RVER : agir tôt sera plus bénéfique pour les employeurs

Par Jonathan Ledoux | 12 février 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Andriy Popov / 123RF

Le 3 décembre dernier, le gouvernement du Québec a instauré la Loi sur les régimes volontaires d’épargne-retraite (RVER), qui concerne les entreprises de cinq employés et plus. Elle les oblige à offrir, entre juillet 2014 et le 31 décembre 2017, un régime de retraite à leurs employés qui n’en ont pas.

Face à cette réalité, les propriétaires des 90 000 PME n’ayant pas de régime de retraite auront deux choix : agir tôt, ou attendre la date limite.

POURQUOI NE PAS EN TIRER AVANTAGE?

Pour un meilleur rendement du capital investi, je suggère fortement aux employeurs concernés d’agir tôt. Ils pourront ainsi faire valoir à leurs employés que l’objectif de l’instauration d’un régime de retraite est de les doter d’une retraite adéquate. Ce souci de leur sécurité financière à long terme aurait un impact positif sur la rétention des employés.

ET LES RETARDATAIRES…

L’application de cette loi sera surveillée par la Commission des normes du travail du Québec. Je m’attends donc à ce qu’à l’approche la date limite, plusieurs campagnes publicitaires rappelleront l’échéance. Les employés ainsi informés pourraient percevoir négativement la mise en place récente ou future d’un tel régime de retraite. Ils pourraient interpréter que ce nouveau bénéfice est mis en place par obligation, et non par souci du bien-être des employés.

Pour avoir géré des employés en PME, je crois qu’une telle perception créerait un sentiment de désengagement envers l’employeur; cela pourrait entraîner une hausse du taux de roulement.

Or, la majorité des employeurs est consciente qu’un fort taux de roulement occasionne des coûts élevés : pertes de productivité, diminution de la satisfaction clients, hausse des coûts de formation, etc.

LES SOLUTIONS CLASSIQUES POUR CONTRER LE FORT TAUX DE ROULEMENT

Pour remédier à un fort taux de roulement, les entreprises travaillent principalement sur deux axes :

  • Donner plus aux employés, pour compenser l’irritant qui les fait quitter. Dans une telle approche, les employeurs augmentent les salaires, les bonis et/ou les avantages sociaux. Cette méthode ne règle pas le problème à la source, mais crée des coûts récurrents. Elle est cependant facile à instaurer et demande peu d’efforts de la part de la direction.
  • Améliorer la relation avec les employés. Cela implique souvent un changement de mentalité de la part de la direction. En effet, durant ce processus et par la suite, la transparence, la communication et les décisions prises par la direction ont un impact majeur sur le résultat de la démarche. Ce processus est plus long et plus difficile. En contrepartie, il apporte généralement des résultats permanents et économiques : une fois les irritants réglés, le taux de roulement diminue et aucun coût récurrent n’a été engagé.

CONCLUSION : AGIR RAPIDEMENT… POUR ÉCONOMISER

Retarder la mise en place de ce nouveau régime expose les employeurs à une fragilisation de la relation employeur-employés. L’employeur devra cotiser davantage pour contrecarrer la perception négative qu’auront eue les employés. Ceci coûtera plus à long terme que l’argent épargné pendant les deux ans de grâce initiale.

RÉGIME DE RETRAITE : PLUS ÉCONOMIQUE QUE LES PME PEUVENT PENSER

Contrairement aux régimes de retraite à prestations déterminées, tels qu’offerts entre autres dans la fonction publique, les régimes de retraite à cotisation déterminée sont bien adaptés aux PME. Ils permettent des cotisations flexibles de la part de l’employeur; certains régimes n’exigent pas de cotisations patronales.

Il est aussi possible que les cotisations de l’employeur soient dépendantes d’une cotisation de l’employé, de son expérience et/ou de son rendement.

Dans la majorité des cas, les sommes versées par l’employeur dans un régime à cotisation déterminée n’augmentent pas la masse salariale. Leur coût s’en trouve ainsi réduit de +/- 15 %, par rapport aux salaires ou aux bonis qui, eux, engendrent obligatoirement des charges sociales.


Jonathan Ledoux

Jonathan Ledoux est diplômé en administration de l’Université de Sherbrooke. Passionné par les PME, il crée en 2012 avec un partenaire d’expérience Socium, une entreprise de services financiers. On peut le joindre à jonathan.ledoux@socium.ca.

Jonathan Ledoux