PlexCoin : des acheteurs s’estiment lésés

Par La rédaction | 18 novembre 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Maksym Yemelyanov / 123RF

Un groupe d’acheteurs de PlexCoin demande que soient pris en compte les intérêts de certains investisseurs, qui s’estiment jusqu’alors oubliés dans les procédures en cours.

Dans un document (en anglais) daté du 14 novembre, ils réclament « un comité ad hoc des investisseurs de PlexCoin chargé de représenter les intérêts de tous les investisseurs […] et de défendre leurs intérêts ».

Cette requête vise également la nomination du cabinet Lavery, De Billy, L.L.P. à titre d’avocat représentant le groupe d’acheteurs ainsi que le prélèvement du paiement des honoraires professionnels et des débours raisonnables du conseil représentatif sur les fonds recouvrés, perçus et détenus par le séquestre pour être ensuite distribué aux investisseurs s’estimant lésés.

Rappelant que le mandat du séquestre est de « saisir, percevoir et recouvrer le plus grand nombre possible d’actifs de Dominic Lacroix et d’en redistribuer le produit aux investisseurs de PlexCoin », le groupe estime que les investisseurs, qui sont les principaux bénéficiaires de ces procédures, « devraient être dûment représentés devant la Cour ».

Or, souligne-t-il, il apparaît que l’identification des investisseurs et des transactions a été « difficile », et ce, d’autant plus que les transactions sont anonymes et que « le défendeur [Dominic Lacroix] n’a pas pleinement coopéré à la divulgation de l’information ».

DES DONNÉES « ESSENTIELLES » ONT ÉTÉ DÉTRUITES

Des milliers de personnes ont investi dans PlexCoin lors de sa prévente en août 2017 puis de son lancement officiel en octobre de la même année. Et le groupe rappelle que depuis l’ouverture de procédures au Québec, par l’Autorité des marchés financiers (AMF), et aux États-Unis, par la Securities and Exchange Commission, « plusieurs investisseurs ont suivi de près les différentes procédures et l’évolution du dossier ».

C’est le cas notamment de Skip Shapiro, un homme d’affaires de New Bedford (Massachusetts), qui est resté en constante communication avec les principaux intervenants dans cette affaire et a communiqué avec plusieurs groupes de discussion formés d’investisseurs pour les tenir au courant des progrès juridiques et leur demander leur opinion. C’est également le cas de Michael Isang, un homme d’affaires résidant au Nigéria, qui fait aujourd’hui office de porte-parole des investisseurs lésés.

À l’origine, peut-on lire dans la demande, le principal groupe d’investisseurs se composait d’environ 1 100 personnes, avant de tomber aujourd’hui à seulement 500, car « nombre d’entre eux ont soit perdu tout intérêt, soit simplement abandonné ». Or, Skip Shapiro et Michael Isang estiment que les investisseurs avec lesquels ils ne sont pas encore en contact pourraient représenter environ 20 % du total des investissements effectués dans la firme de Dominic Lacroix. Le problème, soulignent-ils, c’est que l’identification des personnes lésées est difficile, puisqu’il n’existe ni contrats, ni titres, ni liste officielle d’investisseurs.

Circonstance aggravante, selon Skip Shapiro et Michael Isang, des données essentielles à la gestion des stocks de monnaie virtuelle ont été détruits à la suite de la fermeture du site web plexcoin.com ordonnée par le Tribunal administratif des marchés financiers en juillet 2017. Et ce, « malgré les préoccupations alors soulevées par M. Skip Shapiro concernant la préservation d’informations précieuses, et malgré les assurances qu’il avait reçues que les données contenues dans ces sites seraient préservées », souligne le document. En effet, ces données comprenaient notamment le profil de chaque investisseur, le détail de leur portefeuille, la valeur estimative de leurs placements, ainsi que les dates et le montant des opérations réalisées.

AUDITION PROCHAINE SUR LE « PLAN DE DISTRIBUTION »

Compte tenu du nombre élevé d’investisseurs, le document note que la gestion de la communication avec eux nécessitera « des ressources considérables ». Le groupe ajoute qu’« un comité ad hoc et un conseiller juridique représentatif veilleront à ce que leurs intérêts soient communiqués au séquestre et à la Cour de la manière la plus efficace possible ».

Pour y parvenir, les personnes concernées ont récemment décidé de former un « comité ad hoc des investisseurs de PlexCoin » et de retenir les services de la firme d’avocats Lavery, De Billy, L.L.P. pour représenter leurs intérêts et défendre leur position devant la justice. Ce comité est composé de :

  • Skip Shapiro (États-Unis);
  • Michael lsang (Nigéria);
  • Rose Thomas (États-Unis);
  • Marx Hu (Malaisie);
  • Roehl Dumlao (Philippines);
  • Steve McQueen (États-Unis);
  • Frank D’Assisi (Canada);
  • Calvin Tewari (Pays-Bas);
  • Javier Puente (États-Unis).

La principale fonction du comité serait de consulter les investisseurs, de prendre position sur les questions en litige ayant une incidence sur leurs intérêts, d’assurer une communication efficace à tous les niveaux, y compris entre les investisseurs et le séquestre et la Cour, et de travailler avec le conseiller juridique représentatif afin de lui donner des directives en matière de défense et de négociation.

La demande rappelle au passage que, en vertu de l’ordonnance de la Cour supérieure rendue dans ce dossier, et dans le cadre du mandat de l’administrateur provisoire nommé, un « Plan de distribution » a été déposé le 4 novembre dernier. On y lit aussi que les investisseurs désirant faire des réclamations pourront assister à une audition de gestion sur ce plan le 22 novembre prochain au palais de justice de Québec. Pour mémoire, le plan détaille les conditions de réclamation, ainsi que le déroulement du processus, en plus de définir le rôle et les responsabilités de Raymond Chabot, nommé administrateur provisoire de PlexCoin.

La rédaction