabis dans les dernières années, que la légalisation entraîne une hausse de la consommation chez les adultes et accentue les incidences sur les milieux de travail. Toutes les organisations seraient donc bien avisées de s’y attarder en amont », estime Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre des CRHA.

ÉVALUER LES RISQUES

L’Ordre des CRHA rappelle que les employeurs ont l’obligation de protéger la santé, la sécurité et l’intégrité physique et psychologique de leurs employés. L’augmentation possible de cas d’employés se présentant au travail avec les facultés affaiblies exigera une plus grande vigilance de la part des employeurs afin d’assurer un environnement de travail sécuritaire.

Dans ce contexte, l’ordre professionnel recommande fortement aux employeurs d’évaluer les risques liés à la légalisation du cannabis pour leur entreprise et de cibler les postes les plus critiques. En fonction du degré de risques, certaines mesures de prévention et d’intervention devraient être mises en place. « Ces mesures devraient être clairement identifiées dans une politique et communiquées à tous », ajoute Manon Poirier.

En juin 2018, 60 % des entreprises sondées ont confirmé avoir une telle politique en place, soit la même proportion qu’en octobre 2017. Mais le simple fait d’avoir rédigé une politique ne suffit pas. Il faut aussi la communiquer à tous les travailleurs et former les gestionnaires à détecter les signes révélant qu’une personne est sous l’influence du cannabis, de même qu’à bien comprendre les outils et leur latitude pour intervenir.

« Alors qu’elle peut donner bien des maux de tête aux employeurs, la légalisation du cannabis fournit toutefois une belle occasion de favoriser la discussion ouverte sur le sujet en milieu de travail, de rehausser la prévention et la sensibilisation et d’accompagner les employés aux prises avec une dépendance », conclut Manon Poirier.

La rédaction