Une assurance voyage couvre-t-elle le COVID-19?

Par La rédaction | 9 mars 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Avions de papier blancs et un rouge.
Photo : costasz / 123RF

Alors que l’épidémie de coronavirus progresse un peu plus chaque jour, les Canadiens qui s’apprêtent à traverser la frontière devraient vérifier que leur police d’assurance voyage prévoit des conditions particulières concernant la maladie, conseille TVA Nouvelles.

Relevant que Manuvie et TuGo ont récemment changé leur politique à ce sujet, la chaîne indique que l’annulation ou l’interruption d’un voyage en raison du coronavirus ne sont désormais plus incluses dans leur couverture. Autrement dit, précise-t-elle, un voyageur qui souhaite rentrer au pays plus tôt que prévu à cause du COVID-19 ne pourra pas être dédommagé en vertu de la police d’assurance de ces deux compagnies, à moins qu’il ne l’ait achetée avant le 4 mars.

TVA rappelle par ailleurs que, d’ordinaire, les voyages dans des zones géographiques dont le niveau de risque est jugé élevé par l’Agence de la santé publique du Canada (ce qui est par exemple le cas aujourd’hui de la Chine, de l’Iran et du nord de l’Italie, entre autres) ne sont pas couverts par les polices d’assurance voyage.

D’AUTRES ASSUREURS POURRAIENT SUIVRE

Interrogé par la chaîne de télévision, le courtier en assurance Louis Cyr estime que d’autres assureurs pourraient suivre la voie ouverte par Manuvie et TuGo au cours des prochains jours. Selon lui, cette décision serait dictée par les coûts qu’engendrerait une pandémie. Notant que « plus il y a de pays sur cette liste, moins il y a de risque pour les assureurs », le courtier souligne néanmoins que, cette fois, les compagnies ont eu le temps de se préparer à toutes les éventualités. « Personne n’a été pris de court. H1N1 et le SRAS sont des expériences que les assureurs ont vécues. C’est peut-être en réaction à ça qu’ils disent que la dernière fois ça leur avait coûté cher. Là, ils réagissent vite, avant une panique pandémique, pour faire réfléchir le touriste », explique-t-il.

Louis Cyr note au passage que, pour l’instant, la compagnie Croix Bleue se démarque de ses concurrents en matière de couverture voyage puisqu’elle indique ne pas avoir l’intention de modifier sa police par rapport au coronavirus, qu’elle assimile donc à une maladie comme une autre. Le courtier juge cependant que la politique de l’industrie pourrait évoluer rapidement, notamment si l’Agence de la santé publique du Canada déconseille aux voyageurs des destinations touristiques majeures, comme la France et le Royaume-Uni, par exemple.

Pour mieux indemniser les vacanciers qui auraient subi un préjudice financier en raison du coronavirus, l’Office de la protection du consommateur songe à élargir les critères du Fonds d’indemnisation des clients des agents de voyages (FICAV) créé en 2004, rapporte de son côté La Presse dans son édition de la fin de semaine.

Dans le quotidien, un porte-parole de l’OPC indique en effet que l’organisme « va suivre l’évolution de la situation » et qu’« il pourrait éventuellement faire des propositions de modifications » dans le sens d’une meilleure protection financière des voyageurs. Au terme de son dernier exercice clos le 31 mars 2019, le FICAV détenait près de 142 millions de dollars. Toutefois, note La Presse, « ses critères d’indemnisation pour les clients d’agences de voyages qui seraient victimes de quarantaine sont à la fois complexes et restrictifs ». Ainsi, un voyageur contraint de prolonger une croisière ou un séjour dans un complexe touristique en raison d’une quarantaine ne serait pas indemnisé pour les frais supplémentaires occasionnés, sauf si un fournisseur ne lui assurait pas un service déjà payé (par exemple, en annulant son vol de retour).

« LA SITUATION ÉVOLUE RAPIDEMENT »

Interrogée par Conseiller sur la politique de ses membres par rapport à l’épidémie de coronavirus, l’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes souligne que « la situation actuelle évolue rapidement » et que, par conséquent, « chaque compagnie pourrait adapter son approche en fonction de cette évolution ». « Il est très important de s’informer auprès de son assureur pour avoir toute l’information nécessaire au sujet de sa couverture avant de partir », insiste Dominique Biron-Bordeleau, responsable des affaires publiques et gouvernementales pour le Québec au sein de l’ACCAP.

En effet, poursuit le porte-parole, certaines compagnies d’assurance ont d’ores et déjà annoncé que l’annulation ou l’interruption d’un voyage en raison du coronavirus ne sont désormais plus incluses dans leur couverture « étant donné que le COVID-19 est un risque connu ». Néanmoins, d’autres compagnies ont annoncé que leurs assurances annulation s’appliquent toujours dès que le gouvernement canadien recommande à ses ressortissants d’éviter la destination en cause.

Dominique Biron-Bordeleau rappelle enfin que les consommateurs ont également l’option de souscrire « un produit d’assurance relativement nouveau, qui permet l’annulation d’un voyage “pour toute raison” ». Dans ce cas, explique-t-il, le titulaire du contrat a juste à indiquer qu’il ne se sent pas à l’aise, pour quelque raison que ce soit. « Certaines compagnies offrent en effet ce type de police, qui offre une protection supplémentaire mais est plus chère que les polices d’assurance voyage classiques. Leur prix varie en fonction des facteurs suivants : destination, âge, état de santé », précise le porte-parole.

La rédaction